Assemblée nationale : L’Academy of Design and Innovation pour répondre aux exigences du jour

Le Fashion and Design Institute (FDI) cède la place à l’Academy of Design and Innovation. Cette nouvelle institution est créée pour répondre aux exigences de l’économie et répondre aux défis qui se présentent dans le domaine du design. L’ancienne institution n’ayant jamais pu atteindre le seuil de rentabilité, les fonds publics lui ont permis de continuer sa route.

- Publicité -

Le ministre du Développement industriel, Sunil Bholah, a expliqué les raisons de la création de l’Academy of Design and Innovation lors des débats à l’Assemblée nationale. « Les fonctions du FDI ne sont plus en phase avec les besoins actuels et futurs de l’économie. Il est urgent que le FDI se réinvente afin d’être mieux équipé pour relever les défis émergents et soutenir l’économie en termes d’offre de main-d’œuvre qualifiée, de promotion de pratiques innovantes et d’adoption de technologies de pointe dans toutes les activités économiques. D’où la création de l’Academy of Design and Innovation », dit-il.

Pour le ministre, cette institution sera le fer de lance de l’excellence dans plusieurs domaines du design et insufflera un nouvel élan à l’industrie créative dans des domaines tels que le graphisme et le multimédia, le design intégré et l’architecture, les arts et l’artisanat, ainsi que la bijouterie. « Il est également prévu que cette académie contribue au développement des villes intelligentes », dit-il en ajoutant que « le design sera appelé à prendre une autre dimension grâce à un enseignement, une recherche et une innovation de plus grande qualité ».

Le ministre fait comprendre que la création de la nouvelle académie ouvrira également une fenêtre d’opportunités et attirera un plus grand nombre d’étudiants pour développer et affiner leurs compétences. Cette instance sera une plateforme dynamique de recherche et de design pour une nouvelle génération d’étudiants et d’entrepreneurs en herbe.

L’autre raison justifiant la création de la nouvelle académie est de renforcer sa viabilité financière. Sunil Bholah explique ainsi que depuis sa création, le FDI a été fortement dépendant des subventions du gouvernement, même si l’institut générait un certain nombre de revenus. « Toutefois, ces revenus étaient loin d’être suffisants pour permettre à cet institut d’atteindre le seuil de rentabilité, et celui-ci a donc dû continuer à dépendre des fonds publics. Le nouveau projet de loi permettra à la nouvelle institution d’être plus indépendante financièrement, notamment en ce qui concerne ses dépenses récurrentes », fait-il ressortir.

Pour améliorer les finances, il avance que la nouvelle académie a pour ambition de faire passer la population étudiante actuelle, d’environ 350, à quelque 1 500 étudiants d’ici 2026, y compris des étudiants de l’étranger. « Cette augmentation du nombre d’étudiants, associée à des services de conseil supplémentaires proposés par la nouvelle académie, permettra à cette dernière de générer davantage de revenus », dit-il.
Par ailleurs, dans le cadre de son nouveau mandat, elle mettra en place un User Research Design Development Centre avec la transformation du FDI Apparel Centre de Vallée-des-Prêtres. Depuis la création du FDI, plus de 2 000 étudiants ont été formés. L’employabilité des étudiants est de plus de 90%.

Le ministre Vikram Hurdoyal « Un pas vers le futur »

Le ministre de la Fonction Publique, Vikram Hurdoyal, dit que son bonheur est immense de pouvoir apporter sa contribution au débat de ce projet de loi. Il rappelle que ce dernier été présenté par son « bon ami », soit son colistier de la circonscription No 10, « tout comme vous, Monsieur le vice-président ».

« Nous sommes animés de cet esprit d’équipe. Je n’ai pas de doute que ce gouvernement va aplanir les obstacles les plus tenaces et atteindre les objectifs fixes afin d’assurer un meilleur avenir pour notre population et redonner l’espoir à nos jeunes », déclare-t-il.
Ce projet de loi, dit-il, est un pas vers le futur de la jeune génération. À la veille de la quatrième révolution industrielle, l’économie globale sera dirigée par la technologie, la créativité, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, la robotique, l’Internet des objets et l’impression en 3D, poursuit-il. « Ces changements auront définitivement un grand impact sur le savoir-faire et l’emploi. De nouveaux jobs, qui n’existent pas aujourd’hui, seront créés en raison de l’automatisation et des produits créatifs et des services » , avance-t-il.

