Économie : la tonne de sucre fixée à Rs 16 765 ex-Syndicat

Le prix du sucre ex-Syndicat des Sucres a été finalisé en ce début de semaine à Rs 16 765 la tonne pour la coupe 2021. Un chiffre en nette progression par rapport à la précédente récolte, qui était de Rs 14 062. De quoi soulager les planteurs et producteurs de sucre. Pour la récolte 2018, le prix avait dégringolé à Rs 8 800 la tonne, puis avait enregistré une remontée à Rs 11 384 la tonne en 2019.

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« Le prix ex-Syndicat s’est amélioré de 20% comparé à la campagne 2020. Cela représente une hausse encourageante, mais nous devons rester prudents car les prix des intrants sont en hausse, notamment celui du fret et des engrais, ainsi que du diesel », explique Devesh Dukhira, Chief Executive Officer (CEO) du Syndicat des Sucres. La hausse de 20% du prix pour la récolte 2021 s’explique par des prix de vente améliorés et des conditions de marché meilleures en général. « Le prix moyen sur le marché mondial s’est amélioré de quelque 15% en 2021/22 comparé à l’année précédente et sur le marché européen, les prix moyens ont augmenté de 10% », poursuit-il.

La hausse de prix ex-Syndicat est également à mettre sur le compte d’une stratégie commerciale pointue avec la promotion tous azimuts des sucres spéciaux mauriciens, des produits à plus forte valeur ajoutée qui « apportent plus de revenus à la caisse commune », dit-il, contribuant ainsi à l’augmentation du prix ex-Syndicat. Le prix moyen de vente des sucres spéciaux étant plus élevé, le prix moyen à la tonne s’améliore.

Pour la campagne 2021, environ 155 000 tonnes de sucres spéciaux ont été commercialisées, soit quelque 8% de plus que pour la campagne précédente, une tendance positive amorcée depuis 2020 qui avait aussi enregistré une hausse de 8%. La base de clients pour les sucres spéciaux mauriciens s’est consolidée et s’est élargie ces dernières années.

De clients de renommée internationale s’approvisionnent en sucres spéciaux auprès de Maurice, parmi lesquels on peut citer Billington, Crystalco et Sudzucker. Il y a deux semaines, un autre client pour les sucres spéciaux était d’ailleurs en visite à Maurice : le groupe Sugat de l’Israël. Sugat est un client fidèle qui achète le sucre mauricien depuis plus de 30 ans et qui contrôle 80% à 90% de parts de marché des sucres spéciaux en Israël. Ce groupe israélien était de passage à Maurice, notamment pour considérer d’autres opportunités commerciales dans le domaine sucrier.

Il faut rappeler que l’Accord de libre-échange signé par Maurice avec la Chine en 2019, offre des facilités pour l’entrée de 50 000 tonnes de sucre en Chine ; et cet accord contribue également à faire augmenter la vente de sucres spéciaux mauriciens. À ce stade, 50% des sucres spéciaux mauriciens sont exportés vers l’Europe, dans une vingtaine de pays. Quelque 12 000 tonnes sont acheminées vers les États-Unis. Le reste est exporté vers d’autres marchés de l’Europe de l’Est, du Moyen-Orient, d’Asie du Sud-est, de Chine, Singapour, Kenya et Afrique du Sud notamment.

Après le prix de Rs 16 765 finalisé pour la coupe 2021, de meilleurs prix sont attendus pour la campagne 2022, même si rien n’est acquis à ce stade, mais le Syndicat a commencé à vendre son sucre et Devesh Dukhira estime que les prix du marché seront « plus élevés » surtout pour le marché européen.
Toutefois, le Syndicat des Sucres affiche la prudence, le sucre étant une commodité agricole dont les prix fluctuent en fonction de multiples facteurs et il faut s’attendre à ce que les prix puissent baisser à nouveau.

Pour mitiger une éventuelle baisse de prix sur le marché mondial, l’amélioration du prix de la bagasse reste un élément clé, de même qu’une stratégie commerciale rodée qui permet de trouver les marchés les plus rémunérateurs pour le sucre mauricien. Par ailleurs, soulignons que le secteur sucrier dans son ensemble a les yeux rivés sur le prochain Finance Act. Le projet d’amendement à la Mauritius Cane Industry Authority Act, annoncé dans le dernier budget a soulevé une levée de boucliers dans les milieux sucriers, avec la possibilité d’autoriser d’autres organismes approuvés par la Mauritius Cane Industry Authority de promouvoir et commercialiser le sucre mauricien.

Ce projet d’amendement lourd de conséquences pour le secteur cannier a été présenté sans consultations préalables avec les opérateurs.  Salil Roy, président de la Planters Reform Association, avait fait état de son étonnement face à cette mesure: « je suis choqué et surpris par ce projet d’amendement concernant le Syndicat des Sucres. Je n’y vois aucun avantage pour les stakeholders, ni pour la communauté des planteurs. » Il estime que  pour les acheteurs du sucre mauricien, il est plus facile de négocier avec une seule institution, « et cela représente aussi une économie d’échelle à cause de la masse du sucre qui est vendue, donc le ‘unit cost of marketing’ est plus bas. »

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