Céréales bloquées en Ukraine : Crainte mondiale d’une pénurie alimentaire : quelles incidences sur Maurice ?

Pas moins de 20 millions de tonnes (MT) de céréales produites en Ukraine seraient bloquées par les Russes. Le président ukrainien prévient que ce chiffre pourrait atteindre 75 MT d’ici quelques mois. De quoi laisser planer la crainte d’une crise alimentaire mondiale, particulièrement pour les plus petits pays dépendants de l’importation. Quelles incidences une telle éventualité pourrait-elle avoir sur notre pays ?

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Alors que la majorité abonde dans le sens d’une potentielle pénurie alimentaire mondiale, Mubarak Sooltangos, observateur économique, rejette ce qu’il considère n’être qu’« une perception sciemment et savamment répandue par la machine de propagande de l’OTAN ». Une pénurie de céréales n’est pas possible pour lui vu que la moitié des exportations ukrainiennes de céréales est acheminée par route et par train vers l’Europe. « Ce moyen-là continue parce que c’est seulement l’accès à la mer qui est bloqué. » Ce qui le pousse à dire que la pénurie annoncée est « un subterfuge délibéré pour semer la panique et faire monter les prix ».

Contrairement à ce qu’on pense, avance-t-il, « c’est l’OTAN qui fait durer la guerre de l’Ukraine parce que ses membres sont eux-mêmes de gros producteurs de céréales et ils profitent de l’explosion des prix ». Si pénurie alimentaire il devait y avoir, « nous la paierions très cher ».

De son côté, le président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), Mosadeq Sahebdin, est d’avis que « la menace d’une crise alimentaire doit être prise au sérieux et des décisions courageuses doivent être prises en amont ». Une pénurie mondiale équivaudrait, souligne-t-il, à un impact direct sur les prix. « Une situation corsée par le blocus de l’Inde sur l’exportation de son blé. » Il rappelle la démarche des grandes nations pour sécuriser leur approvisionnement pour leur propre territoire, au détriment de petits marchés comme les nôtres. De fait, « aujourd’hui, plus que jamais, la question de la sécurité alimentaire devient cruciale ». Il préconise ainsi d’urgence des Assises pour la sécurité alimentaire et le développement de l’économie bleue. « À quand un véritable plan pour exploiter nos 2,4 m de kilomètres carrés de la mer ? »

Éric Mangar, directeur du Mouvement d’Autosuffisance Alimentaire (MAA), martèle l’urgence de rattraper le temps perdu. « Il y a une panoplie de mesures dans le Strategic Plan de 2015-2020 qui n’ont pas été réalisées. Aujourd’hui, avec la pandémie, la guerre et le changement climatique, on est au pied du mur. » La priorité du jour, dit l’agronome, « est de voir comment nourrir la population en termes d’énergie et de protéines ». Il nous faut trouver des alternatives. « Sur le plan national, il y a un gros travail à faire. Il faut développer le fourrage et le service vétérinaire. Il faut introduire des jardins communautaires un peu partout. » Le spécialiste en sécurité alimentaire insiste pour qu’un travail soit fait de sorte que « le poisson soit notre source principale de protéines de demain ».

MUBARAK SOOLTANGOS (OBSERVATEUR ÉCONOMIQUE) :
« La pénurie, un subterfuge pour faire monter les prix »

La Russie a bloqué 20 à 25 MT de céréales ukrainiennes, un chiffre qui pourrait grimper à 75 MT d’ici quelques mois, selon le président ukrainien. Quel impact cette situation est-elle susceptible d’avoir sur Maurice ?
Cela n’est qu’une perception sciemment et savamment répandue par la machine de propagande de l’Otan et de l’Ouest. D’abord, ajouter 50 M de tonnes aux stocks actuels de 25 M de tonnes équivaut à ajouter une année entière de la récolte 2022 exportable, qui est encore, en ce moment, en terre. Or, la moitié des exportations ukrainiennes de céréales se fait par route et par train vers l’Europe, et ceci continue parce que c’est seulement l’accès à la mer qui est bloqué. Il reste 25 M de tonnes qui sont susceptibles de rester sur les bras de l’Ukraine par an, et il faut deux années pour que la montagne de 75 millions de tonnes se matérialise. Zelensky ment tout simplement pour faire monter la mayonnaise.

