Comme il est petit

Non, ce n’est pas pour dire du mal de sa taille. On ne la choisit pas mini ou maxi. Ce n’est pas à la carte. C’est un trait de naissance qui vous est imposé. Ce n’est pas non plus pour commenter son accoutrement à la balade de Bras D’eau de dimanche dernier, avec ce t-shirt qui a suscité des réactions sarcastiques sur la toile. Mais, vraiment, comme il est petit. Dans le sens mesquin du terme. On savait Pravind Jugnauth capable d’un niveau de langage et d’arguments absolument méprisables et que c’est, d’ailleurs, lui qui inspire ses semblables, Speaker, ministres et députés confondus et qui ont le don de sortir n’importe quelle énormité, même à l’Assemblée nationale.

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Mais il paraît qu’il peut en faire encore plus. On avait fini par s’habituer à ses sorties de caisse de savon à l’Assemblée nationale. Il semble, en fait, progresser rapidement dans son registre de la vindicte et de la bassesse. C’est, paraît-il, sans limites. Après avoir, comme d’habitude, pris une semaine pour préparer sa réplique aux commentaires de l’opposition sur un simple texte du nom de National Environment, le Premier ministre a offert un résumé des débats digne d’une bagarre de taverne. Il n’est définitivement pas comme son père et d’autres Premiers ministres, d’ailleurs, qui, dans leur summing-up sur les projets de loi ou des motions, se contentaient de réfuter sur-le-champ les arguments mis en avant. Que cela satisfasse les attentes des interventions contradictoires ou pas.

Les critiques de l’opposition étaient absolument justifiées sur ce National Environment Cleaning Bill, une appellation ridicule, parce que l’on ne nettoie pas l’environnement, on le protège plutôt et on nettoie la saleté d’abord. Ìl y a les administrations régionales, municipalités et conseils de district, dont la vocation première est précisément d’assurer le nettoyage de leurs agglomérations respectives, il y a les diverses agences gouvernementales qui assurent l’entretien des lieux publics.

Il y a aussi cette Mauri-Facilities créée en 2017 par Landscope et que préside une intime du Premier ministre, Sarah Rawat-Currimjee. Cette entité publique enregistrée comme une compagnie privée a recruté plus d’un millier de personnes. Avec quels résultats ? Aucun contrôle ni sur ses activités ni sur sa gestion financière. En attendant que le directeur de l’Audit s’y intéresse de plus près. En créant un nouvel organisme, ce qui est une aberration en ces temps de restriction budgétaire et d’exigence de rigueur, c’est une motion de blâme qu’il administre à tous ses propres agents politiques, placés ici et là, pour profiter de sinécures et abuser des privilèges de leurs fonctions.

Aux critiques, le Premier ministre répond toujours par des attaques personnelles sur un ton de meeting de campagne électorale. Lorsqu’il n’affiche pas son obsession pour Navin Ramgoolam et qu’il ajoute la Macarena à toutes les sauces, il lui arrive même de s’en prendre aux morts, à un ancien député décédé Krishna Lloyd Baligadoo et aussi à un ancien président de la République qui avait aussi connu la députation, Cassam Uteem.

Oui, Pravind Jugnauth est remonté jusqu’à 1988 pour dénoncer Lloyd Baligadoo, qui avait critiqué la National Development Unit. Ce député, qui prenait le bus et qui accompagnait ses mandants aux bureaux de la CWA ou du CEB pour les aider à payer ou pour contester les tarifs exigés, voyait la NDU comme une menace à l’autorité et à la souveraineté des municipalités élues, particulièrement performantes à cette époque.

Et lorsqu’il avait fini avec les années 1980, il est passé à la période 2000-05, celle où il était ministre et qu’il l’a apparemment effacé de sa mémoire. Il a parlé de ce qu’il appelle la « rocksand saga » de 2002 sorti de son imaginaire malsain. Ce qu’il appelle la « rocksand saga » était en fait un des premiers actes courageux en matière de protection de l’environnement. Elle mettait fin à une extraction de sable incontrôlée et terriblement dommageable pour les côtes.

En matière de saga, on peut aussi aller « down memory lane » et établir une belle liste non-exhaustive : la Delphis Bank saga, où l’emprunt non payé fut, a posteriori, converti en honoraires, la Sun Trust saga et ses Rs 43 millions, la nationalité saga où c’était un seul cabinet qui traitait des demandes des hongkongais, la Petite Rivière saga et le bribe contraint d’être restitué à un investisseur plumé, les Rs 19 millions de la BAI saga, la Huawei/Safe City saga et ses 19 millards, la MedPoint saga et ses Rs 144 millions, l’Angus Road saga et ses petits reçus de paiement en tranches style Mammouth, ou même la Pack & Blister saga du comité national Covid sans procès-verbal. Une riche collection !

Et dire que certains osent rêver de Pravind Jugnauth en homme d’État ! Faudrait déjà avoir un peu de hauteur de vues pour y aspirer. Or, tout dans le comportement de Pravind Jugnauth révèle une personnalité complexée qui a invariablement besoin de convoquer le passé pour essayer de s’inventer consistance et substance au présent. Avec lui, pas de grande vision d’avenir, pas de projets d’embrigadement d’une nation tout entière derrière un projet mobilisateur et novateur.

Son père avait raison. Si celui qui le connaissait le mieux avait dit qu’il l’avait découragé à s’engager en politique, c’est qu’il savait de quoi il parlait. Mais le bonhomme a, sans doute, eu le tort de céder aux pressions pour lui offrir le leadership du Sun Trust et le primeministership. Terrible legs !

PS : Nos lecteurs nous ont signalé un oubli dans la liste non-exhaustive des hommes du pouvoir qui ont vu leur entourage proche être impliqués dans le trafic de drogue que nos évoquions dans nos commentaires de la semaine dernière. Ils ont tenu à nous rappeler que le chauffeur de Kavy Ramano avait aussi été arrêté fin 2018 pour délit de drogue. Le prévenu avait prétendu avoir ramassé des graines de cannabis dans la rue. Pas étonnant que peu de temps après, éconduit par les travaillistes, le député a été grossir les rangs du Sun Trust. Gouvernma dan nou lamé, non

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