La Federation of Pharmaceutical Sector brandit une menace, et non des moindres: si le gouvernement décide de réviser à la baisse la marge de profit sur les médicaments, les pharmacies n’auront pas d’autre choix que de procéder à un « dégraissage » de son personnel.
Rencontrant la presse, hier, dans la capitale, à l’hôtel Le St-Georges, Ashwin Dookun, porte-parole de la Retail Pharmacist Association, a depuis 2019 estimé que la situation de plusieurs pharmacies avait déjà viré au rouge. Voilà pourquoi la fédération en question avait commandité un rapport d’une firme privée, qui avait recommandé de réviser à la hausse la marge de profit des pharmaciens de quelque 400 pharmacies. Maintenant, si le gouvernement entend réduire la marge de profit, « il est malheureux de le dire, nous allons devoir appliquer le dégraissage pour environ 1000 à 1500 personnes qui travaillent dans les pharmacies ».
La situation financière des pharmacies a commencé à prendre du plomb dans l’aile depuis l’introduction du salaire minimum, la hausse du prix du carburant, l’introduction de la Contribution sociale généralisée et l’introduction du Portable Gratuity Retirement Fund (PRGF).
« Nous avons eu vent que le gouvernement a signifié son intention de revoir à la baisse la marge de profit des pharmacies après la récente Private Notice Question du leader de l’opposition », a déclaré Ashwin Dookun. Il serait plus approprié, à son avis, que le gouvernement convoque une table-ronde avec toutes les parties concernées pour connaître les difficultés auxquelles font face les pharmacies avant de procéder à une baisse de marge de profit. Il y a une mauvaise perception dans le public que les pharmaciens font d’énormes profits sur les médicaments alors que pas moins de 65 % des pharmacies opérant dans le privé sont déjà dans le rouge, dit-il.
La dernière révision du Mark-up des pharmaciens remonte à 2004. Depuis, des « Corporate Pharmacies, déjà dans le wholesale et le retail, ont vu le jour dans les shopping centres. Pour eux, une baisse dans la marge de profit ne va pas se faire sentir. Maintenant si on baisse la marge de profit, cela deviendra une compétition déloyale avec les 65% des pharmacies qui opèrent dans le privé. De nombreuses pharmacies seront alors appelées à mettre la clef sous le paillasson », a-t-il jaugé.
Pour Siddick Khodabaccus, porte-parole de la Federation of Pharmaceutical Sector, la situation « est grave » pour les pharmaciens. « Nous apprenons que le gouvernement veut réduire nos profits. Nous disons Enough is enough. Nou pe santi pe met lamin pe trangle nou », a-t-il estimé. À ce jour, le secteur pharmaceutique opère sur une marge de profit de 33%, soit 11% pour les grossistes et environ 22 % pour les détaillants. En réalité, avance-t-il, le mark-up de 22% ne signifie pas grand-chose si on prend en considération divers facteurs, tels que l’enveloppe salariale et la location des espaces. En sus de cela, le coût du fret est passé à Rs 5800-Rs 6000 pour un container de quarante pieds alors qu’auparavant le même se situait à environ Rs 2 800. « Bes lamarz profi est un faux débat », soutient Siddick Khodabaccus. Poursuivant son argumentaire, il dira ceci : « Nous sommes plutôt en faveur que le gouvernement nous autorise à vendre des médicaments génériques pour faire baisser le prix des médicaments ».
Par ailleurs, Siddick Khodabaccus a fait part de son opposition à l’introduction d’une « regressive mark-up sur le prix de médicament ». Il devait aussi s’élever contre le fait que les pharmaciens doivent désormais soumettre à la Mauritius Revenue Authority un relevé des médicaments tombant dans la catégorie de Dangerous Drugs qui sont vendus dans les pharmacies. Beaucoup de pharmaciens ne savent pas comment transmettre ses informations en ligne, a-t-il insisté.
La Federation of Pharmaceutical Sector est composée comme suit : Retail Pharmacist Association, Pharmaceutical Association of Mauritius, l’Union of Pharmacists, la Pharmacy Owners Association et la Small Medium Pharmaceutical Importer Association.