« L’intelligence artificielle et l’automatisation vont prendre de l’ampleur. L’industrie de la création ne sera pas insensible à cette vague de changements, et le rôle du gouvernement est de créer the right eco-system pour nos jeunes, afin qu’ils puissent s’équiper pour prendre de l’emploi dans ce secteur », fait-il ressortir. La stratégie du gouvernement est de mettre l’innovation au centre du développement .

« En 2015, un ministère dédié à l’innovation a été créé pour la première fois. Ce projet de loi est en ligne avec cette approche. La nouvelle académie ne va pas simplement promouvoir l’excellence dans la filière de la technologie et du design, mais aussi les multimédias, la bijouterie, l’art et l’artisanat », rappelle-t-il.

La PPS Teenah Jutton « Les droits des employés seront pris en compte »

La Parliamentary Private Secretary (PPS) Teenah Jutton a affirmé que les droits des employés du Fashion and Design Institute seront pris en considération dans la création de la nouvelle académie.

Parlant de ce projet de loi, elle affirme que les jeunes vont certainement s’intéresser aux produits vintages dans leur création. « Beaucoup de nos jeunes ont eu également l’occasion de se rendre à la Dubaï Expo pour exposer leurs œuvres » , dit-elle.

« Le député Arvin Boolell disait un peu plus tôt : What’s in a name?, Honorable Boolell was questioning earlier what’s in a name ? Of course not Johnny Walker ! » a-t-elle ironisé. La filière de la technologie et du design est en train de changer rapidement, explique-t-elle, « et c’est pourquoi il faut un modèle éducatif qui réponde à la demande du marché ».

« Ce projet de loi va encourager les jeunes créateurs à devenir des successful design practitioners, des creative leaders et des design entrepreneurs. Pour s’assurer que les étudiants se lancent dans l’innovation et la créativité, cette académie organisera des visites dans les entreprises afin d’interagir avec les travailleurs et les fabricants des produits artisanaux », note-t-elle. Les étudiants auront aussi l’occasion de participer à des compétitions locales et internationales.

Elle dit enfin apprécier que cette académie collaborera avec des institutions locales et internationales dans le cadre de programmes d’échanges.


Arianne Navarre-Marie (MMM) « Les employés ont-ils été consultés ?

Arianne-Navarre Marie rappelle que ce projet de loi a pour objectif de créer une académie de design et d’innovation. « Elle vise à créer l’excellence dans les domaines autres que la mode et de design. Ce sera un organisme qui offrira des diplômes », reconnaît-elle.
Au moment de la présentation des amendements de 2008, explique-t-elle, le ministre d’alors avait avancé trois raisons : octroyer un diplôme, promouvoir la crédibilité et renforcer les structures de cette institution, rappelle-t-elle. « Mais qu’en est-il de la durabilité de l’Institute of Fashion and Design ? En 2019, une centaine d’étudiants du FDI de la cuvée 2017-2019 avait terminé ses cours depuis juin. La remise des diplômes aurait dû se faire en octobre, mais en décembre, leur diplôme ne leur avait toujours pas été octroyé », se demande-t-elle.

Ces cours coûtent les yeux de la tête, car beaucoup ont des difficultés de trouver les Rs 300 000 nécessaires, et certains ont dû travailler sans relâche pendant trois ans. Elle poursuit : « si pour certains, ce diplôme était le seul moyen de trouver un travail, d’autres l’attendaient pour poursuivre leurs études, et ils n’avaient pas accès à l’information. Les étudiants ne savaient où donner de la tête. Ils ont eu tout simplement un papier pour attester qu’ils étaient les élèves de l’institut. » Pendant des mois, dit-elle, ils ont alors cherché des explications.

