Planteur des Îles : « La situation est grave ! »

« La situation est grave en ce qu’il s’agit de la sécurité alimentaire du pays. À n’importe quel moment, on peut être confronté à une pénurie alimentaire. » C’est du moins ce que pense Krit Beeharry, de la plateforme Planteur des Îles. Commentant les mesures budgétaires, il regrette qu’il n’y ait pas eu les mesures de mise « pour inciter les planteurs à aller dans le sens de la sécurité alimentaire, alors que c’est l’objectif déclaré du gouvernement ». Pour lui, les subsides de 50% sur les fertilisants auraient en fait dû être de « 88%, pour maintenir le prix ».

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Krit Beeharry tient d’abord à faire la distinction entre l’autosuffisance alimentaire, « qui consiste à avoir la capacité de subvenir aux besoins du pays par sa seule production », et la sécurité alimentaire, qui est « de disposer de 22 à 25% de produits alimentaires locaux en temps de crise ». Or, pour lui, le pays importe bien plus que 75% des produits alimentaires. « Ces dernières années, nous dépendons davantage de l’importation. » Problème : l’approvisionnement des produits étant menacés par la pandémie et la guerre, il faut, dit-il, trouver des alternatives. « Il ne s’agit pas de planter du riz, mais de trouver d’autres sources de lipides, glucides et protéines. Les protéines, on peut les trouver avec le cerf ou le poisson. »

Commentant la subvention de 50% sur le coût des engrais, Krit Beeharry estime que ce n’est qu’un travail au « prorata » qui a été fait. Il explique : « En mars 2020, le coût de l’engrais était à Rs 16 le kilo. En novembre 2021, le Cabinet a décidé de subventionner les engrais à 50%, car le prix avait alors grimpé à Rs 32, soit une augmentation de 100%. Dans ses recommandations, la FAO a prôné la subvention par les gouvernements afin de maintenir la production alimentaire de leur pays. En juin 2022, le prix est passé à Rs 52, soit une nouvelle augmentation de 62% et, juste après le Budget, le prix a atteint Rs 60, une nouvelle hausse de 15%. Ce qui fait que depuis 2020, il y a eu une augmentation de 177%. Ainsi, si le gouvernement avait voulu garder le prix à Rs 16 pour les planteurs, la subvention aurait dû être à 88,5%. »

Le porte-parole de la plateforme des Planteurs des Îles met en garde contre une baisse dans la production. « Actuellement, nous sommes dans la haute saison, et nous avons beaucoup de légumes. Mais cela ne sera pas toujours le cas. »

Il déplore ainsi l’absence de mesures au niveau de l’assurance face au changement climatique. « Nous ne voyons rien en termes de terres à des fins de cultures. Les terres que le gouvernement met à la disposition des planteurs sont des terres brutes, sans drain, ce qui fait que beaucoup abandonnent, car ces terres n’ont pas été préparées. »

Il soutient que la sécurité alimentaire n’est pas la responsabilité des planteurs, mais celle du gouvernement. « Le gouvernement doit encourager ces derniers. Or, il n’y a pas de négociations. Il n’y a pas de plan stratégique. On parle de 75% de subventions sur les semences de pomme de terre et d’oignons. C’est une bonne chose. Mais on ne précise pas si c’est pour maintenant ou pour l’année prochaine. La production de pommes de terre et d’oignons a déjà commencé. Tout est vague. On a demandé des réunions plusieurs fois avec le PS et le PAS de l’Agriculture, mais ils ne sont jamais disponibles. Il faut revoir le système administratif », plaide Krit Beeharry.

Ce dernier met en garde contre une « pénurie alimentaire, qui peut se déclencher n’importe quand, surtout que la Chine, l’Inde et l’Amérique sécurisent les fertilisants, ce qui fait flamber les prix ».

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