Ancienne consultante commerciale, Anooradah Poorun a trouvé il y a dix ans un meilleur filon… les plantes médicinales. En créant sa marque Secret Grand-mère à base de tisane bio, elle parvient à infuser un remède gagnant à tous les coups contre le moindre souci de santé : ballonnement, reflux gastrique, embonpoint. Les tisanes faites à base de plantes médicinales soulagent et agissent comme brûleur de graisse. Dans son officine à Chemin-Grenier, Anooradah Poorun se penche sur la formule des aïeuls et propose plus de 25 variétés de tisanes.
Anooradah Poorun a fait carrière dans le textile. Avec la fermeture des usines de textile dans le Sud, il y a une dizaine d’années, beaucoup de femmes de cette région se sont retrouvées sans emploi. Anooradah Poorun sera aussi du lot et décidera pour le bien-être de son fils de vivre un certain temps à Curepipe. Elle décide de transformer sa maison de Chemin-Grenier en une école préprimaire, Les Minikeums, car il manquait alors dans la région une école maternelle.
Elle tient à remercier Mme Marie qui lui avait donné cette idée. « Je me suis retrouvée avec quatre enfants, et lors de mes investigations, j’ai compris que la fermeture des usines avait conduit des familles au chômage avec cette impossibilité pour certains d’envoyer leurs enfants à l’école. Étant mère, ma démarche a été d’offrir une éducation gratuite à ces petits afin qu’ils ne soient pas déscolarisés. Ce qui m’a menée vers le social et à la mise en place de l’Association pour l’Éducation des Enfants défavorisés », se souvient encore Anooradah Poorun.
Bien vite, elle verra sa classe s’agrandir de quatre à dix enfants, jusqu’à atteindre une vitesse de croisière avec une soixantaine. Anooradah ne recule devant rien, trouve des sponsors pour le financement de son école et finit par faire de son association, une Ong. Elle réalise alors que ces mères qui ne pouvaient financer les études de leurs enfants, étant elles-mêmes au bord de la précarité, se retrouvaient prises dans un autre engrenage avec la venue d’autres enfants.
Anooradah décide de les encadrer en leur proposant l’idée de mettre en place leur entreprise. « Toutes voulaient faire des achards, l’artisanat, la cuisine, la couture, des métiers déjà existants. Et moi, j’ai proposé l’idée de produire des plantes médicinales. Avec le financement du Global Environment Facility Small Group Programme est né le projet de tisane de Secret de Grand-Mère. J’étais surprise de voir autant de connaissances de ces femmes autour des plantes comme le tulsi, yapana, citronelle, bigarade, relate notre invitée.
Retour aux valeurs traditionnelles
L’idée étant bien ancrée, Anooradah décide de mettre en place un projet de serre et une usine, trouvant qu’il y avait une demande dans le secteur de la tisane et un manque de remèdes traditionnels sur le marché. « Moi-même, j’avais bénéficié d’une solide formation de naturopathe en Inde, j’ai voulu encourager tout un chacun à retourner aux valeurs traditionnelles en privilégiant les plantes médicinales aux médicaments, en leur montrant comment de simples petits bobos pouvaient être soignés, sans le besoin urgent d’être hospitalisé. »
Pour produire des tisanes à partir des plantes, il faut faire sécher les feuilles et les broyer. Une quarantaine de femmes ont bénéficié d’une dizaine de variétés de plantes à travers l’île, fournies par l’entreprise Secret Grand-Mère en cadeau pour qu’elles plantent sans pesticide, juste de manière organique. Une fois leurs plantes récoltées, l’entreprise Secret de Grand-Mère les achète auprès de ces mêmes femmes, leur offrant ainsi un soutien financier adéquat pour leur permettre de faire bouillir leur marmite. L’acquisition d’un déshydrateur a été d’une grande utilité à l’usine Secret de Grand-mère. La production s’est imposée et les photovoltaïques ont été d’un grand apport, réduisant considérablement le coût exorbitant de la facture d’électricité durant la production.
Avec notamment l’aide de l’United Nations Development Program, elle a aussi pu mettre sur pied son projet de serre. De plus, le marché de la vente de tisanes en sachets connaît un engouement. L’entreprise Secret Grand-mère produit entre 5 000 à 7 000 sachets pouvant être écoulés sur une période d’un mois, dépendant de la commande. Les produits Secret de Grand-mère sont depuis diffusés, en sus de Maurice, en Europe, Afrique, Inde. L’équipe booste ses ventes à travers l’élargissement de son réseau. « On veut encourager tout un chacun à retourner vers les valeurs traditionnelles en privilégiant les plantes médicinales aux médicaments », laisse entendre Anooradah.
Le rebranding a connu un nouveau souffle, les sachets de 15 grammes ont remplacé ceux de 10 g et les tisanes sont vendus sous forme de “teabags” avec quatre innovations, une tisane anti-stress, relaxante detox et antioxydante. Sans oublier le fait qu’une vingtaine de femmes ont eu de l’emploi à l’usine, Secret Grand-mère, où elles cultivent les plantes médicinales et les transformer en tisanes.
En contrebas de l’usine, se trouve une école maternelle qui aide à la scolarisation des petits, pendant que leurs mères s’affairent au travail à l’usine. Ce qui a apporté un rayonnement sur le visage des mères et de leurs enfants. En 2022, le projet continue de prospérer tout en étant en phase avec l’environnement, avec des plantes carburant sans pesticide. Et le Mauricien heureux de se détendre avec une tisane aux vertus thérapeutiques.