Rajen Narsinghen : « Qui a commandité le Survey ? Le PM de Maurice ou celui de l’Inde ? »

« Sherry Singh confirme que le Premier ministre lui a donné des instructions pour les câbles SAFE. Il faut comprendre les aspects techniques. Le citoyen lambda risque de se perdre. Baie-de-Jacotet est une “landing station” ultrasensible et un “restricted area”. Or, en vertu de l’Official Secrets Act, personne n’a le droit d’avoir accès aux informations secrètes de notre pays et les divulguer à une tierce partie.

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Sur le plan international et diplomatique, il est interdit de faire une telle chose. Les pays opérateurs dans le consortium qui gèrent ces câbles peuvent poursuivre Maurice si l’affaire est prouvée. On enfreindrait aussi les traités de l’International Communication Union potentiellement. D’après l’accord du consortium, il faut une autorisation d’au moins 14 jours avant de lasser une tierce partie avoir accès. Donner une instruction pour une intervention technique ou calibrage, à l’insu des autres partenaires, est une faute grave. Autre chose grave : ce n’est pas une demande officielle pour un “survey”. Pourquoi passer par voie téléphonique ?

Le Premier ministre et son entourage avaient nié toute implication dans un premier temps. Puis, ils ont changé de langage pour confirmer pour la conversation et pour un “survey”. Pourquoi un “survey” ? Est-ce que nos ingénieurs ou Alcatel ou Orange France ne pouvaient pas le faire ? Qui a commandité ce “survey” ? Le Premier ministre de Maurice ou le Premier ministre Indien ? Pas clair. Donner accès à un “restricted area” sans suivre les procédures est une faute. C’est aussi une faute sur le plan du droit international et contractuel.
Les dires du Premier ministre au Parlement corroborent les points de Sherry Singh. Jouer avec les mots comme Shakespeare, c’est-à-dire un “survey” et non “sniffing” ne va pas convaincre grand monde. Le PM doit apporter des preuves pour contrer les faits et chronologies de Sherry Singh. Ce dernier a les images (footage) et les appareils laissent des traces et sa narration est précise. Traîner un Premier ministre étranger, surtout de l’Inde, dans cette boue n’est pas très intelligent.

Sherry Singh pourrait aussi être coupable de trahison, enfreignant les articles 57 et 72 du code pénal et les dispositions de la Data Protection Act et l’ICT Act et l’article 109 du Supplementary Criminal Code et l’Official Secrets Act. Mais, il a une défense en béton, il a agi sous contrainte (duress) ou sous l’ordre d’une autorité supérieure.

Au final, même si le délit n’est pas consommé, il y a un risque de poursuite contre les deux protagonistes. Mais, au bout du compte, on doit apporter des preuves. Attention aux manipulations de preuves ! On risque de rester sur notre faim, sachant que la police est incapable de mener une enquête contre un PM. Même après l’enquête, la lenteur de notre judiciaire et les méandres des procédures et les tactiques dilatoires de certains risquent d’escamoter les vrais faits. »

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