Les Nations unies tirent la sonnette d’alarme sur la situation alimentaire mondiale. Ancien directeur de l’OMC, Pascal Lamy, estime qu’on doit clairement craindre une crise alimentaire et que c’est une tempête qui va durer. En raison de notre dépendance alimentaire, il y a particulièrement lieu de s’inquiéter même si les autorités assurent que nous avons des stocks pour plusieurs mois…
La production mondiale de céréales est de 2 785 MT par an et il y a en permanence un stock de sécurité dans les pays producteurs, de 840 MT, soit 30% de la consommation annuelle, suffisante pour quatre mois. Où est la pénurie de céréales ?
La tempête qui est annoncée est un subterfuge délibéré pour semer la panique et faire monter les prix. Ce ne sont pas les producteurs qui font monter les prix dans la pratique. Comment le feront-ils quand il y a un stock de 840 MT disponibles ? C’est l’œuvre des spéculateurs aguerris qui font du Forward Buying, c’est-à-dire acheter des récoltes futures et s’engager à payer à la livraison seulement à un prix déjà fixé au départ.
Puisqu’il n’y a rien à payer lors de l’établissement du contrat d’achat, les spéculateurs achètent massivement, font ainsi monter les prix avec l’aide de la propagande des médias occidentaux et revendent ces contrats aux entreprises de négoce avant la date prévue pour la livraison et le paiement. Ce faisant, ils empochent un gros bénéfice sans avoir dépensé un sou.
Les pays producteurs de pétrole prennent aussi avantage du climat de panique à l’échelle mondiale, et avec l’aide de spéculateurs font monter les prix. Il s’agit finalement d’une cartellisation mondiale du crime pour établir ce qu’on appelle la dictature de l’offre sur la demande. Alors que certains pensent que c’est la loi de l’offre et la demande détermine les prix du marché pour toute production, il en est autrement lorsqu’il s’agit des produits de masse dont une poignée de pays contrôle la majeure partie de la production, et donc l’offre. C’est la manipulation artificielle de l’offre – en faisant croire à une pénurie – qui dicte les prix.
Contrairement à ce qu’on pense, c’est l’OTAN qui fait durer la guerre de l’Ukraine parce que ses membres sont eux-mêmes de gros producteurs de céréales et ils profitent de l’explosion des prix. Leurs médias pourris font le reste pour manipuler l’opinion mondiale.
La facture pourrait être amère à payer par les spéculateurs si la Russie décide de stopper la guerre. Dans cette éventualité, les prix baisseront drastiquement et il y aura panique chez les spéculateurs pour se débarrasser rapidement de leurs contrats d’achat en mains, lorsqu’il n’y aura plus d’acheteurs aux prix qu’ils demandent. Il y aura, dans ce cas, une tempête dans le sens contraire. Paradoxalement, ce sont les producteurs individuels qui auront à subir la dégringolade des prix jusqu’en dessous de leur coût de production.

Peu importe qu’il y ait subterfuge ou pas, est-il trop tard pour Maurice de se préparer à une pénurie alimentaire ? Quelles stratégies adopter pour mieux y faire face ?
On n’a rien fait dans le sens de la diversification agricole et de la sécurité alimentaire, parce que sous le nom trompeur de ministre de l’Agriculture, on a toujours eu que des ministres du Sucre. Si tempête il y a, par le triomphe des marchands de guerre de l’OTAN et les spéculateurs, nous allons le payer très cher. S’il y a une stratégie pour booster la production locale, elle ne peut être productrice d’effet que dans le temps.

De quelles autres manières peut se traduire une pénurie alimentaire mondiale ?
Il n’y a pas de pénurie alimentaire dans le monde. Le gaspillage américain et européen de nourriture se chiffre à 340 milliards de dollars par an. Répartissez cette somme sur les 800 millions d’êtres humains sur la Terre qui ont faim, et vous verrez que chaque famille de cinq personnes bénéficiera d’une allocation de Rs 7 500 par mois, de quoi manger et vivre décemment lorsqu’on ajoute cette somme aux Rs 2 000 par mois sur lesquelles elles subsistent péniblement. Et on ne parle pas du gaspillage alimentaire du reste du monde riche.
Par ailleurs, il est légion en Amérique que des dizaines de millions de tonnes d’excédent de production céréalière soient utilisées dans un but détestable, celui de faire du Dumping sur les petits pays producteurs, donc concurrents, après que les producteurs d’Amérique ont écoulé leur production normale destinée à l’exportation. L’effet voulu est de faire dégringoler les prix dans ces petits pays et les décourager à augmenter leur production. L’OMC, officiellement, ne considère pas le Dumping comme illégal. Et qui contrôle l’OMC ?

