Les 22es Championnats d’Afrique d’athlétisme seniors ont pris fi n dimanche soir au stade de Côte d’Or. Au terme de cinq jours de compétition de très haut niveau et d’une course contre-la-montre remportée avec brio par le comité organisateur sous la responsabilité de Giandev Moteea. En huit mois seulement, mais avec un sens du devoir et de professionnalisme pointilleux, l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) a, comme à son habitude, relevé le défi . Celui d’honorer la confiance de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA) — après 1992 et 2006 — en offrant à l’Afrique des championnats digne de ce nom. Au final, tout le monde est reparti conquis. Bravo donc à tous ceux qui ont contribué à faire de cette 22e édition un succès. Même si nous maintenons que les athlètes — certains même de niveau mondial —, ont été injustement pénalisés par l’absence du public. Ce même public qui a, lui, été, parallèlement, privé d’un spectacle de très haut niveau !
La faute à une absence déplorable de réaction et d’initiative ferme de la part du gouvernement, notamment par l’entremise du ministère de la Santé. Celle de répondre positivement à une demande de dérogation du comité organisateur à l’heure où le monde sportif international tourne pourtant à plein régime. Tout simplement irrespectueux à l’égard de ces femmes et de ces hommes qui ont bossé assidument pour, non seulement satisfaire les athlètes, mais aussi pour donner une visibilité au pays en ce temps de doute. Malheureusement, certains n’en ont pas pris bonne note, alors même que la compétition était retransmise à la télévision en Afrique, mais également sur les diverses plateformes électroniques mondiales ! Si le gouvernement n’a pas été prompt à réagir intelligemment et profiter pleinement de cette opportunité, en revanche, les athlètes ont, eux, savouré. Jérémie Lararaudeuse a d’ailleurs fait honneur au pays en remportant la médaille d’argent au 110m haies. Noa Bibi a, lui, eu le mérite de disputer deux finales — 100m et 200m —, même s’il n’a pas été en mesure de monter sur le podium. Désormais, ce sont les Jeux du Commonwealth qui guettent. Nous faisant penser à la glorieuse époque des Eric Milazar et autres Stephan Buckland, et de leurs exploits aux 400m et 200m respectivement. Et même si l’AMA a pris autant de temps à reproduire des athlètes de valeur, les performances réalisées, la semaine dernière, nous font croire que le meilleur est à venir. Sauf qu’un grain de sable est venu contrarier, dans un premier temps, les plans de l’AMA. Au moment même où les deux sprinteurs s’apprêtaient à participer à des compétitions relevées à l’étranger, tout en profitant d’une préparation de haut niveau en France. La raison: le COM a dit non à une révision des dates de leurs billets d’avion.
Hedley Han, secrétaire, précisant même qu’il n’y avait rien à faire, après avoir contacté Emirates. L’achat des billets, effectué en “group fare” n’étant pas modifiable, selon lui. Il précisait aussi que, selon le comité organisateur des Jeux du Commonwealth, le Club Maurice devait obligatoirement voyager selon le “easiest route”, donc de Maurice à Birmingham et vice-versa. Reste que la démarche a été très mal perçue par l’AMA, elle qui disait même être disposée à prendre en charge les frais additionnels. Finalement, elle a dû puiser une grosse somme dans ses réserves pour permettre aux athlètes de prendre l’avion, mercredi. Les différents échanges de courriels n’ont, précisons-le, pas vraiment aidé à une sortie de crise. Sans oublier que le COM n’a même pas eu la décence de contacter l’association pour expliquer clairement sa posture. Il s’est uniquement contenté d’une réponse laconique !
Aussi, au lieu de tempérer une situation déjà tendue, le président du COM, Philippe Hao Thyn Voon, est venu, 24 heures plus tard, avec des explications contradictoires ! Une démarche maladroite et qui remet en cause la posture du COM sur ce dossier, même si on aurait bien accepté les explications d’Hedley Han. Ce qui est certain, c’est qu’en se contredisant, le COM laisse la place au doute. D’autant que son mode opératoire, dans ce contexte précis, est questionnable sur l’autel de la transparence. Alors même que tel n’aurait jamais dû être le cas pour une instance pourtant censée représenter dignement le sport local. Ce qui n’est heureusement pas le cas de l’AMA qui, en l’espace d’une poignée de jours seulement, a su remettre la République de Maurice sur la carte mondiale. Combien sont ceux qui auraient eu l’audace de prendre un pari aussi fou en ces temps compliqués ? Combien sont-elles aussi ces fédérations responsables et capables qui auraient pu réunir tous les pays affiliés à leur confédération — 54 dans le cas de la CAA — au moment des inscriptions ? Un record pour une association qui a fait ses preuves et qui se respecte. Un record également avec la participation de 48 pays, dont deux hors-concours. Même le président de World Athletics, Sebastian Coe, ancien champion olympique du 1 500m, est rentré conquis de son voyage à Maurice. Non seulement par ce qu’il a vu au sein de l’organisation, mais aussi du niveau de la compétition et de cette finale de feu au 100m où deux sprinteurs ont passé la ligne d’arrivée dans le même temps et sous les 10 secondes (9”93) comme nous l’avions prévu ! Une “world class performance” même avec un vent trop capricieux à Côte d’Or. Bravo donc à tous ceux qui ont contribué à faire de cette compétition une réussite et à permettre de replacer la destination Maurice à l’international. Peuton en dire autant pour le COM après avoir surtout pris connaissance de la manière dont ce dossier d’intérêt général a été géré ?