La Côte d’Or International Racecourse & Entertainment Complex (COIREC) a pris la décision d’accorder l’exploitation de la piste du Champ-de-Mars aux deux entités qui avaient soumis leur application le 24 mai. La Mauritius Turf Club Sports and Leisure Limited (MTCSL) et la People’s Turf PLC devront se partager alternativement l’utilisation du seul et unique hippodrome à Maurice s’ils le souhaitent. Si à la People’s Turf PLC, cette solution est acceptable et engendre la satisfaction, en revanche au sein de la MTCSL, c’est la grande déception, au point, où jusqu’ici, la décision de ne pas prendre la licence est largement majoritaire au sein du club. Dans cette conjoncture il est également question que plusieurs écuries envisagent aussi de se retirer.
Visiblement, la COIREC n’a pas voulu se mouiller et a pris la décision la plus facile tout en sachant que dans le concret ce mariage forcé n’a aucune chance de réussir. La COIREC a convoqué les représentants des deux organismes pour leur annoncer sa décision qu’ils connaissent déjà.
Dans les rangs de la People’s Turf PLC, cette décision est accueillie favorablement; par contre, chez la MTCSL, c’est l’incompréhension la plus totale, voire l’indignation. Mais les choses étant ce qu’elles sont actuellement dans le monde hippique, la MTCSL renoncera à l’offre qui lui est faite. On lui prête l’intention de se retirer tranquillement et laisser le champ libre à la People’s Turf Club. Du reste, les dirigeants de la MTCSL avaient déjà prévu un tel scénario avant même de faire acte de candidature et avaient déjà établi la marche à suivre si une telle éventualité se concrétisait.
Le responsable de People’s Turf PLC, Khulwant Kumar Ubheeram, partenaire de l’incontournable Jean Michel Lee Shim, le magnat des paris mauriciens, déclare : « Je viens de prendre connaissance du communiqué émis par la COIREC. Je voudrais d’abord féliciter la MTCSL car son application également a été retenue. Quant à nous, nous avions soumis notre application en se basant sur les meilleures pratiques hippiques utilisées dans le monde, et je suis très heureux que la COIREC nous a fait confiance. J’espère que tous les entraîneurs, les propriétaires, les palefreniers et les parieurs sortent gagnants. Moi, de mon côté, je suis impatient de travailler avec la COIREC et je donne rendez-vous aux turfistes à très bientôt ».
Pas question
Par contre, la déception était palpable au niveau de la MTCSL qui, selon des renseignements disponibles à hier soir, compte ne pas demander de licence d’opération pour la saison 2022. « Si c’est le vœu du gouvernement qu’il en soit ainsi, mais il n’est pas question que nous nous associons avec qui que ce soit car nous considérons que la MTCSL est la seule affiliée à la Fédération internationale des Autorités hippiques et donc, la seule capable d’organiser les courses à Maurice. Du reste, nous le faisons depuis 210 ans. La COIREC a fait son choix et nous ne pouvons que l’accepter. Quant à nous, nous allons devoir revoir notre copie pour que le MTC demeure. Nous avons des infrastructures et des facilités au Champ-de-Mars et il s’agit de les louer à l’organisme qui va organiser les courses. Nous louerons tout ce qui peut être loué et nous rentabiliserons tout ce qui peut être rentabilisé. L’important, c’est que nous nous fassions le plus d’argent possible pour que le MTC reste en vie en attendant des jours meilleurs », déclarent des sources autorisées au MTC.
Le MTC est effectivement d’avis qu’il doit rester à l’écart de People’s Turf PLC dont l’actionnaire principal n’est autre que Jean Michel Lee Shim, qui est également propriétaire de plus de 120 chevaux placés dans différentes écuries sans oublier qu’il est à la tête de SMS Pariaz et d’une galaxie de compagnies de paris et des loteries en tout genre. « Tout ce méli-mélo fait qu’il y a une ambiance malsaine dans le giron hippique mauricien, mais qu’on le veuille ou non, la situation ne peut que se dégrader au fur et à mesure que les journées se dérouleront », prévoit-on.
Le MTC reprend les rênes et maintient ses actions en justice
Ainsi, le MTC ne veut prendre aucun risque et compte prendre le relais de la MTCSL, mise en veilleuse, pour mieux contrôler et gérer la situation. Tous les Boxes que ce soit à Port-Louis ou à Floréal seront loués aux écuries tout comme l’utilisation du paddock, des gradins, de la photo-finish, du studio et des espaces mis à la disposition des bookmakers, des totes et de SMS Pariaz. Le MTC économisera aussi sur les frais d’organisation de même que sur le Pre-Race Tests et tests anti-dopage et les salaires des palefreniers qui, selon les nouveaux réglements, doivent être honorés par les écuries.
Le MTC devra aussi revoir son personnel et sait que certains ont déjà programmé leur départ pour la People’s Turf PLC. Mais mettre en place toute cette organisation peut prendre encore quelque temps, d’autant qu’il faudra pour les organisateurs choisis passer par la carte Gambling Regulatory Authority (GRA); et c’est la raison pour laquelle, la saison 2022 ne débutera pas avant le budget. Les entraîneurs, les propriétaires, les jockeys et les turfistes devront faire preuve encore de patience.
Si le MTC se mettra en retrait, en revanche elle demeurera en mode attaque car il compte maintenir toutes ses actions en justice concernant la piste du Champ-de-Mars dont le bail lui a été retiré sans préavis par la municipalité de Port-Louis et ses droits intellectuels, notamment le programme officiel.
Par ailleurs, le MTC compte faire respecter son Copyright et ne donnera pas la permission à la Horse Racing Division d’utiliser et d’exploiter les noms de ses épreuves phares et classiques, telles la Duchess of York Cup, la Barbé Cup, la Maiden Cup, la Duke of York Cup (Coupe d’Or), la Princess Margaret Cup, et la Coupe du Bicentenaire.
Enfin, la nouvelle à l’effet que la People’s Turf PLC organisera selon toute probabilité la présente saison des courses semble refroidir plus d’un. Ainsi, pas moins de six entraînements réfléchissent à leur avenir immédiat. Des entraîneurs qui n’ont aucun cheval de Jean Michel Lee Shim ou des partenaires attendent le retour Ramapatee Gujadhur qui regagnera le pays vendredi pour prendre une décision collective.
Affaire à suivre.