Le ministre des Finances a déclaré dans son budget que le Covid-19 et la guerre en Ukraine sont de puissants rappels de l’importance de l’autosuffisance. Ses mesures annoncées vous semblent-elles appropriées pour vraiment booster notre production ?
Dans une certaine mesure oui, parce que dans ses incitations annoncées pour favoriser la production, la moitié, soit environ 30, représente des engagements fermes, déjà exprimés en roupies, auxquels le gouvernement est tenu. Si la moitié des autres mesures annoncées (projets, fonds, formation, efforts de marketing et autres) ne se matérialisent pas, comme cela a toujours été le cas pour tous les gouvernements, l’économie de production aura quand même bénéficié de 30 mesures concrètes.

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MOSADEQ SAHEBDIN (CAP) :
« La sécurité alimentaire est plus que jamais cruciale »

20 à 25 MT de céréales produites en Ukraine sont actuellement bloquées par les Russes et ce chiffre pourrait atteindre 70-75 MT dans quelques mois. Le monde craint une pénurie alimentaire. La situation est particulièrement critique pour l’Afrique qui achète plus de la moitié de son blé de l’Ukraine ou de la Russie. Quel impact cette situation est-elle susceptible d’avoir sur Maurice ?
De nombreux observateurs n’hésitent pas à qualifier ce conflit de nouvelle guerre du blé. La situation actuelle concernant l’exportation de blé de l’Ukraine pourrait durer encore deux ans. Diverses parties prenantes sont en train de négocier en vue de dégager une voie par la Mer Noire. Même s’il y a un accord pour déminer la voie et assurer une navigation sécurisée, il faut ajouter à cela, la possibilité d’une hausse des frais d’assurance, avec les risques que comportera la navigation en Mer Noire. Une pénurie mondiale aura un impact direct sur les prix et une situation corsée par le blocus de l’Inde sur l’exportation de son blé.
Bien que nous n’importions pas de la Russie et de l’Ukraine, dont la production représente un tiers de la production mondiale, Maurice devra faire face à une hausse vertigineuse du cours de ce produit. Les menaces d’une crise alimentaire mondiale sont réelles.

Pour l’ancien directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, on doit clairement craindre une crise alimentaire et c’est, dit-il, une tempête qui va durer. Sachant que Maurice importe la majorité de ses produits alimentaires, devrait-on s’inquiéter même si les autorités assurent que nous avons des stocks pour des mois ?
La tempête prendra la forme d’un puissant séisme pour les pays pauvres. La disponibilité des denrées alimentaires sur le marché mondial posera un principal challenge. Nous notons les décisions prises par de grandes nations pour sécuriser leur approvisionnement pour leur propre territoire, au détriment de petits marchés comme les nôtres. La menace d’une crise alimentaire doit être prise au sérieux et des décisions courageuses prises en amont.

Est-il trop tard pour nous préparer à une telle tempête ? Quelles stratégies adopter pour mieux y faire face ?
Nous sommes en faveur de consultations générales entre toutes les parties prenantes en vue de trouver des solutions durables pour faire face à la crise alimentaire qui se profile. Ces consultations pourront prendre la forme des assises pour la sécurité alimentaire pour les dix prochaines années. Nous soutenons la position de l’AMM en faveur des assises pour la production locale, mais de telles consultations devraient aller au-delà de la production industrielle. Ces assises pourront formuler un plan pour développer les filières agroalimentaires durables et inclusives, avec pour objectif d’assurer la consommation durable.
Nous devrons aussi considérer les opportunités que comporte l’économie bleue. Il y a lieu, en particulier, de changer la manière dont ces sujets sont abordés afin de mettre l’accent sur le caractère singulier du secteur et l’importance qu’il revêt en tant que système de production alimentaire, et de s’en servir pour démarginaliser les pêcheurs. Offrir de nouvelles cartes de pêcheurs, sans que ceux-ci aient une formation adéquate, est une mesure palliative.

