Marchands de plage : Situation très critique des opérateurs

« La situation est critique. Nous survivons à peine. Nous devons faire en sorte de nourrir nos familles avec le peu que nous gagnons », soupire Joomeed Aubeeluck, président de la Federation of Beachhawker’s Association. La situation des marchands de plage, dit-il, « ne s’est pas améliorée, malgré la reprise » au niveau des arrivées touristiques. Il estime « très dangereux quand les habitants d’un pays commencent à avoir faim ».

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Pour les fêtes de fin d’année et pour Pâques, confie Joomeed Aubeeluck, les colporteurs de plage ont eu « quelques clients ». Mais tout de suite après, « travay inn retonbe ». Dépendant de la catégorie des hôtels, fait-il ressortir, les arrivées touristiques varient. « Là où nous travaillons, les hôtels ne sont pas très remplis par les touristes. Plus les hôtels sont luxueux, et moins il y a de clients actuellement. En ce moment, nous avons davantage des touristes avec des revenus limités. Pour nous, ce n’est pas la quantité de touristes qui compte, mais les touristes plus aisés séjournant dans les grands hôtels. Mais nous ne voyons pas ce type de touristes pour le moment. »

Malgré la reprise du secteur touristique, le sort des marchands de plage ne s’est pas amélioré pour autant, à en croire le président de la Federation of Beachhawker’s Association. « Il y a une reprise, mais ce n’est pas comme avant la pandémie. Nous réalisons peut-être 30 à 40% de notre travail d’avant le Covid-19. Et encore… Il y a des jours où il y a de petits groupes de Sud-africains, mais ceux-ci ont aussi été financièrement impactés. Ils n’ont de fait pas beaucoup de moyens pour dépenser. Vous pouvez voir beaucoup de touristes sur la plage, mais cela ne veut pas dire qu’ils vont effectuer des achats. »

Pour beaucoup de marchands de plage, aujourd’hui, fait ressortir Joomeed Aubeeluck, « cela ne vaut plus la peine de venir travailler » sur les plages. « Du reste, beaucoup ont rendu leur patente. » Ainsi, de 500 colporteurs de plage autrefois, le nombre a chuté à environ 400. « Et de ces 400, on saura combien il restera après juillet, car beaucoup ne renouvelleront pas leur patente. »

Certains se sont reconvertis dans la maçonnerie, comme marchand de légumes, pêcheur, etc. « Il n’y a pas eu de grand changement depuis la fermeture des frontières. Si on doit aller à la plage et s’asseoir jusqu’à la fin de la journée sans client, c’est plus stressant. Sur les plages, on peut dire qu’il n’y a même pas de clients, car ils ne sont pas nombreux dans les hôtels. Quand les hôtels disent qu’ils sont remplis à 60-75%, il y a beaucoup de Mauriciens. Ceux-ci ne représentent pas des clients pour nous. Même, il y a des hôtels où il y a des touristes indiens, mais ceux-ci n’achètent pas de produits artisanaux. Ils vont davantage s’essayer aux activités aquatiques. »

De ce fait, l’avenir « est bien sombre ». C’est le moins que puisse dire Joomeed Aubeeluck. « J’ai beaucoup travaillé avec les étrangers autrefois. Je m’occupais des réfugiés de guerre. Et je sais que c’est très dangereux quand les habitants d’un pays commencent à avoir faim. Et c’est ce qu’on commence à voir dans notre pays. » Il partage ainsi la tristesse qu’a eue son fils de voir un ami ne plus recevoir d’argent de ses parents pour acheter un goûter. « Ki landemin pou sa bann zanfan-la ? » demande-t-il.

En prévision du prochain exercice budgétaire, le président de la Federation of Beachhawker’s Association dit « ne rien demander au gouvernement », si ce n’est juste « un peu de soutien ». Il conclut : « Même si on demande des choses, ce sera peine perdue, on le sait. Ki pou fer, nou plore plore, larm inn fini, ki pou plore ?! »

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