JOURNÉE MONDIALE POUR UN TOURISME RESPONSABLE DEMAIN : Le tourisme durable, la planche de salut pour le secteur !

LINDSAY MORVAN

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Directeur de la Tourism Authority

Le 2 juin, nous célébrons la Journée mondiale pour un tourisme responsable (aussi connue comme le tourisme durable). L’occasion de rappeler en quoi consiste le concept, son importance ainsi que les actions menées au niveau local mais aussi ce qui reste encore à faire pour obtenir le sceau de « Destination verte ».

Le tourisme durable découle du concept de développement durable, défini par les Nations unies en 1987 et qui a pris tout son sens en 2015, avec la création des objectifs mondiaux, pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et assurer que les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité d’ici 2030.

Mais pour mieux concevoir le concept du tourisme durable, nous devons comprendre la contribution du secteur à l’économie mondiale et locale. Un secteur longtemps florissant jusqu’à la pandémie de la COVID-19. Selon les statistiques du « World Tourism Barometer » publiées en mai 2020, le nombre de touristes mondialement se chiffrait, en 2019, à environ 1, 5 milliard avec des revenus de Rs 63,7 billions de roupies (1,4 billion de dollars américains). Pour la même période, Maurice avait accueilli environ 1,5 million de touristes et le secteur, qui emploie quelque 100,000 personnes (emplois directs et indirects), avait généré un chiffre d’affaires de quelque Rs 63 milliards, ce qui représente environ 23 % (directs et induits) de notre PIB. D’où l’objectif du gouvernement mauricien à relancer rapidement le secteur afin de booster l’économie locale.

Toutefois, nous ne pouvons obliquer les effets néfastes du secteur touristique sur nos écosystèmes : forte consommation en ressources naturelles (énergies, eau et nourriture), quantités importantes de déchets, pollution de l’eau et des sols, et enfin la pollution de l’air. Selon les études menées à travers le monde, le tourisme serait à l’origine de 5% des émissions de gaz à effet de serre, une des principales causes du réchauffement climatique.

D’où la pertinence d’un tourisme responsable, qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil. Il s’applique à toutes les formes de tourisme et concerne toutes les parties prenantes, à commencer par l’État, le secteur privé, dont les opérateurs et tous les autres acteurs de l’économie ayant leurs activités directement et indirectement liées au secteur.

Sur le plan local, étant un petit État insulaire avec des ressources limitées, l’État comme le secteur privé ont compris, depuis plusieurs années déjà, la pertinence d’intégrer le développement durable dans le secteur touristique afin de préserver nos ressources et protéger notre environnement pour nous, nos enfants ainsi que pour les générations futures. Dès 1995, les entreprises avaient l’obligation par la loi de mettre en place un « Corporate Social Responsibility (CSR) Fund » avec pour objectif : alléger la pauvreté, soutenir les personnes en situation de handicap ou malades, promouvoir l’éducation parmi les personnes vulnérables ou encore soutenir tout autre domaine/secteur, pouvant générer des bénéfices aux communautés. Les entreprises dont les gros opérateurs du secteur touristique ont étendu leur engagement, au fil du temps, à la protection de l’environnement.

Au niveau du ministère du Tourisme, la Tourism Authority a été mandatée depuis sa création en 2006 pour encourager et accompagner les opérateurs à rendre leurs opérations plus propres et à promouvoir l’inclusion sociale. Depuis 2018, nous avons accentué nos actions et soutenons de manière plus durable les opérateurs à travers le projet Sustainable Island Mauritius (SIM), cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du « Switch Africa Green », qui encourage la transition vers un tourisme durable. Depuis son lancement, pas moins de 2,000 opérateurs mauriciens et rodriguais, notamment des chauffeurs de taxis, des tour-opérateurs, des guides touristiques, des plaisanciers ainsi que ceux évoluant dans le secteur de l’hébergement, ont bénéficié d’une série de formations afin qu’ils puissent rendre leurs activités plus respectueuses de l’environnement et réduire, en même temps, leur empreinte carbone. Nous menons également des campagnes de sensibilisation auprès des opérateurs ainsi qu’auprès du grand public sur l’importance de protéger notre environnement.

Énormément a été fait tant du côté de l’État que du secteur privé. La preuve, nous l’avons vu lors de la première édition du Sustainable Island Mauritius Awards 2022, qui nous a permis de prendre connaissance des réalisations dans les divers domaines du secteur. Mais nous sommes encore loin de la reconnaissance internationale pour reconnaître Maurice comme une destination verte. Cette reconnaissance est encore plus importante aujourd’hui car la pandémie de la COVID-19 a eu un impact sur le monde du voyage et le comportement des voyageurs. Ces derniers sont plus méticuleux dans leur choix de destinations et ont, de plus en plus tendance, à choisir celles ayant adopté les principes du tourisme durable. Une tendance qui est apparue, il y a quelques années, et qui s’est amplifiée avec la pandémie.

La pérennité et la résilience du secteur passent donc impérativement par le tourisme durable.

Pour pouvoir aspirer à la certification de « Destination verte », il est nécessaire d’instaurer un comité de gestion élargi comprenant collectivités locales, différents ministères, ONG et experts du secteur privé afin de mettre en œuvre une stratégie commune à toutes les échelles de l’économie.

 Nous devons pouvoir utiliser davantage la technologie pour mesurer les impacts de nos actions et appliquer les mesures correctives nécessaires.  Nous devons nous inspirer de ce qui est fait au village Le Morne ainsi qu’à Vieux Grand Port, qui se sont engagés à faire du tourisme un puissant moteur de leur développement et de l’inclusion sociale. D’ailleurs, leur travail a été reconnu lors de la 24e session de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), durant laquelle ils se sont vu décerner le titre de « Best Tourism Villages » 2021.

 Le tourisme durable relève également de la responsabilité individuelle des voyageurs dans leurs comportements, leurs gestes au quotidien et leurs choix de prestataires et de destinations. Et, il y va de la responsabilité des opérateurs de sensibiliser leurs clientèles aux problématiques de la durabilité et leur mieux faire connaître les pratiques de tourisme durable.

Le tourisme est un acteur important de notre économie et a démontré jusqu’ici, sa capacité à soutenir l’emploi, promouvoir l’intégration sociale inclusive, protéger le patrimoine naturel et culturel, conserver la biodiversité, créer des moyens de subsistance durables et améliorer le bien-être des communautés. Nous ne devons pas nous arrêter en si bon chemin et devons continuer nos efforts pour promouvoir le tourisme durable car il y va de l’avenir de notre île et de nos enfants ainsi que des générations à venir.

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