De quelles autres manières peut se traduire une pénurie alimentaire mondiale ?

La production alimentaire locale sera aussi impactée par une hausse certaine des intrants, dont les fertilisants. Le gouvernement offre une subvention à hauteur de 50% pour l’achat des fertilisants chimiques. Encore une mesure qui ne jure pas avec la consommation durable, car nous savons l’effet des produits chimiques sur l’environnement. Il faut, d’autre part, déjà jauger l’impact de la hausse du prix du maïs, importé de l’Argentine, sur les prix de la nourriture nécessaire à l’élevage. Ceci impacte déjà sur la disponibilité du poulet, par extension sur des prix élevés.

Dans la perspective de la sécurité alimentaire, les mesures budgétaires annoncées en vue de la renforcer vous semblent-elles appropriées pour vraiment booster la production ?
Il y a certes des propositions capables de donner un nouveau souffle à la production locale, aux cultures vivrières en particulier. Comme le suggère Éric Mangar, du MAA, nous devons aussi encourager la transformation en vue de pallier les pénuries dues aux intempéries. Tout en permettant la réduction du gaspillage des aliments, elle permet la disponibilité en temps de manque. Outre la transformation, il faudra aussi trouver des moyens de préservation des aliments. Il faudra aussi trouver des motivations capables de pallier le vieillissement des planteurs. Trouver les moyens d’intéresser les jeunes à l’agriculture demeure un défi.
Néanmoins, la production alimentaire ne concerne pas que la terre. À quand un véritable plan pour exploiter nos 2,4 m de kilomètres carrés de la mer ? Dans ce secteur aussi, il convient de trouver des solutions pour faire face au défi du vieillissement de la communauté des pêcheurs. Il faudra conscientiser les jeunes aux notions de protection de la mer afin d’éviter la surpêche.
Il est indispensable de définir des objectifs de biodiversité et de sécurité alimentaire communs et intégrés pour garantir l’accès aux produits alimentaires aquatiques à ceux qui en ont le plus besoin, aujourd’hui et à l’avenir. La réduction et l’élimination des pratiques néfastes qui sont susceptibles de conduire à la surcapacité, à la surpêche et à la pêche illicite sont des mesures importantes à prendre pour favoriser la durabilité.

Le mot de la fin…
Aujourd’hui plus que jamais, la question de la sécurité alimentaire devient cruciale. La sécurité alimentaire et nutritionnelle comporte de nombreux enjeux. Plus que jamais, des assises pour la sécurité alimentaire deviennent urgentes. Ces assises permettraient de fédérer différents acteurs engagés sur des objectifs précis.

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ÉRIC MANGAR (MAA) :
« On doit rattraper le temps perdu ! »

20 à 25 MT de céréales produites en Ukraine sont bloquées par les Russes et ce chiffre pourrait atteindre 70-75 MT dans quelques mois. Le monde craint une pénurie alimentaire. La situation est particulièrement critique pour l’Afrique qui achète plus de la moitié de son blé de l’Ukraine ou de la Russie. Quel impact cette situation est-elle susceptible d’avoir sur Maurice ?
Il y a un méga contrôle sur les aliments. Il y a aussi le blé qui est contrôle par l’Inde. Quant au riz, la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge en sont les plus gros producteurs. En 2008, on a vu qu’ils gardaient le riz et cela a créé une importante pénurie sur le marché mondial car le riz n’est pas contrôlé par les normes internationales. Le riz aussi pourrait poser problème.
En fonction de la quantité d’énergie que consomme notre pays – 2 700-3 000 kilocalories/jour par habitant – on doit trouver des alternatives. Outre les céréales bloquées en Ukraine, le prix du maïs a grimpé de 150% sur le marché mondial ! Si on n’a pas de maïs comme nourriture pour les volailles, on n’aura pas de poulet dans nos assiettes !

Quelles répercussions une pénurie de céréales représenterait-elle pour Maurice ?
Cela impacterait sur le pain quotidien. Pour l’heure, on nous dit qu’on a un stock de farine pour six mois. Mais l’incertitude demeure. On ne peut savoir ce qui se passera sur le marché mondial.

Pour l’ancien directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, on doit clairement craindre une crise alimentaire et c’est, dit-il, une tempête qui va durer. Sachant que Maurice importe la majorité de ses produits alimentaires, devrait-on s’inquiéter même si les autorités assurent que nous avons des stocks pour des mois ?
C’est pourquoi le gouvernement investit Rs 200 millions dans cinq zones d’élevage et réduit le coût des fertilisants pour la culture de légumes. Mais tout cela prendra du temps avant de se réaliser. On doit rattraper le temps perdu. Il y a une panoplie de mesures dans le Strategic Plan de 2015-2020 qui n’ont pas été réalisées. Aujourd’hui, avec la pandémie, la guerre et le changement climatique, on est au pied du mur.

Est-il trop tard pour nous préparer à une telle tempête ?
Oui, il est un peu tard. Le système alimentaire mondial nous a poussés à importer. On n’aurait jamais pensé devoir faire face à une guerre, une pandémie sans compter le changement climatique. Aujourd’hui, le gouvernement réalise les erreurs du passé et veut mettre l’accent sur l’autosuffisance alimentaire mais il y a du retard ! La priorité est aujourd’hui de voir comment nourrir la population en termes d’énergie et de protéines. Il nous faut trouver des alternatives.

Quelles stratégies adopter pour mieux y faire face ?
Il faut travailler à trois niveaux. Les familles mauriciennes doivent pouvoir planter pour avoir de l’énergie et des protéines. Sur le plan national, il faut développer le fourrage et le service vétérinaire. Si les vétérinaires mauriciens ne veulent pas travailler dans ce domaine, il faut en recruter de l’Inde. Il faudra un suivi très rigoureux de l’élevage et travailler avec les autorités sud-africaines et malgaches pour pouvoir produire du maïs dans ces pays. Il faut consolider cette coopération régionale. Il faut aussi améliorer génétiquement nos cabris et nos moutons pour un gain de protéines tous les jours.
Quant à notre source d’énergie, on peut miser sur la culture des arouilles violettes, très riches en énergie. Il faudra, en outre, intégrer les fruits à pain dans les forêts car ils s’y adaptent bien. Il y a aussi la patate douce et le manioc qu’on peut cultiver à la maison. Mais, sur le plan national, il y a un gros travail à faire. On peut introduire des jardins communautaires un peu partout pour cultiver des brèdes mouroum, bananes etc. Chaque famille doit avoir une plante de brèdes mouroum qui couvre presque tous les besoins nutritionnels (protéines, énergie, calcium, fer etc.).

Dans la perspective de la sécurité alimentaire, les mesures budgétaires annoncées en vue de la renforcer vous semblent-elles appropriées pour vraiment booster la production ?
Il y a un effort à travers Rs 200 M votées pour l’élevage. Mais encore faut-il réaliser le projet. Il ne faut pas oublier le fourrage car l’alimentation et la santé des animaux sont importantes dans l’élevage. Il faut aborder ces questions avant de réaliser le projet. Si on néglige ces deux aspects, le projet n’ira pas loin. Un bœuf consomme 40 kilos de fourrage par jour ! Un cabri ou un mouton en consomme quelque 10 kilos.
Si on veut augmenter la production laitière de 3-8%, il nous faudra 1 600 vaches additionnelles et 67 450 tonnes de fourrage pour les nourrir. On importe le fourrage mais on peut en produire à Maurice à travers l’acacia, source importante en protéines. Le maïs est importé de l’Argentine et le prix ne cesse d’augmenter et continuera d’augmenter. Chaque famille mauricienne doit pouvoir produire de quoi mettre dans son assiette.

Quels meilleurs moyens pour récolter des fruits sur le court terme au niveau des productions ?
Chaque famille doit avoir chez elle une plante de brède mouroum, un papayer, un bananier et un goyavier, très riche en vitamine C et planter des légumes si elle a de la place. Concernant les fruitiers, il y a la transformation et la conservation mises en place par l’Agro-Processing Unit.
Je crois que les producteurs d’ananas, quand ils n’exportent pas beaucoup, peuvent transformer ce fruit en confiture ou en conserves. De même pour les papayes. Il faut augmenter la production de fraises et les conserver. Il ne faut pas oublier le poisson. Avec un bon marketing, le poisson pourrait être accessible aux consommateurs. Le prix du poisson pourrait être à Rs 135 au lieu de Rs 200 la livre. Les gens aiment le poisson mais c’est trop cher. Je crois que le poisson sera la source principale de protéines de demain.

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