Les Français ont donc choisi de reconduire un président centriste libéral et très pro européen face à une candidate radicale ayant la « priorité nationale » au coeur de son projet, et extrêmement critique vis-à-vis de l’Union européenne.
Emmanuel Macron, 44 ans, est le premier président français à être réélu pour un second mandat en 20 ans, depuis Jacques Chirac en 2002 face au père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen.
Mais cette élection s’inscrit dans un contexte d’abstention record, estimée à 27,8% par l’Ifop, un taux inédit pour un second tour depuis 1969 (31,3%).
Le réflexe du « front républicain » ou du barrage à l’extrême droite, qui avait fonctionné il y a cinq ans, a cette fois été moindre chez une partie des électeurs hostiles au président et lassés par la réédition du duel Macron Le Pen.
A titre de comparaison, M. Macron avait en 2017 remporté 66,10% des suffrages, devançant largement Mme Le Pen (33,90%).
A 53 ans, cette dernière porte l’extrême droite à un niveau record en France, laissant augurer des temps difficiles pour le président réélu, dont le premier défi sera d’obtenir une majorité aux législatives de juin.
Il devra rassembler des Français divisés et répondre à une colère très prégnante depuis la crise des Gilets jaunes de 2018/2019, qui n’a jamais été véritablement réglée.
Il devra aussi répondre aux angoisses suscitées par les successions de crises, de la pandémie de Covid-19 à la guerre en Ukraine.
– De lourds défis à relever –
Très discret, voire absent lors de la campagne du premier tour, M. Macron n’a pas ménagé sa peine ensuite, multipliant les déplacements, organisant de grands meetings, et s’adressant prioritairement à l’électorat de gauche, apparu comme l’arbitre du scrutin après que le tribun Jean-Luc Mélenchon est arrivé 3e au premier tour avec près de 22% des voix.
Lors de son dernier grand meeting à Marseille il y a une semaine, M. Macron, très critiqué sur son bilan vert, a promis qu’un nouveau quinquennat sous son règne serait « écologique ou ne serait pas », et promis un renouvellement de la politique.
Souvent qualifié de « président des riches », le président a multiplié les gestes envers cet électorat de gauche, semblant prêt à des concessions sur certains points, et notamment sa controversée et emblématique réforme des retraites, qu’il n’a pas réussi à mettre en oeuvre au cours de son premier mandat.
Ces promesses n’ont pas suffi à faire baisser le taux d’abstention lors de ce deuxième tour, qui tombait aussi au début de vacances scolaires. Ni à susciter un large vote d’adhésion. Pour nombre d’électeurs, à l’instar de Nicolas Moreau, 44 ans, conseiller municipal à Bersée dans le nord, qui expliquait avoir effectué « un vote par obligation ». Ou de Véronique, habitante de Bersée, pour qui « entre les deux choix, on essaye de choisir le moins mauvais ».
Battue pour la troisième fois de sa carrière à une élection présidentielle, Mme Le Pen, 53 ans, n’a pas réussi à briser le « plafond de verre » que représente en France l’éventualité d’une victoire de l’extrême droite. Avec son score élevé, elle place néanmoins sa famille politique et ses idées radicales encore plus au coeur de la scène française.
Mme Le Pen récolte ainsi les fruits d’une stratégie de « dédiabolisation » patiemment menée depuis une décennie. Elle a lissé et adouci son discours, banalisé son image, se montrant proche des préoccupations des Français -même si, sur le fond, son programme reste aussi radical, notamment sur l’immigration et les institutions ».
Le plus dur commence, avec un nouveau rendez-vous électoral, celui des élections législatives en juin, où le président tentera d’asseoir sa majorité, tandis que ses opposants tenteront de se rendre incontournables.
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