Torturé par la police : Les Casernes centrales en possession d’autres vidéos depuis 2020

Les Police Headquarters étaient en présence d’allégations de torture contre des suspects depuis 2020, alors que Mario Nobin occupait encore le poste de commissaire de police. Outre les trois vidéos rendues publiques par l’activiste politique Bruneau Laurette samedi soir, et dont une copie avait été remise à un haut gradé par Rama Valayden depuis plusieurs mois, les Casernes centrales étaient aussi en possession d’au moins une autre bande, où deux individus étaient torturés avec un taser.

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Une source bien informée au Central CID confirme qu’elle ne concerne pas la Criminal Investigation Division (CID) de Terre-Rouge, mais plutôt une autre équipe. D’ailleurs, un autre avocat avait remis ladite vidéo à la police à l’époque. Avec les derniers développements survenus ces derniers jours sur des cas de torture, le CCID n’écarte pas la possibilité qu’un des protagonistes figurant sur cette vidéo se présente aux Casernes centrales dans les prochains jours pour porter plainte. Sans compter que Bruneau Laurette a déclaré qu’il fera le nécessaire pour emmener les autres victimes aux Casernes centrales.

Les protagonistes torturés dans deux vidéos sont connus et le troisième se fait attendre. Il s’agit d’un homme à moitié nu dont les poignets menottés sont derrière le dos. Un pneu est placé entre ses reins pendant qu’un homme portant un casque intégral lui donne des décharges électriques sur ses parties intimes avec un taser. La victime se plaint de douleurs en lançant : « korek, korek ». Mais ses tortionnaires lui donnent quand même encore quelques décharges, en dépit de ses supplications. Cette scène se déroule près d’un terrain en friche. Le Central CID tente d’identifier la personne.

Entre-temps, les enquêteurs ont prévu de contacter la direction de la prison pour qu’une équipe se rende à l’Eastern High Security Prison de Melrose pour recueillir le “statement” de David Jolicoeur (22 ans). Ce dernier est en détention provisoire depuis décembre 2018 pour un cas de meurtre. Il figure dans l’une des vidéos de torture qui se déroule près d’une rivière à Calebasse. En ce qui concerne l’authenticité des vidéos, la police souhaite entendre Bruneau Laurette qui les avaient postées sur sa page Facebook samedi, et Rama Valayden qui avait remis une clé USB à un haut gradé de la police, lors d’une rencontre en 2021.

Les enquêteurs ont reçu des informations que les vidéos ont été extraites du portable d’un des trois policiers arrêtés. Ce serait un proche qui les a transférées sur un appareil informatique. Sauf que pour protéger cette source de possibles représailles, il y a peu de chance que les deux dirigeants de Linion Pep Morisien citent un nom. D’ailleurs, Bruneau Laurette a déjà pris position en soutenant qu’il ne dévoilera pas sa source. L’équipe du chef inspecteur Dussoye estime « important » de savoir où proviennent ces images pour faire face à des arguments de vidéo montage.

À ce stade, l’inspecteur Hurryduth Derochoonee (49 ans), le sergent Poonith Reedoye (38 ans) et le constable Keertiwansing Gokhool (40 ans) ont opté pour garder le silence pour le moment. Ils souhaitent donner leurs versions en présence d’un avocat. Pour les besoins de l’enquête, la police compte examiner leurs portables bientôt.

En ce qui concerne le décryptage des vidéos, l’exercice aura lieu aussitôt que les enquêteurs auront remonté jusqu’à l’auteur qui a filmé ces scènes de torture. Au cas où cette étape ne pourrait être franchie, les limiers vont alors eux-mêmes prendre l’initiative d’examiner les vidéos. Les policiers impliqués seront alors confrontés à des séquences à l’Information & Technology Unit de la police.

Par ailleurs, le CCID enquête sur un autre aspect qui concerne la provenance des tasers, armes illégales à Maurice. Les enquêteurs n’ont pas encore déterminé si les tortionnaires présumés se sont procuré ces objets au marché ou s’il les tasers saisis ont été sous-chiffrés. Ils s’intéressent aux saisies effectuées en 2018. Le premier cas concerne 31 tasers saisis par la douane au Port en avril et qui a conduit à l’arrestation d’un habitant de Vacoas. Le même mois, le même organisme avait mis la main sur 11 tasers dans un entrepôt de la capitale.

La police avait alors interpellé un habitant de Brisée-Verdière. Ces deux protagonistes seront convoqués au CCID pour savoir combien d’armes ils avaient importé illégalement et si le nombre de saisie est correct.

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