Tourisme : course contre la montre derrière les Seychelles et les Maldives

La MTPA mise sur un Bouncing Back du tourisme d’Afrique du Sud avec un appoint venant du marché de La Réunion et de l’Inde   MCB Focus met en exergue les contraintes sur le plan de l’accès aérien et les “testing conditions” sur les principaux marchés pour Maurice   Un écart de plus d’un point entre les dernières prévisions de croissance du MCBGroup, ramené à 6% et celles des 7,2% de Statistics Mauritius

À l’entame du second semestre de cette année et l’élimination des dernières restrictions sanitaires imposées depuis ces 27 derniers mois, en vue de lutter contre la propagation du virus du Covid-19, l’attention reste braquée sur la performance du tourisme.

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D’ailleurs, avec la 3e rencontre demain du Public-Private Sector Joint Committee, sous la présidence du Grand Argentier, Renganaden Padayachy fraîchement auréolé de son titre de Best African Minister of Finance de cette année, les dernières tendances et prévisions dans ce secteur économique devront être à l’ordre du jour avec le leitmotiv du Target d’un million de touristes pour cette année. Toutefois, le fait inéluctable demeure que Maurice se retrouve avec du retard à rattraper sur ses deux plus sérieux conncurrents du bassin de l’océan Indien : les Maldives et les Seychelles, qui sont sur le point de rétablir leurs performaces pré-pandémiques respectives.

Avec l’objectif d’un million de visiteurs annoncé d’ici décembre, l’Hôtel du gouvernement, en particulier le ministre des Finances, mise sur un retour à une croissance économique robuste, soit les 7,2% de la dernière édition des National Estimates de Statistics Mauritius. Toutefois, le MCB Group, avec la dernière livraison de MCB Focus en date de vendredi, est venu remettre les pendules à l’heure avec une révision à la baisse de 20 points de ses précédentes prévisions d’avril pour rajuster le taux à 6% cette année et à 5,5% pour 2023.

Dans l’immédiat, les chiffres du tourisme demeurent au premier plan des préoccupations. Les dernières analyses de Statistics Mauritius soulignent qu’avec le million de touristes, cette année, contre 179,780 l’année dernière, un bond sectoriel de 206% est prévisible, soit de loin le plus robuste tremplin pour l’économie. Ainsi, à titre de comparaison:

l le secteur manufacturier devrait afficher une progression de 3% cette année, contre 6,8% l’année dernière avec la filière des Export Oriented Enterprises (EOE), progressant de 1,2% contre les 5,9%, l’année dernière

l la construction en nette perte de vitesse avec une croissance nominale de 1,1% contre 22,7% en 2021 avec la fin des plus importants chantiers publics, dont le Metro-Express, le programme de décongestion routière, les projets de drains, la construction de l’hôpital de Flacq et de Cruise Terminal Building et le Data Technology Park à Côte d’Or, de même qu’un essouflement dans les investissements du privé,

l une régression dans la consommation, passant de 4,1% en 2021 à 1,6%, cette année

l l’information et la communication avec une croissance réduite à 4% contre 7,1% en 2021, ou encore

l les activités dans les finances et les assurances affichant un taux de 3,4% contre 4,6%, l’année dernière.

Explicitant sa décision de revoir le taux de croissance à la baisse à 6%, le MCB Group prend le soin de souligner que “this ultimate estimate is in line with the latest IMF projection”. Le Chief Strategy Officer du MCB Group, Gilbert Gnany, tout en reconnaissant le poids du tourisme dans la relance post-pandémique, met l’accent sur le retard accumulé par Maurice par rapport aux Maldives et aux Seychelles.

D’abord, Maurice se retrouve avec un retard de 16 mois par rapport aux Maldives et de 8 mois aux Seychelles en matière de réouverure des frontières et de l’accueil des touristes. De ce fait, à la fin de juin, avec un peu plus de 500,000 visiteurs pour les premiers 6 mois, Maurice n’a pu recouvrer que 58% de son potentiel de visiteurs et de 60% en terme de recettes touristiques brutes de l’ordre de 289 millions (M) de dollars, soit un peu plus de Rs 13 milliards (MD) au taux de change du jour, par rapport à 2019, soit avant l’avènement de la pandémie du Covid-19

Par contre, le secteur du tourisme dans l’archipel des Maldives et des Seychelles a déjà le vent en poupe. Au cours du premier semestre de cette année, l’archipel des Maldives était sur le point de rattraper tout retard sur le nombre de visiteurs, déjà à 94% de son niveau de 2019, alors que pour les recettes touristiques, avec 1,4 MD de dollars (Rs 63 MD), le tourisme des Maldives a nettement repris des couleurs. Ces dernières données représentent 136% des revenus de 2019.

En terme de pourcentage, les Seychelles, ayant adopté une politique d’Increased Liberalisation of Air Access de même qu’une offensive avec le Seychelles Sustainable Tourism Label, sur l’Arabie saoudite, Israël et les pays baltiques, font aussi bien que les Maldives et nettement mieux que Maurice.

MCB Focus avance que la performance des Maldives et des Seychelles s’explique par les retombées d’une politique de diversification des marchés, alors que l’industrie touristique de Maurice doit conjuguer avec des “air connectivity constraints as well as the testing conditions in some of our key markets”. Les dernières statistiques indiquent que les cinq principaux marchés ont fourni 67% des touristes, soit la France 26,8%, la Grande-Bretagne 15,1%, l’Afrique du Sud 10,7%, l’Allemagne 10,1% et La Réunion 4,1%.

Par contre, la Mauritiius Tourism Promotion Authority (MTPA) se félicite du fait que la période de janvier à mai de cette année a vu une reprise positive sur le marché d’Afrique du Sud, en dépit des alertes aux varaints de l’Omicron du Covid-19. 33,601 touristes d’Afrique du Sud ont séjourné à Maurice au cours de cette période contre 41,811 en 2019.`

Commentant cette performance, Arvind Bundhun, directeur de la MTPA, déclare à la presse spécialisée en Afrique du Sud que “the pent-up desire from South Africans to travel to Mauritius is stronger than ever. Compared to the 2019 figure of 41,811 for the same period, this is an extremely positive bounce-back.” Les chiffres enregistrés pour les mois d’avril et de mai derniers, la MTPA avance qu’ils sont en progression comparativement à 2019, laissant voir que le Bouncing Back devrait également se faire sentir d’ici décembre prochain, donnant du relief à la croissance de ce secteur.

“This is a strong signal that the destination is recovering and the remainder of the year should see further growth. We expect this positive and upward trend to continue through the year and into 2023. We continue to work hard to promote this destination to our key markets globally, of which South Africa is a very important one”, soutient encore le directeur de la MTPA.

La destination touristique de Maurice a tiré profit d’une visibilité accrue sur le marché sud-africain avec la diffusion des Secret Mauritius series featuring 20 off-the-beaten-track locations on the island, sous forme de galeries de photos signées Paul Choy, de même que le déplacement à Maurice du populaire présentateur et acteur de télévision, Jonathan Boynton-Lee pour les besoins de tournage de vdéos pour YouTube dans cette même série Secret Mauritius.

Sur le marché cible d’Afrique du Sud, Maurice a un doube objectif : attirer un nombre de plus en plus croissant de visiteurs mais aussi, avec le programme Premium Visa – Live Work Play Concept, convaincre les Sud-Africains à venir s’installer et investir à Maurice.

Outre La Réunion, dont le potentiel de visiteurs est non-négligable et avec des ripple effects dans différentes sphères économiques à Maurice, la MTPA, sous le programme Relaunching Tourism as One Mauritius’ Strategy, part à la conquête du marché touristique de l’Inde avec le slogan Where Else but Mauritius, ou encore dans les pays du Golfe.

Cet acte de foi dans le tourisme mauricien est réitéré par les opérateurs de ce secteur, petits aussi bien que grands dans la conjoncture. À l’instar de Gilbert Espitalier-Noël, Chief Executive Officer du groupe Beachcomber, qui avec le Mot du CEO dans le dernier numéro de MyBeachcomber News, fait état du fait que “je suis confiant que l’année 2022/23 sera celle d’un retour du groupe à la profitabilité durable, condition importante afin que nous puissions continuer à investir dans la modernisation de nos hôtels et dans la formation et le bien-être de nos équipes”.