« Toutes les démarches qu’ils ont entreprises pour trouver un emploi sont tombées à l’eau faute d’attestation de leurs notes finales », regrette-t-elle.
En ce qui concerne la composition du conseil d’administration, mention est faite pour la nomination de six membres. Trois seront issus du secteur manufacturier et un provient des associations des industries. « Comment les deux autres seront nommés ? » demande-t-elle. « Le MES fera partie du conseil d’administration. C’est une bonne chose, mais récemment, la crédibilité de cet organisme en a pris un sale coup avec le fait qu’une personne non autorisée ait pu avoir accès aux papiers d’examens. Il faut que le MES se refasse une virginité et revoie tout son protocole concernant les examens » , déclare-t-elle.
Arianne Navarre-Marie indique que lors de son intervention en 2013, « le député Steven Obeegadoo avait exprimé des craintes à l’effet que ce projet était l’occasion de créer des jobs for the boys and girls, et il ne croyait pas si bien dire ». Elle développe : « En effet, en 2018, une personne a été nommée à la tête de l’institut et a été au cœur d’une controverse. On parlait même de traitement de faveur et de recrutement fait en catimini. Cette personne a ensuite démissionné et dans les milieux de l’institut, on parlait de manque de transparence. »
L’intervenante a aussi demandé si les employés ont été consultés avant la présentation de ce projet de loi. « Ils sont inquiets, car il pourrait y avoir des changements dans les terms and conditions des employés du FDI », note-t-elle.


Soobersingh Dhunoo (Deputy Chief Whip) « Ce projet va influencer le marché local »

Le Deputy Chief Government Whip, Soobeersingh Dhunoo, a estimé que le Fashion and Design Institute a fait ses preuves jusqu’ici. « Certains de ses étudiants ont lancé leur propre business, alors que d’autres se sont fait employer dans des compagnies de renom aux États-Unis et en Australie » , revèle-t-il.

La création d’une académie, selon lui, « va définitivement contribuer à aider le design à accéder à un nouveau palier ». Elle sera donc une première dans cette partie du monde. « On ne peut continuer sur la même lancée. Il faut des infrastructures modernes. C’est pourquoi il faut innover. Il faut réinventer nos services et nos produits manufacturiers pour se positionner en Afrique », pense-t-il.

« Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, croit dans les jeunes », poursuit-il, tout en citant le fait que « le gouverneur de la Banque de Maurice a moins de 40 ans. Le CEO de la SBM est âgé de moins de 40 ans. Le CEO de Rose-Belle Sugar Estate à moins 25 ans. » D’où sa question : « Pourquoi ne pas songer à créer des Chartered Designers à Maurice. Beaucoup a été dit sur la Dubai Saga. Certains ont même parlé de la Dubai Expo 2020. Il faut savoir que la compétition dans ce secteur est féroce et que l’on doit innover. »

Il affirme qu’en sa capacité d’ancien membre de l’Africa of Excellence du Board of Investment, il a eu l’occasion de visiter plusieurs pays africains. Ainsi a-t-il été plus particulièrement surpris par la qualité des produits au Ghana. « Beaucoup d’étudiants africains viennent à Maurice pour apprendre, car le pays dispose de l’expertise nécessaire pour travailler dans le secteur du textile », dit-il.

« Ce projet permettra de vendre l’expertise mauricienne sur le marché africain. La mise sur pied de cette académie va aussi aider plusieurs secteurs à accéder à un nouveau palier, car d’importants développements s’opèrent actuellement dans plusieurs secteurs, notamment l’économie bleue, la construction, les technologies de l’informatique, l’agriculture, etc. Ce projet de loi influencera le marché local pour se positionner sur le marché africain », conclut-il.


