The National Flag, Arms of Mauritius, National Anthem and Other National Symbols of Mauritius Bill a été voté avec amendment hier. Et le Parlement a été ajourné au 10 mai, à 11h30.
Résumant les débats, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a tiré à boulets rouges sur Shakeel Mohamed. Le discours négatif de celui-ci contraste avec ceux des autres membres de l’opposition, a-t-il déclaré.
« Let me say one thing. I don’t want to reply to him. He speaks in this Assembly as if he is the champion of national unity », souligne le chef du gouvernement. Il a tenu à cet égard à lui « rafraîchir la mémoire pour ce qu’il avait dit pendant la campagne électorale de 2019 dans sa circonscription ».
Pravind Jugnauth a poursuivi : « I take only one example. The rubbish he has been saying about Bakrid. The communal campaign that has been going on by him in the constituency about Qurbani. Le temps a prouvé que tout ce qu’il disait était tout simplement pour faire de la politique et pour gagner des votes. » Il ajoute qu’il a pris connaissance des critiques de ce dernier au sujet de projet de loi. Le député Shakeel Mohamed, a-t-il dit, a remis en question la validité d’une clause par rapport à l’hymne national. Il a fait remarquer qu’il n’y a aucune objection à ce que l’hymne national soit chanté en masse aussi longtemps que cet acte est fait pour saluer la mère patrie.
Il a dit constater, d’autre part, que les parlementaires des deux côtés de la Chambre sont d’accord avec ce projet de loi. Cette démarche veut, en premier lieu, mettre en exergue, consolider et régulariser nos symboles nationaux. « Il donne aussi force de loi à la protection de nos symboles. La National Flag Act avait jusqu’ici apporté des protections au drapeau national. Mais il n’y avait pas d’autre disposition légale pour protéger d’autres symboles du pays tels que l’hymne national, la fleur nationale et le kestrel », déclare-t-il. Par contre, il n’a pas raté de tarir d’éloges Khushal Lobine du PMSD pour son intervention.
Auparavant, présentant le texte de loi, le Premier ministre avance que « dans un souci de cohérence et d’uniformité, et afin de mieux protéger les symboles nationaux, la nécessité de disposer d’une législation-cadre a été fortement ressentie. »
En ce moment, il avance que le drapeau national est régi par la National Flag Act de 2015, tandis que la loi sur l’interprétation et les clauses générales ne donnent que la définition du sceau et des armoiries du pays. Ainsi, ce projet de loi comporte plusieurs interdictions. Désormais, il sera interdit de modifier les armoiries de Maurice, le drapeau national, l’hymne national et le sceau de Maurice.
Par ailleurs, personne ne pourra modifier les armoiries de Maurice, le drapeau national ou le sceau de Maurice en y plaçant une lettre, un emblème ou une représentation quelconque ou de quelque autre manière que ce soit. La modification des paroles, de la musique ou de la mélodie de l’hymne national est également interdite.
Toute personne enfreignant ces lois est passible d’une amende pouvant atteindre Rs 100 000 et d’une peine de prison de 2 ans maximum. À noter qu’il est aussi prohibé d’exposer de manière abusive les armoiries de Maurice et le drapeau national.
Par ailleurs, ce projet de loi confère un statut juridique à l’hymne national de Maurice et à la fleur nationale de Maurice (Trochetia boutoniana). Il proclame également que la crécerelle de Maurice (Falco punctatus) est l’oiseau national du pays.
Le ministre Maneesh Gobin :
« Quand le sage montre la lune, l’imbécile regard le doigt »
L’Attorney General Maneesh Gobin estime important de souligner que « c’est ce gouvernement qui a accordé une attention particulière à l’intégrité territoriale », et que « c’est bien ce gouvernement qui est venu de l’avant avec le portefeuille de l’Intégrité territoriale », confiée au Premier ministre. Tout en disant constater que « la plupart des parlementaires sont d’accord avec ce projet de loi, à l’exception d’un seul ». Il lance « Il est préférable de ne pas en parler. Comme le dit si bien un proverbe chinois : quand le sage montre la lune, l’imbécile regard le doigt ! Concentrons-nous plutôt sur la nation mauricienne pour faire face aux moments difficiles. »
Concernant l’article 12 du projet de loi, et qui est sujet à controverse dans les bancs de l’opposition, il dira qu’à travers cette provision, « le gouvernement veut simplement sévir contre ceux qui délibérément déshonorent l’hymne national, le drapeau national et le symbole du pays ». D’où, dit-il, la sévère pénalité mentionnée.
« Ce projet de loi met aussi en valeur une longue collaboration pour la préservation de l’oiseau national. Cet oiseau est la dernière espèce d’oiseau de proie endémique de Maurice. Il était le rapace le plus rare dans le monde en 1974. Avec la déforestation, l’utilisation de pesticides et l’introduction de prédateurs, cet oiseau était au bord de l’extinction. Mais avec l’aide de la Mauritian Wild Life Foundation et du Durrell Wildlife Conservation Trust, cette espèce a pu être sauvée. » Avant de rappeler que la crécerelle est « un oiseau emblématique connu pour sa force et sa résilience, ce qui explique pourquoi il a été choisi comme oiseau national ».
Soobeersingh Dhunoo :
« Déshonorer le drapeau national, un délit »
Le Deputy Chief Government Whip, Soobeersingh Dhunoo, a d’emblée rappelé que tous ceux déshonorant le drapeau national seront considérés comme ayant commis un délit avec ce projet de loi.
Disant que le pays « est en train de passer par la phase économique la plus difficile depuis l’indépendance », il estime que « la nation doit garder la mission patriotique dont elle était investie en mars 1968, symbolisée par la couleur jaune de notre quadricolore, c’est-à-dire de protéger, de défendre les droits, d’éduquer, de soigner, et de créer l’environnement soutenable au développement économique » du pays.
« Nous devons être patriotes en ces temps difficiles, et nous devons nous unir. Lorsque vous fermez le poing, c’est pour démontrer l’unité, et non pas pour nous bagarrer. Certains membres de l’opposition ne sont tout simplement que la même face de la pièce. Nous sommes bénis d’avoir Pravind Jugnauth comme Premier ministre pour diriger le pays dans ces moments difficiles », a-t-il ajouté.
La ministre Koonjoo-Shah : « L’opposition ne respecte pas le symbole de la démocratie »
La ministre de l’Égalité des Genres, Kalpana Koonjoo-Shah, soutient que ce projet de loi envoie un signal fort que le symbole national est honoré et qu’il inspire la loyauté sur toute autre considération.
« De ce côté de la Chambre, les parlementaires respectent les institutions du pays, contrairement à certains membres de l’opposition qui choisissent de ne pas respecter le symbole de la démocratie dans la plupart des séances parlementaires. Ils viennent ici pour brandir des pancartes et tenir des conférences en dehors du Parlement. Certains disent cependant que c’est peut-être une “blessing in disguise” car nous ne venons pas ici pour entretenir des Political Clowns. Ils sont bienvenus toutefois to take that kind of show en dehors du Parlement », dit-elle.
Le projet de loi ne concerne pas seulement Maurice, mais également les Iles Éparses, incluant Diego-Garcia, Rodrigues, Agalega, Tromelin, Saint-Brandon et l’archipel des Chagos. Elle rappelle que e drapeau mauricien a été installé en trois endroits sur l’archipel. « Nous condamnons toutefois le retrait du drapeau mauricien sur ces îles à quelques jours de la célébration de la fête de l’indépendance du pays », a-t-elle souligné.
« But Mr the Speaker Sir, what is even more shocking, more revolting, shameful in fact is that instead of acknowledging, instead of appreciating and here I am not necessarily asking to show appreciation to the government », déclare la ministre en s’en prenant à Paul Bérenger. « That is such a huge shame. Fer gagn onte sa. Pass on the message thank you. Very unpatriotic to qualify such historical moment as a bluff. It is ordering if not completely colonial style arrogance like he often does, » affirme-t-elle.
Arvin Boolell devait tout de suite intervenir pour protester contre cette remarque. Devant la prise de position du Speaker, Sooroojdev Phokeer, la ministre devait remettre une autre couche à l’encontre du leader du MMM sur le même dossier ds Chagos.« Honourable Bérenger had sarcastically said Mauritius would hardly obtain ten votes. Voilà ce que l’histoire du pays retiendra de l’honorable membre », rajoute-t-elle.
« Les récents événements qui ont eu lieu sur notre Motherland ces derniers jours posent la question de savoir si le patriotisme a la même signification pour certaines personnes. Ce qui a été plus choquant c’est de constater combien de politiciens de l’autre côté de la Chambre ont ouvertement soutenu ce mouvement antipatriotique, supported these riots, supported the destruction of public institutions », dit-elle.
Arvin Boolell proteste de nouverau avec le Speaker demandant cette fois-ci à la ministre « to try to refrain » d’évoquer des sujets de controverse. Le député Aadil Ameer Meea devait, à son tour, faire remarquer que la ministre a dit que les membres de l’opposition « were supporting riots ». Il ajoute: « This is what we call imputing improper motive on the opposition and the honourable minister should refrain from casting aspersion on the opposition. »
Pour le Speaker, ce n’est pas « a point of order ».
Shakeel Mohamed : « L’unité nationale est très fragile aujourd’hui »
Intervenant sur le National Flag, Arms of Mauritius, National Anthem and Other National Symbols of Mauritius Bill, Shakeel Mohamed s’est montré très critique envers la démarche du gouvernement, alors que d’autres problèmes pressants, dit-il, sont présents dans le pays. Tenant en compte les récentes manifestations, il avance que « l’unité nationale est très fragile aujourd’hui ».
Shakeel Mohamed soutient qu’il « ne faut pas se contenter du symbolisme et des symboles » pour consolider l’unité nationale. « Le mal dont souffre ce pays depuis de nombreuses années est précisément que nous sommes habitués que, gouvernement après gouvernement, l’on concentre nos efforts sur le symbolisme et que nous oublions qu’au fond, il y a la gangrène. La gangrène a mis en danger le fondement même de l’unité nationale », dit-il. Pour lui, « si on se pose la question de savoir si tous ces symboles nous font croire que nous sommes un peuple uni, nous nous trompons d’objectif ».
Il est d’avis que les récents événements dans le pays démontrent la fragilité de la société mauricienne. « Au moindre petit événement de cette nature, tout devient une bonne excuse pour que les gens viennent sur le net et profèrent de dangereuses accusations racistes et communales contre tout le monde, et contre ceux qui souffrent de la récession économique. Si nous devons nous concentrer sur le symbolisme, cela ne nous mènera nulle part », dit-il.
Il est ensuite revenu sur la clause 12 du projet de loi, faisant état qu’aucune représentation ne doit être présente sur le drapeau national. Or, Shakeel Mohamed note qu’un parti politique fraîchement créé a mis un poing levé sur le drapeau national. Il rappelle que feu Nelson Mandela avait utilisé le poing levé comme symbole de lutte contre l’apartheid. En outre, il se demande pourquoi le Premier ministre doit être consulté avant que le drapeau national soit utilisé pour des raisons commerciales.
Boolell : « On ne peut usurper le rôle du judiciaire »
Arvin Boolell dit accueillir favorablement ce projet de loi, car le patriotisme « ne concerne pas uniquement ceux qui s’assoient de l’autre côté de la Chambre ». En revanche, il s’est interrogé sur certains pouvoirs conférés au Premier ministre.
Revenant sur la déclaration de la ministre Koonjoo-Shah à l’effet que l’on ne devrait pas « tamper with symbol », il rappelle qu’en 1999, le gouverneur de la Banque de Maurice avait émis de nouveaux billets banques contraires aux règlements, « affaire qui avait soulevé un tollé », obligeant le principal concerné à partir. Toutefois, il devait souligner qu’il « n’y a pas meilleur symbole que celui de la séparation des pouvoirs ».
« L’exécutif ou ses bras politiques ne doivent pas usurper le rôle du judiciaire. Lorsqu’une injonction intérimaire est émise pour Stay Action en relation avec un ressortissant étranger, l’ordre doit être respecté, et ne pas déporter Manu Militari la personne en question », dit-il. Poussant le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à intervenir « on a point of order » pour dire que cette affaire « n’a rien à voir avec le projet de loi .»
« It is totally out of contexte. He is talking about a case, somebody has been deported. Which section of the bill your are talking about ? » Le député Boolell devait alors rétorquer : « You have to send the right symbol of national unity ! » Le Speaker devait alors intervenir pour lui dire de reprendre son discours.
Au sujet de l’article 12 du projet de loi, le député de l’opposition dira le trouver « choquant et controversable ». Ce projet de loi fait en effet provision « pour des délits et des amendes excessives », dit-il. « Il est certain que cette provision frappera ceux qui fabriquent les drapeaux à domicile. Les pénalités sont trop excessives. Il fallait mettre plutôt l’emphase sur la sensibilisation, sur l’importance du symbole national. »
Il se dit ainsi d’avis que, depuis l’avènement du Covid-19, toutes les législations du gouvernement ont « une touche machiavélique », avec à la clé « une hausse dans les pénalités ». À ce stade, il a tenu à rappeler au gouvernement qu’un symbole « carries more power than any other issue ». Raison pour laquelle il demande au Premier ministre de « ne pas envoyer de mauvais signaux ». Ajoutant : « La déportation d’un ressortissant étranger alors qu’un ordre intérimaire a été émis par la cour was a wrong signal sent by this government ».
Le PPS Anjiv Ramdhany : « L’hymne national, un outil puissant pour unir la nation »
Le Parliamentary Private Secretary (PPS), Anjiv Ramdhany, déclare que le projet de loi « consolide l’identité mauricienne » sur le plan local et international. Il rappelle ainsi qu’après avoir obtenu l’indépendance du pays, en 1968, « il était question de cultiver une identité mauricienne afin de rallier les différentes composantes de la population derrière la nation » mauricienne.
Aussi, le drapeau, le symbole et l’hymne national font « la fierté » d’un pays, dit-il. « Brandir le drapeau national lors d’une compétition sportive est le symbole de la fierté nationale, de la redevabilité envers la nation, et démontre l’appartenance à son pays et à son avenir. Les couleurs du drapeau mauricien ont une grande importance dans l’histoire du pays. »
Il en est de même pour l’hymne national, « qui fait la fierté de tous les Mauriciens à travers le monde », reprend le PPS. « Il est aussi un outil puissant pour unir la nation mauricienne. » QLa crécerelle, l’oiseau national, est unique au monde. « Il fait partie des rares espèces endémiques qui se trouvent sur l’île. En 1974, il y avait seulement quatre individus dans le pays. Aujourd’hui, on en compte environ 600 », dit-il.
Revenant sur les récents événements, « portés par certains politiciens pour des gains politiques », dit-il, il a lancé un appel à « l’intelligence des Mauriciens pour s’unir afin de faire face aux défis qui guettent le pays, comme “one people as one nation” ».