Straconsult a présenté hier les résultats d’un sondage réalisé pour le compte d’Afrobarometer consacré à la corruption à Maurice. La majorité des Mauriciens se disent insatisfaits de la performance du gouvernement et sont méfiants par rapport à la classe politique. Ainsi, une des principales conclusions est que 59% des Mauriciens expriment « juste un peu de confiance » ou pas de confiance du tout dans les institutions politiques et les dirigeants du pays.
« Je réalise que je ne suis pas très heureux de présenter le résultat de ce sondage dans un contexte que je qualifie de sombre pour notre pays », déclare Amédée Darga dans son préambule, avant de présenter les résultats du sondage. « Nous sommes dans une situation où l’élément fondamental qui fait qu’une société puisse vivre, c’est-à-dire la confiance, se perd de plus en plus », constate-t-il.
Il déplore que les institutions soient sous influence et ne fonctionnent pas. Ensuite, il y a la question de l’impunité. « Ceux qui font des travers ne payent pas pour les travers qu’ils font. » Il constate également que contrairement à la Grande-Bretagne, où Boris Johnson a été forcé par son parti à quitter le leadership, et finalement à démissionner comme Premier ministre, une telle démarche est pratiquement impossible à Maurice.
« Malheureusement, nous sommes encore loin dans notre évolution. Les partis politiques opèrent de façon féodale et sont dans l’impossibilité de dire à leur leader : It’s time for you to go! », note-t-il.
Le sondage fait le constat qu’une grande majorité de la population exprime un faible niveau de confiance dans les institutions politiques et les dirigeants du pays. Dans l’ensemble, les Mauriciens reconnaissent qu’il y a une augmentation du niveau de corruption dans le pays et craignent un risque de représailles s’ils signalent des incidents de corruption.
Concernant la performance du gouvernement, la majorité des Mauriciens désapprouvent son action en matière de maintien des prix stables, de création d’emplois et de réduction de la criminalité.
Concernant les points forts du sondage, il ressort qu’une majorité de 59% de Mauriciens expriment « juste un peu de confiance » ou « pas de confiance du tout » dans les institutions politiques et les dirigeants du pays, y compris le président. Cela s’applique pour le Premier ministre (54%), l’Assemblée nationale et les conseils municipaux/de district (57% chacun), et les partis au pouvoir (56%) et de l’opposition (58%).
Près de la moitié (48%) des répondants font confiance à la magistrature « juste un peu » ou « pas du tout ». Plus de sept Mauriciens sur dix (72%) affirment que le niveau de corruption dans le pays a augmenté « un peu » ou « beaucoup » au cours de l’année écoulée.
Près de trois personnes sur dix disent que « la plupart » ou « tous » les fonctionnaires du bureau du Premier ministre (29%) et les membres de l’Assemblée nationale (28%) sont corrompus, tandis que de grandes majorités voient au moins « une » corruption parmi toutes les institutions publiques clés et les dirigeants interrogés par l’enquête. Près des trois quarts (72%) des citoyens estiment que les personnes qui signalent des actes de corruption aux autorités risquent d’être victimes de représailles ou d’autres conséquences négatives.
Straconsult fait le constat qu’une large majorité affirme que le gouvernement se débrouille « très mal » ou « assez mal » pour maintenir les prix stables (91%), réduire les écarts de revenus (83%) et créer des emplois (81%). Plus de sept Mauriciens sur dix désapprouvent également les résultats du gouvernement en matière de réduction de la criminalité (78%), d’amélioration du niveau de vie des pauvres (78%), de gestion de l’économie (77%) et de lutte contre la corruption (76%). La moitié des citoyens (50%) « approuvent » ou « approuvent fortement » la performance professionnelle de leurs conseillers municipaux ou de districts élus.
Plus de quatre personnes sur dix « approuvent » ou « approuvent fortement » la performance du Premier ministre, Pravind Jugnauth (47%), et de leurs membres à l’Assemblée nationale (42%). La présentation des résultats du sondage a été suivie d’un débat.