Après 27 films qui ont multiplié les records au box-office mondial, les super-héros Marvel n’ont plus de nouveau territoire à conquérir, ils se lancent donc cette fois à l’assaut d’univers parallèles, avec Docteur Strange en tête.
Le très attendu « Doctor Strange in the Multiverse of Madness » sorti mercredi en France (le 6 mai aux Etats-Unis) propulse le « Sorcier suprême » incarné par Benedict Cumberbatch dans une série de nouvelles dimensions colorées, inquiétantes et bizarres, avec l’aide de la super-adolescente America Chavez (Xochitl Gomez).
Le film est une exploration du « multivers », concept compliqué né dans les BD Marvel qui part du principe qu’une infinité de mondes coexistent avec le nôtre, avec chacun sa propre version des super-héros, de leurs ennemis et leurs intrigues spécifiques. L’idée était déjà au coeur de « Spider-Man: No Way Home », succès des dernières fêtes de fin d’année, où différentes versions de l’homme-araignée se retrouvent pour combattre ensemble les vilains.
« Oh que oui, nous avons ouvert grand la porte », a malicieusement lancé Benedict Cumberbatch lors de la présentation du film à Los Angeles cette semaine.
« Et je vais vous dire une chose. C’est beau, c’est très, très beau », a-t-il ajouté.
Jusqu’alors, la saga Marvel entamée en 2008 avec « Iron Man » avait brillamment réussi à rendre accessible au plus grand public les arcanes des comics et de leur kyrielle de personnages. En plongeant dans ce multivers si alambiqué, le Docteur Strange ne risque-t-il pas cette fois d’y perdre les spectateurs ?
Le deuxième long-métrage consacré au « Maître des arts mystiques » est truffé de références aux précédents films, mais aussi aux séries Marvel diffusées sur Disney+ comme « WandaVision » et « Loki », qui risquent de n’être comprises que par les initiés.
– « Bazar » –
Certains critiques d’Hollywood commencent à penser que les excursions dans le multivers et les voyages temporels mis en scène dans de précédents films ressemblent un peu trop à des astuces marketing destinées à prolonger artificiellement la saga.
L’univers Marvel a déjà son lot de « personnages bizarres et d’événements improbables en quantité pratiquement infinie », relève John DeFore du Hollywood Reporter, pour qui il n’y a pas besoin d’ajouter à cela des mondes parallèles pour relancer l’intrigue.
Pour Owen Gleiberman, du magazine Variety, « même les fans de comics les plus passionnés doivent faire des efforts pour suivre » toutes les circonvolutions de la franchise.
Le nouveau Dr Strange propose « un bazar assez attirant mais ça reste tout de même un bazar », écrit-il.
Mais les événements récents ont appris aux observateurs d’Hollywood à ne jamais sous-estimer les capacités de l’univers cinématographique Marvel.
La saga a su maintenir l’intérêt du public sur plus d’une vingtaine de films interconnectés comme le prouve le succès tonitruant d' »Avengers: Endgame » en 2019, qui a récolté au total près de 2,8 milliards de dollars.
« Marvel est en ce moment le symbole de la réussite à Hollywood. C’est pour cela que personne ne bronche plus quand on voit des débuts en salles à 150 ou 200 millions de dollars », explique Jeff Bock, analyste pour la firme spécialisée Exhibitor Relations.
Malgré certains avis mitigés, jusqu’à présent « Doctor Strange in the Multiverse of Madness » a obtenu des critiques plutôt satisfaisantes et rien ne laisse penser que les prochains films Marvel abandonneront les possibilités, aussi bien narratives que commerciales, offertes par le « multivers ».
« Nous ouvrons une boîte. Et il y aura un grand nombre d’occasions pour raconter des histoires à partir de cela », a estimé Elizabeth Olsen, qui reprend dans le film son rôle de Wanda Maximoff, la Sorcière rouge, personnage central de la série « WandaVision ».
« J’ai hâte de voir ce que nous allons en faire », a-t-elle ajouté.
Les héros devraient bientôt découvrir ce qui les attend car Kevin Feige, président des studios Marvel et grand chef d’orchestre de la valse du multivers, a assuré la semaine dernière que les plans concernant les films pour « la prochaine décennie » étaient bien avancés.
En salle ce vendredi 6 mai au Mcine.