Esprit d’entreprise : L’engagement de La Déchetèque dans l’économie circulaire

L’île Maurice est frappée de plein fouet par les effets du changement climatique. Diverses politiques sont mises en place afin de protéger le pays. De l’autre côté, le centre d’enfouissement à Mare-Chicose, qui est arrivé à un point de saturation, n’améliore pas le sort du pays en matière environnementale.

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De ce fait, afin de diminuer la grande quantité de déchets qui est produite, il faut se tourner vers une économie circulaire. Aujourd’hui, plusieurs organisations privées sont dans cette aventure. La Déchetèque, une entreprise privée de vente et d’achat en ligne, est la preuve que l’économie circulaire a toute sa raison d’être à Maurice.

À l’initiative de The Good Shop Mauritius pour sensibiliser à l’importance de l’économie circulaire à Belle-Rose, jeudi soir, Stéphanie Bouloc, fondatrice de La Déchèteque, a partagé son expérience sur le sujet. L’idée de se lancer lui est venue lorsqu’elle travaillait dans des entreprises. « Je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup de matériaux, soit des restes d’un chantier, une commande qui n’avait pas été utilisée. Il y avait tout un gisement qui dormait et, en face, il y avait une demande des matériaux », a-t-elle expliqué.

Pour elle, il était inconcevable d’avoir autant de matériaux en bon état alors que des gens en cherchent et ne savent pas où en trouver. « L’idée était d’établir une Match-Making Solution entre le gisement des matériaux et les réutilisateurs », a-t-elle dit. De ce fait, elle a créé sa plateforme en ligne, La Déchetèque, pour établir un lien entre le vendeur et l’acheteur. La Déchetèque se concentre principalement sur les matériaux de construction.

Pour avoir accès à la plateforme, il suffit de s’inscrire et d’ouvrir son compte. Pour vendre son produit, l’utilisateur de la plateforme est appelé à prendre une photo de son produit, le mesurer et le décrire. Selon Stéphanie Bouloc, la plateforme offre une grande flexibilité à l’utilisateur. « Une fois le produit acheté, il faut aller chercher le produit chez la personne qui a mis à disposition ce matériel », a-t-elle dit. L’entreprise n’offre plus le service de transport.

Depuis le lancement de La Déchetèque, elle a noté un engouement pour plusieurs types de produits. « Nous avons plus de 180 comptes qui achètent ou qui vendent. Malheureusement, nous n’avons pas assez de matériaux », a-t-elle déploré. Et d’ajouter qu’elle reçoit des appels tous les jours pour certains produits. C’est au vendeur de décider du prix auquel il vend son produit. Mais pour Stéphanie Bouloc, ce dernier est toujours avisé que le prix est de 50 à 80% du prix neuf. « L’objectif est que cela ait déjà une première vie. »

La fondatrice de La Déchèteque a fait ressortir que le prix peut être modifié si au bout d’un mois aucune personne n’a manifesté de l’intérêt. Dans le domaine de la construction, elle a constaté que le bois est très bien vendu, étant donné que le prix est cher. Toutefois, elle regrette qu’il existe une pénurie de palettes en ce moment. Les produits antiques sont aussi très recherchés. Récemment, elle a aussi noté une bonne vente des Aluminium Louvers, soit des anciennes fenêtres typiquement mauriciennes. Elle a avancé toutefois que les types de produits vendus dépendent aussi de l’humeur du moment. Les plus intéressés à acheter sont des gens qui ont des projets de rénovation.

Très engagée dans la protection de l’environnement, Stéphanie Bouloc note que dans le monde entier, les gens ne sont pas bien informés sur la gestion des déchets. « On manque d’éducation et de clarification. Mais aujourd’hui, il faut savoir où trouver des informations. Il y a beaucoup d’initiatives mais il faut savoir où en trouver », a-t-elle fait ressortir. Face au problème de gestion des déchets à Maurice, cette activiste croit qu’il faut arrêter de consommer sans réfléchir.

« Avant d’acheter un produit, il faut penser si on pourra en séparer proprement », a-t-elle dit. Le fait de pouvoir réfléchir de cette manière, selon elle, est un pas dans la bonne direction. Ce type de réflexion, a-t-elle fait ressortir, doit se faire au quotidien. Elle croit fortement dans la collaboration entre les individus pour bien gérer les déchets. Elle suggère que les voisins puissent décider de donner toutes leurs bouteilles en plastique ou en verre à un voisin en particulier. Ce dernier pourra les prendre et les déposer dans des endroits convenables pour leur recyclage.

Malgré l’environnement fragile de Maurice, Stéphanie Bouloc note que plusieurs personnes commencent à prendre conscience de l’importance du recyclage. Elle croit aussi qu’il faut cesser d’utiliser le terme « jeter », mais trouver des solutions qui seront une valorisation par le recyclage. Dans cinq ans, la fondatrice souhaite que la population et les entreprises aient le réflexe de se tourner vers un produit de seconde main qui existe.

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