Jayen Chellum secrétaire général de l’ACIM : « On nous a mis les bâtons dans les roues, mais le message est clair désormais »

Les manifestations sont impossibles de manière classique à l’heure qu’il est. Qu’importe, le public a répondu en grand nombre à l’appel de Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM), pour participer au rallye de protestation contre la hausse démesurée du prix du carburant. Des centaines de voitures et deux-roues, roulant au pas, ont parcouru les grandes avenues du centre de la capitale, dans un concert de klaxons, conduits par des manifestants portant en grande majorité des masques et scandant des slogans comme « Liberté ! » et « Lepep pe soufer ! » Certes, sans l’appui des partis de l’opposition et des activistes Georges Ah Yan et Percy Yip Tong, les choses auraient peut-être été différentes, mais Jayen Chellum peut se targuer d’avoir mobilisé la même foule enthousiaste que lors du rallye qu’il avait organisé, le 7 août 2021, contre la hausse du coût de la vie.

- Publicité -

Jayen Chellum avait la mine fatiguée, la voix rouillée et les jambes en compote à l’issue du rallye, mais le soulagement et la satisfaction pouvaient se lire sur son visage, d’autant qu’il avait placé la barre très haut après avoir essuyé le refus de la police, puis soumis aux conditions fallacieuses des Casernes centrales. Les objections contre la tenue de ce rallye dans la capitale avaient pour toile de fond le fait que plusieurs conditions, imposées lors du rallye du 21 août dernier, n’auraient pas été respectées. Or, la Cour suprême a finalement tranché en faveur de l’ACIM. « On a tenté à de nombreuses occasions à me mettre des bâtons dans les roues, mais eu égard à cette forte mobilisation, il est clair que le Premier ministre et son gouvernement ont reçu le message 5/5 », confie Jayen Chellum.

Les députés du PTr Arvin Boolell, Eshan Juman et Osman Mahomed et le conseiller municipal du PMSD Mamad Khodabaccus étaient présents sur le coup de 13h45 pour encourager les manifestants. « Le gouvernement est responsable de la détérioration de l’économie et de l’indice de corruption qui sont la cause principale de la hausse exagérée des prix. Les Mauriciens doivent se mobiliser, d’où ma présence aujourd’hui aux côtés de Jayen Chellum », soutient le dernier nommé. Outre la présence en grand nombre des dirigeants et des partisans de Linion Pep Morisien (LPM), les membres d’En Avan Moris de Patrick Belcourt font leur entrée à bicyclette.

Les motocyclistes en force

Il est 14h, l’heure du grand départ à la rue Volcy Pougnet, qui constitue, comme à l’accoutumée, le lieu de départ de la mobilisation de cet acabit. Sauf que les officiers des forces de l’ordre, présents en grand nombre pour réguler le trafic, n’ont pas encore donné le feu vert pour l’entame, car une dizaine de participants à la mobilisation sont sortis de leurs véhicules et sont priés de se presser pour respecter le bon déroulement du trajet. Un haut-parleur diffuse en boucle la chanson Citoyen, lévé pep citoyen de Ras Ti Lang, histoire de faire monter la ferveur. Il est 14h15. La police avance qu’aussitôt la manifestation lancée. Pavoisés pour la plupart du drapeau quadricolore, les manifestants traversent les rues de la capitale sous les yeux et les encouragements de piétons. Jayen Chellum, Bruneau Laurette et d’autres membres de LPM et de l’ACIM sont juchés sur le caisson d’une camionnette en agitant des pancartes et des drapeaux. Force est de constater que les motocyclistes se sont fortement mobilisés et dans un concert de klaxons, qui plus est.

Après avoir arpenté la rue Deschartes, les manifestants ont ensuite convergé vers la rue Lord Kitchener en trouvant en chemin des soutiens et des slogans hostiles au chef du gouvernement, dont le fameux « B… li deor. » La traversée de la rue John Kennedy se fait également sous les yeux et les encouragements des nombreux badauds.

À un certain moment, les convois se retrouveront scindés en deux, voire en trois parties. Ce qui a eu le don de semer la confusion dans les rangs des policiers. Les choses rentreront dans l’ordre à la rue Lord Kitchener grâce à une meilleure organisation de tout un chacun.

Perçue comme des « atteintes aux libertés fondamentales », le port du masque et la jauge de 50 personnes obligatoire lors des rassemblements sont également au cœur de la mobilisation, au même titre que des manifestants tirant à boulets rouges sur le Speaker de l’Assemblée nationale. Les slogans s’enchaînent dans une ambiance sereine et plutôt festive à la Place d’Armes. Même atmosphère à Plaine Verte, des hommes, femmes et enfants, à bord d’un van, chantent à tue-tête. Sous le vacarme des klaxons et les regards inquisiteurs des policiers, les manifestants ont finalement emprunté les rues SSR, Pope Hennessy, Lislet Geoffroy pour regagner à nouveau Volcy Pougnet. La manifestation s’est déroulée sans anicroche et avec peu de perturbations de la circulation.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -