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Rejet massif de la classe politique actuelle, mais fort désir de voter (82%)
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MSM (18%) et PTr (13%), et leurs leaders respectifs, Pravind Jugnauth (21%) et Navin Ramgoolam (12%), en dépit de leur faible score, demeurent les principaux prétendants au poste de Premier ministre
Le Mauricien Ltd et Straconsult Ltd ont entrepris, dans le cadre d’un exercice plus large, une photographie de la situation politique à Maurice fi n février 2022 et complétée en mars 2022, donc avant les derniers événements qui ont marqué la vie du pays comme la cascade de hausses de prix, l’affaire du Champ de Mars, l’expulsion d’un ressortissant slovaque controversé malgré une injonction de la cour et les désordres de rues à Camp-Levieux et ailleurs. Ce sondage a été effectué en face-à-face sur un échantillon de 600 personnes âgées de 18 ans et plus avec un niveau de confiance de 95%, représentatifs de la population en fonction des données du Mauritius 2011 Census de Statistics Mauritius. Un premier constat est que les jeux sont loin d’être faits sur l’échiquier électoral.
Ce qui apparaît d’emblée, c’est un fort désir de voter, même à deux ans des prochaines législatives. Toutefois, quelque 60% des électeurs potentiels ne sont pas déterminés sur leur choix final et plus d’un tiers se disent ne pas être proches d’un parti politique traditionnel. Cette photographie de la vie politique mauricienne démontre un rejet massif de politiciens actuels des partis politiques traditionnels et des alliances.
Ce déclin qui touche le gouvernement de plein fouet, qui ramène ses représentants loin de leur score des dernières législatives, maintient tout de même la pole position partout. Quand même, cette désaffection ne profite pas à l’opposition qui plafonne et pour certains recule inexorablement. La demande de nouvelles têtes politiques pour un changement radical de la politique locale ne décolle pas non plus.
Les principaux points à retenir sont : 82% des Mauriciens voteraient si les élections générales devaient avoir lieu ces jours-ci. Ce chiffre est de 5 points supérieur au taux de participation au scrutin législatif du 7 novembre 2019, déjà en hausse de 3% par rapport aux élections de 2014.
Il est aussi intéressant de noter que parmi les 15% d’électeurs qui ne voteraient pas, 65% disent qu’ils ne sont pas intéressés par la politique, 20% parce que leur vote ne changerait rien, 16% parce qu’ils ne croient plus dans les politiciens et 8% qui disent ne jamais voter.
Des 56% qui n’optent pour aucun parti politique, 34% disent n’être proches d’aucun parti, 19% ne pas savoir, alors que 3% ne pas vouloir répondre. Ce désamour croissant, qui se renforce à chaque sondage pour les partis politiques traditionnels, se reflète dans les 18% du MSM, qui avait touché les 37% aux dernières législatives, devançant néanmoins le Parti travailliste à 13%, toujours à 5 points de son rival, le MMM à 4%, alors que les autres partis cités naviguent autour de 1% (Reform Party, Rassemblement Mauricien et PMSD).
La répartition démographique de deux partis les plus cités par les sondeurs montre que l’assise rurale du MSM (23%) se maintient malgré son recul général et il devance de 11% le Parti travailliste qui, par contre, prend un ascendant de 2% sur son rival en région urbaine. On note que le PTr, qui est dominé par le MSM dans toutes les catégories d’âge, a un net ascendant au sein de la jeune génération des 18-25 ans, avec presque 7% d’avance.
Si dans la population générale et les Sino-Mauriciens ils sont à égalité, autant chez les hindous (+9%) que chez les musulmans (+4%), le MSM domine la situation. Par ailleurs, si le PTr prend le pas dans les catégories socio-économiques les plus faibles (DE), par contre, plus on montre dans l’échelle des CSE, plus l’écart grandit pour le MSM, C2(+3), C1 (+9%) et AB (10%).
S’agissant des alliances politiques pour lesquelles les électeurs seraient enclins à voter, une fois encore, une forte majorité de 68% rejette pour l’heure les alliances politiques proposées. 49% disent ne pas savoir quelle alliance politique choisir, 16% en faveur d’autres alliances qui ne sont pas proposées et 3% refusent toujours de répondre sur leur choix politique.
Parmi les principales raisons invoquées pour expliquer un choix différent, la majorité affirme qu’il est trop tôt pour choisir, d’autres ne sont pas d’accord avec ou ne sont pas intéressés par les alliances et auraient préféré voter pour le PTr ou une alliance MSM-PTr.
Parmi les alliances proposées, c’est l’alliance gouvernement actuelle MSM-Ganoo-Obeegadoo qui a un léger ascendant avec seulement 11% des sondés, 7% valident une alliance PTr-PMSD, 5% se prononcent pour une alliance élargie PTr/MMM/ PMSD/Bhadain/ Bodha, 3% MSM/MMM, 2% PTr/ MMM et MSM/PMSD, alors que l’Alliance de l’Espoir dans sa configuration actuelle ne recueille que 1% des faveurs des électeurs potentiels.
50% des sondés n’ont pas encore fait le choix de leur futur Premier ministre ; 35% d’entre eux ne savent pas pour qui voter, 12% pour personne et 3% refusent de répondre. Une petite majorité de 21% place le Premier ministre actuel, Pravind Jugnauth, au haut du classement pour être reconduit à ce poste, loin de son score des dernières élections générales. Il devance néanmoins de 9 points son rival Navin Ramgoolam, pointé à 12% devant Arvin Boolell, 4%, Roshi Bhadain, 3%, Joanna Bérenger 3%, suivi de Xavier Duval et Paul Bérenger de 2%. Parmi les autres noms cités, on retrouve à 1% Nando Bodha, Rama Valayden et Bruneau Laurette, ou encore Adrien Duval, Alan Ganoo, Yohan Beejadhur, Shakeel Mohamed ou un jeune comme Premier ministre. Ce sont surtout les ruraux, les hommes et les hindous qui soutiennent Pravind Jugnauth pour être le prochain Premier ministre.
Ceux les plus susceptibles de soutenir le PM actuel augmentent avec l’âge pour trouver son maximum avec les plus de 60 ans, alors que les deux leaders se disputent les jeunes. Les hommes, les personnes du groupe d’âge 37-47 ans et les catégories socio-économiques les plus basses et la population générale sont plus enclins à donner leur vote à Navin Ramgoolam pour accéder au poste de Premier ministre.
Il est intéressant de noter que les urbains et les femmes sont parmi ceux qui n’ont pas encore déterminé leur choix. Il en est de même pour la population générale et les musulmans, et les catégories socio-économiques les plus élevées. Enfin, pour la catégorie des tranches d’âge, plus d’un tiers de chaque tranche d’âge, avec un petit avantage pour les 60+, ne sait pas pour qui voter.