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Des policiers tortionnaires !

Depuis samedi dernier, les Mauriciens scandalisés voient de leurs yeux ce que des ONG, des travailleurs sociaux et des journalistes dénoncent depuis des années : les tortures que des policiers font subir à des suspects. Soi-disant pour obtenir des aveux, mais visiblement par pur sadisme. Dans la demi-douzaine de vidéos en circulation depuis samedi dernier, le scénario est le même. Des policiers en civil menottent les suspects, les obligent à se déshabiller, à chanter — des ségas, des chants religieux ou l’hymne national — à prendre des poses, à jouer des rôles, à sautiller tout en leur envoyant, dans plusieurs cas, des décharges électriques dans le corps pour les faire hurler ou pleurer ou à les faire entrer dans un pneu. Sans oublier les mots insultants, dégradants adressés aux suspects, le tout avec les rires obscènes de ces supposés représentants de la loi. And to add insult to injury, le tout est filmé par ces policiers qui, dit-on, prennent plaisir à visionner leurs séances de torture. Il semblerait que les vidéos postées sur les réseaux sociaux ne sont que le tip de l’iceberg et qu’il y en aurait d’autres, beaucoup d’autres, qui ont enregistré les « exploits » de ces policiers. Pire, il semblerait que ces scènes de torture ne seraient pas l’exception qui confirme la règle, mais une tendance se généralisant dans les stations de police. Depuis des années, ces pratiques sont dénoncées, mais malgré les images de ce suspect déshabillé et frappé au poste de police de Curepipe, malgré des morts suspectes dans les postes de police, malgré les multiples dénonciations, commissaire après commissaire de police, aucune mesure disciplinaire n’est prise et les tortionnaires se sachant couverts, pour ne pas dire protégés, continuent à violer les lois et à torturer.
Quand il a été révélé que des copies des vidéos ont été remises à la police en 2020, l’actuel commissaire a tout de suite dit qu’il n’était pas en poste à cette date. Interrogé, l’ancien commissaire a accepté avoir reçu une clé contenant les vidéos, mais l’aurait remise au responsable des relations publiques pour ouvrir une enquête. Ce qui, visiblement, n’a pas été fait. Voici un résumé de la situation : les responsables du maintien du law and order dans ce pays détiennent, depuis 2020, des images de policiers pratiquant la torture et aucune mesure n’a été prise. Et aucun de ces commissaires n’a averti le Premier ministre et ministre de la police de cette situation, puisqu’il a déclaré ne pas être au courant ?! Ce qui équivaut à dire que le commissaire de police n’informe pas le Premier ministre de ce qui se passe dans le pays ! Et pour couronner le tout, la police a déclaré avoir ouvert une enquête et interpellé quelques-uns des policiers tortionnaires. Mais en même temps, une source de la police a déclaré être à la recherche de l’original des vidéos pour vérifier leur authenticité et a invité la personne concernée à se faire connaître. Maintenant qu’on sait comment les suspects sont traités par les policiers, qui va aller les dénoncer… à la police ?! En confiant l’enquête sur ses membres tortionnaires à la police, le commissaire vient d’illustrer une phrase célèbre de feu le Cardinal Margéot qui résume bien la situation : met lisien vey sosis !
Dans le concert tardif des responsables des institutions affirmant qu’ils n’étaient au courant de rien et que les tortionnaires doivent payer, une voix a particulièrement choqué : celle du président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme. Depuis des années, les ONG, les travailleurs sociaux et des journalistes dénoncent la non-performance de cet ex-juge dont le mandat est régulièrement renouvelé par le gouvernement, sans doute pour des raisons que la raison ignore. La Commission Nationale des Droits de l’Homme n’a jamais fait son travail, même quand il a été révélé qu’un ancien commissaire des prisons obligeait les prisonnières à danser pour les invités à ses fêtes ! Au lieu d’ouvrir et de mener des enquêtes, la commission les bloquait malgré tous les efforts de feu Hervé Lassémillante — un vrai militant des droits humains ! — pour que le travail soit fait. Ce président, dont la principale activité est de voyager aux frais des contribuables et de se faire décorer, s’est fendu d’un bref communiqué suite à la découverte des vidéos de tortionnaires. Il a fait savoir que sa commission participe à la formation des policiers à qui elle est rappelle qu’ils n’ont pas le droit d’obtenir des aveux par la force ou d’autres méthodes répréhensibles. Mais, avoue le président, malgré les enseignements de sa commission, il y a des « policiers récalcitrants » qui persistent à utiliser des méthodes illégales.
Ce n’est pas grâce à l’action des « responsables » de cet acabit, grassement payés des fonds publics, que les droits humains seront respectés à Maurice !
Jean-Claude Antoine

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