Auparavant, commentant la reprise dans le tourisme avec la réouverture des frontières en octobre 2021, Gilbert Espitalier-Noël note que “nous avons retrouvé un bon rythme, avec une reprise des réservations, une forte demande pour les 5-étoiles et de très bons taux d’occupation pour le mois d’avril”. Il se dit confiant qu’avec “un effort constant et un travail soutenu en équipe, nous maintiendrons le cap et continueirons à rattraper ces 18 mois d’arrêt quasi-total”.

De son côté, sur un plan général, MCB Focus prévoit que le taux de croissance pour 2023, soit l’année pré-électorale, devrait être de l’ordre de 5,5% “with the country returning close to its pre-pandemic level in real terms by year-end”. Gilbert Gnany rappelle que “activity levels should be driven by the continued reconvery in the tourism sector, although arrivals would remain slightly below the 2019 levels.”

En conclusion, le MCB Group souligne que “moving forward, the domestic economy is expected to converge to its current potential growth rate of around 3,5% over the medium term, with the latter estimated to have dropped in the absence of structural reforms from its correspondoing rate of 4,2% a decade ago”.

Inflation — L’accalmie de juin avant la flambée de juillet

Ce mois de juillet sera déterminant en terme de poussée inflationniste. Personne ne peut nier ce fait devant la hausse vertigineuse des prix de vente au détail non seulement des commodités de première nécessité avec l’élimination des Covid-19 Subsidies, mais aussi de toute une gamme de produits alimentaires. En tout cas, depuis le 1er juillet, le pouvoir d’achat des ménages prend un véritable coup de massue alors que l’allocation de Rs 1,000, annoncée par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, dans son 3e budget, ne sera versée qu’à la fin de ce mois par la Mauritius Revenue Authority (MRA).

Si, du côté de la Banque de Maurice, l’on persiste et signe avec un Single Digit Inflation Rate pour cette année, soit 8,6%, les indications sont qu’à la fin de décembre, il faudra aller chercher un taux dans les deux chiffres de manière définitive, avec des estimations allant jusqu’à 15%, compte tenu de la tendance enregstrée et des incertitudes entourant le cours mondial du baril de pétrole. MCB Focus prévoit que “the annual average headline inflation is expected to rise further to attain 10,2% level as at December 2022”.

Pour les derniers six mois, Statistics Maurtitius révèle que “year-on-year (Y-o-Y) inflation worked out to 9,6% in June 2022, compared to 5,9% in June 2021. Headline inflation for the 12-months ending June 2022 worked out to 8%, compared to 2,2% for the 12-months ending June 2021”, soit que la tendance est à la hausse de manière définitive, même si l’indice du coût de la vie n’a augmenté que de 0,5 point, de mai à juin de cette année.

Pour le mois de juin, l’indice du coût de la vie a bénéficié d’un coup de pouce avec la baisse de l’ordre de 1,4 point des prix des légumes frais après un début d’année marqué par des conditions météorologiques des plus difficiles pour les cultures vivrières. À part les légumes, tous les autres items du panier de la ménagère ont subi des hausses, poussant l’indice de 0,5 point seulement.

La queue de la tempête

“La situation à la fin de juin constitue une accalmie. C’est un peu comme si l’œil du cyclone nous traversait avec un calme apparent. Mais la queue de la tempête de l’inflation se fait sentir dans les rayons des supermarchés depuis le 1er juillet et les prix continuent à être majorés à tour de bras. Le refrain sera confirmé dans le prochain bulletin mensuel de Statistics Mauritius consacré à l’indice du coût de la vie à la fin du mois. Y aura-t-il encore les prix des légumes pour atténuer cette déflagration ?”, se demande un spécialiste en matière de prévisions économiques.

Abordant le volet du pouvor d’achat, le MCB Group relève que “on the domestic front, despite the fall in vegetable prices lately and successive Forex interventions by the Bank of Mauritius seeking to support the rupee, the Consumer Price Index (CPI) has remained under pressure.” Tenant en ligne de compte les majorations des prix des produits alimentaires et pétroliers et les rajustements à la hausse des Excise Duties sur la cigarette et les boissons alcoolisées, le MCB Group concède que “against this backdrop, the annual average headline inflation has sustained its uptrend to stand at 8.0%. Year-on-year inflation attained 9.6% in June while core measures of inflation – which exclude prices of highly volatile items such as food, gas and other fuels, and constitute a more reliable indicator of whether inflationary pressures are broad-based and permanent – also sustained their upward path.”

