Est-il raisonnable qu’un organisme de l’Etat réclame de l’argent à une sélection nationale pour la location d’une infrastructure sportive appartenant, de surcroît, à l’Etat ? Non, diriez-vous. Et vous avez parfaitement raison. D’autant que la responsabilité d’une sélection nationale est de représenter dignement son pays, et dans le cas qui nous concerne, la République de Maurice à des compétitions régionales, continentales et mondiales. En somme, oser penser un seul instant que l’Etat taxe indirectement ses propres sportifs de haut niveau relèverait de l’imaginaire. Et bien pas chez nous, malheureusement !
Récemment, la Mauritius Rugby Federation (MRF) a soulevé un véritable tollé en indiquant qu’elle avait à payer pour la location du stade Germain Comarmond, à Bambous. Rs 480 la session pour préparer la Coupe d’Afrique des Nations à sept qui se joue ce week-end en Ouganda avec, à la clé, des places qualificatives pour les Jeux du Commonwealth de fi n juillet-début août en Angleterre !
Sauf que personne n’aurait été mis au parfum de cette grossière aberration si la pelouse avait été bien entretenue comme il se doit par ceux concernés ! Et c’est justement cet aspect déplorable et condamnable qui a suscité la grosse colère du président de la MRF, Kevin Venkiah, et de son directeur technique national, le Français Jean-Baptiste Gobelet.
Finalement, le Mauritius Sports Council a fini par accepter sa révoltante bévue en remboursant la somme déjà payée ! Au même titre, la Fédération mauricienne de boxe française savate, par le biais de sa présidente, Sheila Sheik Bajeet, a décidé d’en faire autant. On envisage désormais de faire une réclamation pour la location contre paiement d’une salle d’entraînement, à Bambous toujours, même si, depuis le début du mois, ce local est gratuitement mis à la disposition de la sélection nationale.
Légitimement, Sheila Sheik Bajeet a raison de réclamer ce dû à l’Etat compte tenu du fait que sa fédération a toujours eu à « mendier » pour joindre les bouts! La preuve: les péripéties de la participation mauricienne à deux compétitions mondiales, en Autriche, l’année dernière. Elle qui perçoit, depuis des années, un budget dérisoire de Rs 220 000 annuellement, mais qui parvient tout de même à être performante sur le plan mondial !
Ce qui nous révolte, dans le cas de la boxe française, c’est cette somme réclamée par session d’entraînement. Une somme de Rs 250 destinée à payer les heures supplémentaires de 18h à 19h et que les boxeurs et l’entraîneur national ont, eux-mêmes, cotisé pendant des mois jusqu’à mars 2021. Une somme qui pourrait certes paraître modique pour certains, mais pas pour d’autres, malheureusement. Et c’est désormais une réalité.
Nombreux sont-ils d’ailleurs ces familles mauriciennes qui ne mangent plus à leur faim. D’autres, elles, dorment très souvent le ventre vide ! C’est tout simplement pour dire que les Rs 250, réclamées à cette fédération, doivent, au nom de l’éthique, être remboursées, sans concession, afin d’être réutilisées pour une cause beaucoup plus juste et non pour payer des employés de l’Etat !
Aussi, déplorons-nous fortement la décision de ceux concernés d’appliquer, dans un premier temps, le même mode opératoire à l’égard de l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA). Une fédération qui a pourtant toujours fait honneur au pays tant au niveau de la performance que de l’organisation des compétitions d’envergure.
Ce sera du reste prochainement le cas, cette année encore, avec la tenue en juin prochain, des Championnats d’Afrique seniors, après deux éditions à succès en 1992 et 2007 pour ne citer qu’elles. Et pourtant, il avait été indiqué à l’AMA de payer les heures supplémentaires de certains affectés au stade de Côte d’Or avant que ceux concernés fassent machine arrière ! Cela, en dépit de la visibilité si importante offerte au pays en ce temps de New Normal. La compétition sera retransmise dans pas moins de 54 pays africains !
La posture adoptée par le Mauritius Sports Council est donc tout simplement honteuse, et par ricochet, celle du ministère des Sports également et de son patron, Stephan Toussaint. Tout comme celle du gouvernement, d’approuver une Athlete Assistance Scheme, au lendemain même de la levée du premier confinement en 2020 ! Alors même que le sport n’avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, certains avaient déjà décidé, pour des raisons qui nous sont toujours inconnues, de passer à l’excellence.
Au lieu de panser les plaies béantes laissées par le confinement et d’accompagner psychologiquement nos athlètes ! Quitte à oser toucher de façon indigne cette classe de sportifs ô combien importante pour notre élite. Celle se trouvant au plus bas de l’échelle et qui constitue la catégorie régionale, mais que certains n’avaient pourtant pas hésité à rayer de la carte à travers cette Athlete Assistance Scheme, avec la bénédiction du Cabinet ministériel du 24 juillet 2020 ! Par la force de nos écrits toutefois et celle de certaines fédérations qui ont osé faire entendre leurs voix, l’insultante décision a été, pour l’heure, mise en veilleuse.
Ces faits avérés et déplorables témoignent d’une politique défaillante, incompréhensible, voire même discordante, du MSC qui est sous l’égide du ministère des Sports. Malheureusement aussi, on arrive toujours difficilement à croire que, dans ce pays, on parvient à taxer, d’une part, des sportifs à raison de Rs 250 de l’heure et de l’autre, à fermer les yeux sur les gaspillages des fonds publics par millions !