Ashley Ittoo, backbencher du GM « En 2022 l’achat se fait avec les yeux »

Ashley Ittoo est d’avis que ce projet de loi vise à aider les jeunes et les aspirants graphistes à devenir plus compétitifs et performants. « Avec l’avènement de la technologie, le monde est devenu un village global avec le commerce. La technologie a changé et continue d’influencer les industries. Il faut donc aider les jeunes à s’épanouir dans divers secteurs, dont le design. D’autant que depuis quelque temps, les cahiers des usines de textiles sont remplis » , déclare-t-il/

Confectionner des produits n’est qu’une étape, dit-il, « mais il faut savoir que ce que nous produisons est attrayant, branché et tout simplement différent ». Il fait comprendre que : « cette différence s’acquiert au niveau du design de la conception. Dans le commerce, en 2022, l’achat se fait avec les yeux. »

Et de rappeler que Maurice a été classée première en Afrique au Global Innovation Index de 2021 et 52e sur 132 pays. « C’est certainement très honorable, mais on peut faire mieux, et on doit faire mieux. En analysant ce rapport, on peut noter que ce résultat est surtout dû à notre cadre régulateur, notre “ease of doing business”, notre stabilité politique », a-t-il fait ressortir. Par contre, « là où est notre faiblesse, c’est à l’item Business Sophistication».
« Je suis d’avis que l’institution de l’académie va certainement, dans un proche avenir, nous aider à améliorer notre score dans le Global Innovation Index », dit-il, citant en comparaison, dans cette même liste, le cas de la Suisse, qui se trouve à la première place depuis ces neuf dernières années. « La question que l’on se pose est de savoir comment un pays avec moins de 9 millions d’habitants arrive à se démarquer comme le pays le plus innovant devant des superpuissances comme les États-Unis, La France ou encore la Chine », a-t-il déclaré.

« La Suisse, comme Maurice, a un environnement socio-économique stable et a historiquement adopté une politique de neutralité et une politique de porte ouverte pour attirer les meilleurs talents. Le secret se trouve entre les industries et les institutions académiques. De nouveaux produits innovants sont développés par de jeunes étudiants encadrés de professionnels de l’industrie, et l’État donne tout son support aux entrepreneurs pour rentabiliser les produits qui ont une valeur commerciale », explique-t-il. Avant de conclure : « C’est là où nous devons concentrer nos efforts, et l’académie sera un outil indispensable dans cette démarche ! »

Arvin Boolell du PTr « Quel soutien donne-t-on aux designers pour des défilés ?

Quoique certaines mesures de l’Academy of Design and Innovative Bill ont été appréciées par le député de l’opposition Arvin Boolell, ce dernier déplore toutefois que les artistes, à Maurice, ne soient pas bien encadrés. Intervenant après le ministre du Développement industriel, Arvin Boolell pose ainsi la question sur l’organisation des défilés de mode. « Quel soutien donne-t-on aux designers pour qu’ils puissent organiser des défilés ? » se demande-t-il, tout en disant regretter que les artistes « n’aient pas de place pour pouvoir exposer leurs produits ».

Arvin Boolell est d’avis que l’institution a aussi la responsabilité de faire croître la valeur des produits et de laisser les jeunes devenir des innovateurs. Pour lui, « il n’est pas nécessaire de changer d’appellation » si la prestation de la nouvelle institution n’est pas excellente. Aussi espère-t-il que « ceux qui opèrent dans le secteur travaillent pour son avancement ».

Cette nouvelle institution, dit-il, « doit avoir une culture artistique » et répondre aux sujets pertinents. De plus, il souligne l’importance d’avoir des chargés de cours de haut niveau pour dispenser les cours.

Arvin Boolell fait également ressortir que le secteur du design est hautement compétitif. Citant le sous-secteur de la bijouterie, il avance ainsi que la main-d’œuvre vieillit, et qu’il faut avoir en avoir une relève. Par ailleurs, il soutient qu’il est aussi important que les marques soient protégées et que l’on lutte contre la contrefaçon.

Au niveau de la recherche, il demande que les fonds soient alloués équitablement. L’occasion pour lui de lancer des piques contre la direction du Mauritius Research and Innovation Council, soutenant ainsi que les recherches « n’y sont pas financées équitablement ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -