Brutalité policière – Ramgoolam : « Pour une enquête judiciaire et contre une commission d’enquête »

Le leader du PTr réclame des punitions exemplaires contre les officiers responsables de la perpétration d'actes de torture

Le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, a fait une nouvelle sortie politique vendredi dernier en organisant une conférence de presse pour condamner sans réserve les officiers de police qui ont perpétré les actes de tortures contre des suspects. Il se dit « choqué et triste » par ce qui s’est passé et se prononce en faveur de l’ouverture d’une enquête judiciaire par le DPP. Dans le contexte, il s’oppose cependant à l’institution d’une commission d’enquête. Navin Ramgoolam accuse par ailleurs le MSM d’avoir gangréné toutes les institutions, y compris la police, sauf le judiciaire.

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« Comme tous les Mauriciens, j’ai été choqué et triste à la fois par les actes de barbarie commis par les officiers de police comme le démontrent les vidéos diffusées cette semaine. Ils sont supposés protéger la population, mais ils commettent des actes illégaux et barbares. Il n’y a pas de mots assez forts pour les décrire. C’est révoltant, dégoûtant et répulsif. Nous les condamnons sans réserve. Le PTr réclame des sanctions sévères. Il faut être intransigeant à leur encontre », a lancé d’entrée Navin Ramgoolam, qui était entouré des parlementaires du PTr à l’hôtel Hennessy.

Remontant à la lutte pour l’indépendance, l’ancien chef du gouvernement souligne que « ce n’était pas du tout la vision de l’île Maurice que nous voyons aujourd’hui ». « Ce n’est pas pour cela que SSR et son équipe ont lutté pour l’indépendance, mais pour la liberté. Lorsqu’on pense avec quelles précautions et quelle diligence les pères fondateurs ont créé cette Constitution… », regrette-t-il.

Navin Ramgoolam rappelle ainsi que la Constitution n’avait pas été écrite uniquement par les Anglais. « Il y a eu des consultations avec tous les partis politiques. Outre SSR et le PTr, il y avait aussi Razack Mohamed, Sookdeo Bissoondoyal, Jules Kœnig, Gaëtan Duval… Ils se sont concertés pour créer une Constitution en vue de protéger tous les Mauriciens », dit-il, observant que « tout le travail abattu tombe à l’eau aujourd’hui. » Et de déplorer que « le MSM a gangrené toutes les institutions, y compris la police, sauf le judiciaire. Les institutions ont été politisées. »

Faisant un retour sur l’histoire, il raconte qu’en 1987, SGD voulait qu’il s’engage en politique. « Je lui avais dit que je n’étais pas intéressé. À cette époque, le MMM m’avait proposé le poste de Premier ministre, alors que SAJ voulait que je devienne le n°2 avant de devenir le n°1. Gaëtan Duval avait insisté pour que je m’engage en me disant que si tu n’entres pas en politique, tout ce que ton père et moi avons fait pour construire le pays sera détruit. C’est ce qu’on voit aujourd’hui. Sa prédiction s’est avérée, 35 ans plus tard », note le leader des rouges.

« Dilo lor bred sonz »

Il fait ressortir que tout un chapitre de la Constitution est consacré à la protection des droits humains et tient en compte la torture et les traitements inhumains et dégradants. « Aujourd’hui, rien n’est respecté, alors que tout le monde sait que la Constitution est la loi suprême. Sans compter que Maurice est signataire des conventions sur les droits humains, y compris concernant la torture qui est interdite par le Criminal Code. « Tousala koumadir dilo lor bred sonz », dit-il, « parce que certaines personnes croient qu’elles ont une protection politique et peuvent faire ce qu’ils veulent en toute impunité. »

Le leader du PTr se dit par ailleurs contre l’idée d’une commission d’enquête proposée par l’Entente de l’Espoir. « Elle ne donnera aucun résultat. Elle prendra trois ans pour produire un rapport, comme cela a été le cas pour la commission d’enquête sur l’ex-présidente Ameenah Gurib-Fakim qui n’a toujours pas été rendu public. Est-ce qu’on attendra quatre ans pour que ces barbares restent impunis, sans qu’on puisse trouver les coupables ? Des actions doivent être prises contre eux immédiatement. Ils devront purger une peine maximale en prison », estime Navin Ramgoolam. Il se dit plutôt en faveur de l’ouverture d’une enquête judiciaire par le DPP. Ce dernier pourrait alors agir en conséquence, dit-il, ajoutant : « Sinon, il y aura un grand tam-tam sans obtenir de résultats. »

Navin Ramgoolam s’est longuement appesanti sur le travail accompli par son gouvernement afin de réformer la force policière qui était dans un état déplorable à son arrivée au pouvoir en 1995. C’est dans ce contexte qu’il avait sollicité l’aide des autorités britanniques et obtenu l’aide de M. Shattock qui, a-t-il dit, a abattu un travail considérable au niveau de la police. Il cite, entre autres, l’introduction de l’ERS, de la modernisation du FSL et de la formation supérieure des officiers de police. Il se prononce aussi en faveur de la présentation et de l’adoption de The Public and Criminal Evidence Bill (PACE) que son gouvernement avait préparé en 2013, mais qui n’a pu être présenté avant les élections après quelques remarques du DPP. Ce texte de loi concernait « the exercise by police officers of the powers to stop, enter, search, seize, arrest and detain » et le « treatment and questioning of detainees. » Il soutient en avoir parlé à l’Attorney General, Maneesh Gobin.

Navin Ramgoolam a conclu en rappelant que le premier devoir d’un gouvernement est d’assurer le law and order, la sécurité de tous les Mauriciens et de s’assurer que Maurice soit un État de droit, et pas un État vagabond. « Or, Pravind Jugnauth s’assure qu’il y ait lawlessness and dissorder » et il laisse les « Tontons Macoutes faire ce qu’ils veulent », dit-il, ajoutant, sans précision toutefois, que le PTr compte entreprendre une action pour contrer la jauge de 50 personnes fixée par le gouvernement en ce qui concerne les sorties publiques. « Si on croit qu’avec la limite de 50 personnes on empêchera le PTr d’organiser des réunions, alors, ils ne me connaissent pas », prévient-il.

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