Le PM évite de révéler la teneur des charges retenues contre cette Senior News Editor de la MBCTV en raison du comité disciplinaire de vendredi
Un comité disciplinaire se penchera sur les faits reprochés à la Senior News Editor de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), Manisha Jooty. Ainsi, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’a pas voulu révéler les détails des charges retenues ou encore les circonstances de cette affaire. Toujours est-il qu’il a confirmé qu’il y a bien eu une plainte formulée à l’encontre de Manisha Jooty par le député de la majorité et Deputy Chief Whip, Kenny Dhunoo.
Cette protestation du parlementaire de la majorité est basée sur ce qui est qualifié de « misconduct » de la part de la journaliste, lors d’une fonction officielle le 9 décembre 2021. La MBC a mené une enquête interne, sous la direction du département des ressources humaines et Manisha Jooty a été suspendue de ses fonctions le 15 décembre 2021.
Un rapport a été soumis au board de la MBC, qui a par la suite pris la décision d’instituer un comité disciplinaire. Les faits reprochés à la journaliste lui ont déjà été communiqués. Elle devait être entendue par le comité le 15 mars 2022, mais son conseil légal a sollicité un renvoi à vendredi. Pour cette raison, le Premier ministre n’a pas voulu révéler les détails de cette affaire. À une question supplémentaire de Ritesh Ramful, il a confirmé que le député en question est bien Kenny Dhunoo.
Anquetil : Le PM serait-il d’accord pour dire que les accusations portées contre M.J. ne relèvent d’aucune faute professionnelle ? Dans la mesure où la journaliste est la meilleure juge de ses tâches professionnelles au moment des faits et n’accepte pas de recevoir des instructions d’une tierce personne, surtout s’il s’agit d’un député?
PM : Je ne peux commenter sur le fond de cette affaire. Comme je l’ai dit dans la réponse, il y a eu une enquête. Le board de la MBC a pris une décision et l’affaire a été référée à un comité disciplinaire. Ce sera au comité de juger si ce qui est reproché à la journaliste s’est avéré correct ou pas et de recommander des mesures quelconques. Premièrement, je n’ai pas le dossier. Ce serait inapproprié de donner mon opinion, ce serait comme si je suis déjà en train de juger la personne avant le comité disciplinaire.
Anquetil : Depuis des années, c’est une pratique normale, lors des fonctions officielles de la MBC, que les journalistes prennent des déclarations du Premier ministre, du Deputy Prime Minister et des ministres uniquement. J’ai été Deputy Chief Government Whip et j’ai vécu cela. Est-ce qu’un député a le droit de dicter des ordres à la MBC ? Si oui, est-ce que cela s’applique à tous les députés des deux côtés de la chambre ?
PM : Encore une fois, l’honorable membre est en train de dire certaines choses que moi, je ne peux ni confirmer ni nier. Ce n’est pas mon rôle de reprendre ce qui a été dit par les parties concernées et les témoins. Elle doit comprendre qu’il y a un comité qui va prendre connaissance tous les témoignages et c’est ce comité qui se prononcera sur un jugement concernant les charges contre la journaliste.
Navarre-Marie : Le Premier ministre peut-il préciser quelles sont les charges retenues contre la journaliste ?
PM : J’ai déjà répondu à ce sujet. Laissez-moi ajouter que le bureau de l’Attorney General a avisé que les charges contre la journaliste ne peuvent être divulguées. C’est une affaire entre l’employée et l’employeur. Je me tiendrai à cet avis.
Nuckcheddy : Quelle est la composition du comité disciplinaire ?
PM : Selon les Regulations de la MBC, un comité indépendant a été mis sur pied. Il est composé de Me Angélique A. Desveaux de Marigny (présidente), Soreklall Luchoomun (assesseur et ancien directeur de HR Management) et Anandraj Seetanah, (assesseur et ancien HR Manager).
Ramful : Le Premier ministre peut-il au moins confirmer que les charges font suite à une plainte de l’honorable Dhunoo, le Deputy Chief Whip ?
PM : Je l’ai dit. Il y a eu une plainte faite par l’honorable Dhunoo.
Anquetil : Ne s’agit-il pas d’un cas flagrant de harcèlement au travail et de persécution contre une journaliste employée par la télévision nationale, relevant de votre ministère ? En tant que Premier ministre et président du comité de haut niveau contre toutes formes de violence à l’égard des femmes, ne pensez-vous pas que vous devez intervenir et prévenir toute forme d’injustice contre M.J ?
PM : Je déplore la forme de cette question qui tend à insinuer que le gouvernement et moi-même sommes contre les femmes, et que nous cautionnons le harcèlement des femmes. L’honorable membre sait que ce n’est pas vrai. Il y a la loi, quelqu’un qui est accusé de certaines choses a la possibilité de se défendre devant le comité disciplinaire. Elle a d’ailleurs retenu les services d’un juriste. Ce n’est pas à moi ou à l’honorable membre de venir prononcer déjà un jugement. Laissons le comité disciplinaire faire son travail. Nous verrons quelle sera la décision. C’est comme si nous sommes en train de dire déjà qu’elle est coupable ou pas coupable. Moi aussi je peux regarder certains faits et me prononcer au lieu d’avoir un jugement. On a le comité, elle aura la possibilité de s’expliquer.