-— Alors, tu es satisfaite du budget ?
— Franchement te dire, je ne sais pas.
— Comment ça tu ne sais pas ? Tu as regardé le discours du budget, quand même ?
— Comme tout le monde, mais je n’ai pas compris grand-chose au long discours du ministre. Comme maman, chez qui j’étais mardi dernier, j’ai trouvé qu’il est un peu comme Nadal.
— Tu veux dire le Nadal champion de tennis qui vient de gagner le tournoi de Roland-Garros là ?
— Tu connais un autre Nadal toi ? Maman l’adore et ne rate aucun de ses matches. Quand il joue le soir, elle me fait enregistrer pour elle. C’est une fan, je te dis !
— Je ne savais pas que ta maman aimait le tennis. Je croyais que les personnes de son âge regardaient seulement les jeux, les feuilletons et les chansons longtemps à la télévision.
— Tu serais bien étonnée de découvrir les goûts et les connaissances des vieilles personnes d’aujourd’hui.
— Ah bon ?! Ta maman a suivi le discours du budget alors ? Elle a dû apprécier l’augmentation de la pension de vieillesse ?
— Elle a été mari contente au début. Puis, quand elle a réfléchi et surtout quand elle a entendu sa bonne, elle a un peu changé d’avis.
— Qu’est-ce que sa bonne a pu dire comme ça pour la faire changer d’avis sur l’augmentation de la pension ?
— Comme dit mon dernier, qui adore parler vulgairement : la bonne a cassé le nissa de maman.
— Mais qu’est-ce qu’elle a dit comme ça à ta maman ?
— Quand le ministre a annoncé que la pension de vieillesse était augmentée, la bonne a dit « manman madame : ou finn tap plin ! »
— C’est vrai que Rs 2 000 en plus tous les mois, c’est pas mal par les temps qui courent.
— Ça c’est vrai. Mais la bonne de maman a ajouté : « Asterla ou pou kapav donn mwa sa ogmantasion ki mo pe dimann ou depi lontan la. » Ça suffit pour casser le mood de maman.
— Mais sa bonne a raison, toi, elle aussi elle a besoin d’être augmentée avec le coût de la vie qui ne fait que monter.
— Je sais. Mais tu sais comme ma maman est, elle aime bien recevoir, mais elle n’aime pas beaucoup partager. Qu’est-ce que tu vas faire, elle est comme ça…
— Qu’est ce qu’elle a dit après sur le budget ?
— Comme elle était institutrice avant, elle a fait les calculs. Elle est arrivée à la conclusion que le ministre avait pris un bœuf pour donner un œuf.
— Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ?
— Que l’augmentation de la pension est plus une compensation qu’une augmentation réelle.
— Je ne comprends rien du tout à ce que tu es en train de raconter.
— Elle a raison toi : le coût de la vie a mari augmenté ces derniers mois. Beaucoup plus que le montant de l’augmentation de la pension. La bonne a ajouté qu’aujourd’hui quand tu vas au supermarché, avec la même quantité d’argent, tu as deux fois moins de commissions.
— Ça c’est vrai. Aujourd’hui, tu dois calculer deux fois avant d’acheter quelque chose.
— Moi c’est simple, j’achète seulement ce que j’ai besoin. On est obligées de se serrer la ceinture pour joindre les deux bouts.
— À propos de ceinture, tu sais ce que dit la bonne de ma maman ?
— Non. Dis-moi ce qu’elle dit comme ça…
— Qu’elle a tellement serré sa ceinture à elle qu’il faut maintenant faire de nouveaux trous pour pouvoir l’attacher !
— Elle est comique, toi. Je suis sûre que ta maman doit l’adorer.
— Sauf quand elle lui demande une augmentation de salaire ! Enfin, qu’est-ce que je vais te dire, ale vini, c’est du pareil au même que pour chaque budget. Ça dépend de quel angle tu regardes.
— Ah bon ? Il y a plusieurs manières de regarder le budget du pays ?
— Il y a au moins deux manières : premièrement les députés du gouvernement disent que le ministre des Finances « limem meyer », et puis tu as l’opposition qui hurle que c’est le pire ministre depuis l’indépendance. Que son budget est populiste, électoraliste, non réaliste. Tous les mots en « iste » !
— Les parlementaires du gouvernement eux disent toujours que c’est un no tax bdget.
— Et l’opposition réplique que c’est un no direct tax budget. Tu as raison, c’est tout le temps pareil et le coût de la vie ne fait qu’augmenter. Mais il y a une affaire que je ne comprends pas.
— Quelle affaire ?
— Pourquoi tu as dit que le ministre des Finances te faisait penser à Nadal. Je ne savais pas que Padayachy jouait au tennis…
— Je ne sais pas s’il joue au tennis ou même s’il fait du sport. Je sais seulement qu’on tire sa corde parce qu’il aime mettre les savates dodo.
— Mais alors pourquoi tu dis que le ministre des Finances est comme Rafael Nadal ? Tu trouves qu’il a cassé un grand paquet avec son budget ?
— Ça, je ne sais pas.
— Mais pourquoi tu dis que Padayachy est un peu comme Nadal alors ?
— C’est bien simple, toi. Nadal a tout le temps besoin de tirer sur son short qui rentre dans son derrière. Padayachy lui a besoin de tirer tout le temps sur son masque sanitaire qui rentre dans sa bouche.
— Ne me dis pas que c’’est tout ce que tu as retenu du discours du budget de deux heures de temps !
J.-C.A.