Ki sa « bann la » ki pe touy lekours ?

A Chamarel vendredi, alors qu’il s’apprêtait à s’engouffrer dans sa voiture après l’inauguration d’une zone Wi-Fi gratuite, le Premier ministre Pravind Jugnauth a répondu à cette question d’un journaliste : « Bann la pe dir gouvernman pe touy lekours ?»
Et sa réponse a été spontanée et révélatrice : «Ena bann aplikasion kinn faire divan GRA. Mo pa oule fer okenn komanter lor la. Sa bann la ki ti pe rod touy lekours. Nou, nou pe fer le neseser».
Cette réponse laconique du PM mérite que l’on s’y attarde. D’abord, il faut préciser que les applications n’ont pas été déposées devant la GRA, mais ont été soumises à la Côte d’Or International Racecourse and Complex Ltd. A moins qu’au final… cette entité soit finalement entre les mains de la GRA de Dev Beekharry, ce qui serait alors un nouveau fait troublant — pas surprenant pour nous — à verser dans le scandaleux dossier d’enlever définitivement l’organisation des courses au MTC, — club bi-centenaire qui l’a fait comme un long fleuve tranquille avec quelques cascades — qui traîne depuis maintenant plus de dix semaines.
Et pour avoir une idée plus claire sur l’identité de ceux qui veulent réellement « tuer les courses », nous conseillerons à Monsieur le Premier ministre de se référer à l’interview de l’ex-Integrity Officer de la GRA, le très estimé Paul Beeby, qui avait confié à Week-End que le ‘Senior Advisor’ du PMO, Dev Beekharry, lui avait fait comprendre qu’il fallait éliminer Paul Foo Kune des courses et qu’il fallait détruire le MTC. Cette déclaration a été faite le 1er juin 2021 et elle n’a jamais été contestée par qui que ce soit, pas même par Dev Beekharry, qui devra rendre des comptes le moment venu — surtout les douches écossaises — ni verbalement ni par écrit.
Et puis, si le Monsieur le Premier ministre veut savoir « ki sann la pe touy lekours ? », il n’a qu’à consulter le nombre de décisions prises à l’encontre de l’industrie des courses et du Mauritius Turf Club depuis 2015 par les gouvernements qu’il a dirigés. Énumérer cela en détail serait fastidieux. D’autant qu’à chaque présentation de budget, toute une série de décisions visant à restreindre la marge de manœuvre du MTC, tout aussi bien que ses prérogatives, ont été constamment réduites, année après année. Mais plus astucieux encore, demeure la stratégie d’étranglement financier du MTC, aujourd’hui en quasi-faillite.
Monsieur le Premier ministre qui a éhontément déclaré dans une radio locale, lors d’une interview pré-électorale, qu’il ne connaît pas Jean Michel Lee Shim, peut-il nous dire à qui profite l’interdiction des bookmakers off-course, l’augmentation de la taxe sur les paris, la tenue des journées de courses à huis clos, l’absence d’une enquête sur les chevaux importés malgré ce qu’ont dit les députés au parlement et la passivité des autorités en ce qui concerne les bookmakers clandestins et les paris illégaux ? Ou encore l’absence d’une enquête sur les bookmakers évoluant on course et qui ne déclarent jamais plus de Rs 800,000 par journée, alors que leurs collègues font des chiffres d’affaires nettement supérieurs ? Au même titre que le silence coupable des autorités sur l’identité du vrai propriétaire de SMSpariaz — dont un courrier pourtant bien rangé à la GRA qui le désigne en tant que tel —, qui est toujours une compagnie privée, malgré ses activités de paris hippiques, alors qu’elles ont imposé la création d’une compagnie publique par le MTC, la MTC Sports and Leisure Limited, qui n’a rien à voir avec les paris ?
Monsieur le Premier ministre, vous qui savez tout, et veut faire porter des œillères à la population, il est temps que vous cessiez de prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.
En début de semaine, vous vous êtes pris aux organisateurs des différentes manifestations de protestation contre les divers augmentations de ces derniers jours en ces termes : « Ki zot anvi fer ? Renvers sa gouvernman la. Renvers enn gouvernman ki finn eli demokratikman ? ». Mais qu’avez-vous fait vous-même avec Jean Michel Giraud, président du MTC démocratiquement élu ? Qui a donné les instructions à ces émissaires qui ont emmené VOS messages pour LUI demander de quitter son poste avec un chantage de bas étage dont les victimes allaient être des employés et palefreniers du MTC, privés de salaires ? Vous n’allez quand même pas nous dire que vous n’y êtes pour rien dans ce qui s’est passé — le fameux « pa mwa sa, li sa » — car le pays tout entier sait que tel serait votre désir pour préparer la voie royale du contrôle des course hippiques à Maurice à VOTRE Jean-Michel, celui qui vous a fait gagner des « courses » que vos adversaires qualifient de « truquées », mais qui est en train de vous faire perdre le nord…et peut-être les prochaines échéances électorales.
Au fait, à bien voir Monsieur le premier ministre, il n’y a pas que le sport hippique qui « bann la » — que vous identifierez mieux avec ses suiveurs en regardant dans un miroir — « pe touy », il y a aussi, l’économie, les plages, la mer, la méritocratie et même à petits feux, mais certainement notre démocratie.
Il est peut-être encore temps pour vous de vous ressaisir et par la même, changer le ton avec lequel vous adressez la parole à la population. Un peu plus de modestie, un peu plus de compassion comme le fait si bien le président Seychellois Wavel Ramkalawan pourrait calmer cette vague de colère qui prend de plus en plus d’ampleur ces derniers jours ! Car s’il y a une chose que nous ne souhaitons pas c’est que « bann la touy », le vivre-ensemble morisien !
Œil de Lynx

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