Le Chief Strategy Officer du MCB Group, Gilbert Gnany, avance que ces prévisions de 10,2% pour 2022 constituent “an upward revision from our April forecast, largely attributable to the impact of continued pressures on the rupee and the increase in prices of selected essential products following the revocation of the Consumer Protection (Maximum Price of Essential Goods) Regulations 2021.”

À l’étranger – Scène politique —Des Mauriciens affichent leurs ambitions

Des Mauriciens de souche, installés depuis de longues années à l’étranger, font parler d’eux au plus haut niveau de l’échiquier politique dans leurs pays d’adoption. C’est le cas de Ralph Babet, 39 ans, parti avec ses parents pour émigrer en Australie à l’âge de 7 ans, devenu l’unique sénateur du United Australia Party du magnat des mines Clive Palmer. Ou encore, le cas de Suella Braverman, actuelle Attorney General en Grande-Bretagne, née de mère mauricienne, qui a signifié son intention de se jeter dans la bataille pour succéder à Boris Johnson au poste de Premier ministre et devenir locataire au No 10 Downing Street, après Margaret Thatcher et Theresa May.

Ralph Babet, le nouveau sénateur représentant l’État de Victoria, avec la présence d’une importante communuauté de Mauriciens en Australie, a déjà décliné son agenda politique. Dans une déclaration à la presse australienne, il fait comprendre qu’il se battra en faveur d’un “Bill of Rights and stronger privacy laws.” D’emblée, il surprendra plus d’un en affirmant qu’il sera un One-Term Member, tout en se disant en faveur d’un maximum de deux termes. “After two terms, what’s going to happen? You’re going to become stale, you’re going to become disconnected”, soutient Ralph Babet dans des déclarations aux quotidiens australiens The Age et The Sydney Morning Herald.

Commentant son action politique en tant que sénateur, ce Mauricien de naissance, qui a pris la nationalité australienne, maintient que “we need a Bill of Rights which encompasses all of those things to protect us, not only from foreign tech giants, but to stop governments restricting the ability to assemble in public, the ability to freely move around your country without being stopped for any reason at all.”

Un Anti-Vax convaincu

Ralph Babet, qui vit dans le sud-est de Melbourne, est un Anti-Vax convaincu comme le leader de son parti, Clive Palmer, un homme d’affaires, crédité d’une fortune de 100 millions de dollars. Ce dernier s’était fait remarquer lors de la pandémie de Covid-19 en contestant de façon véhémente les mesures de restrictions sanitaires adoptées par le PM de l’État de l’Australie occidentale, Mark McGowan.

De son côté, le nouveau sénateur mauricien de naissance, qui avait un penchant pour les Verts-Environnement australiens, avait participé en première ligne aux protestations devant le Parlement de l’État de Victoria, en vue de bloquer les Covid-19 legislation and mandates. Ce mouvement avait attiré des critiques en raison de la nature virulente de la démarche, surtout au plus fort de la pandémie. “I was out there on the steps of Parliament house, non-stop for a couple of weeks in a row. Every single night”, déclare-t-il catégoriquement.

Le sénateur de l’United Australia Party se montre des plus critiques à l’encontre de l’Establishment politique australien, malmenant au passage le nouveau PM australien, Anthony Albanese, qu’il qualifie de pigeon voyageur depuis son élection. Il égratigne également le PM de l’État de Victoria, Daniel Andrews. “If he was the CEO of any business, he would have been sacked. He needs to go”, fait-il comprendre sans ambages à la presse nationale australienne.

Une mauricienne de sang

Par contre, la connexion avec Maurice de Suella Braverman est davantage dans le sang qu’autre chose. De mère mauricienne, l’actuelle Attorney General du gouvernement est née à Goa en Inde.

Son père est de nationalité kenyane. Âgée de 42 ans, elle a étudié à Cambridge et est également détentrice d’une maîtrise en droit européen et français de l’uniersité Panthéon-Sorbonne. Suella Braverman, qui s’est engagée en politique en 2005, croit en ses chances de succéder à Boris Johnson en tant que Premier ministre. Elle a été parmi l’une des premières voix au sein du gouvernement britannique à réclamer la démission de Boris Johnson lors de la crise politique de la semaine écoulée avec le nom de Maurice cité par ricochet dans la presse internationale.

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