Le Morne – Occupation de terrain : Nouvelle tentative d’éviction avortée des occupants hier

– Les familles concernées font de la résistance aux autorités

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D’importants dispositifs policiers, armés de matraques et de boucliers anti-émeutes, avaient fait le déplacement à Le Morne, hier, sur la partie située à l’arrière du village. L’objectif était de faire évacuer six familles sur un terrain réclamé par la société Le Petit Morne Ltée. La compagnie appartenant à Agathe Desvaux de Marigny a, en effet, obtenu un ordre d’éviction de la Cour. Toutefois, depuis novembre dernier, les habitants refusent de se laisser faire. Le Kolektif Vilaz Morne a, en plusieurs occasions, attiré l’attention des autorités à ce sujet.

« Nou bann dimounn Le Morne, nou inn ne isi. Kifer pe rod tir nou la, dan nou landrwa ? Ena preske 70 fami la, kifer pe rod tir zis sis ? » se demande une habitante de Le Morne, très remontée contre cette situation. Elle confie que les policiers sont venus, armés de matraque et de boucliers anti-émeutes. Elle ajoute : « ti ena fizi tou, me nou inn fer zot ale kan mem. Ti ena pli bokou madam ki ti la. » Les policiers ont tout de même laissé entendre qu’ils comptaient revenir dans trois jours.

Derrière cette tentative d’éviction : un litige entre un groupe d’habitants de Le Morne et la compagnie Le Petit Morne Ltée. Cette dernière affirme être propriétaire des lieux et a obtenu des injonctions contre plusieurs habitants de cette localité. Cette région doit également accueillir un projet de développement touristique. La situation de ces résidents du Morne a été portée à la connaissance des autorités. Une pétition réalisée par le Kolektif Vilaz Morne avait été remise au Premier ministre adjoint et ministre des Terres, Steven Obeegadoo, en juin 2020.

Les familles demandaient ainsi que le gouvernement fasse l’acquisition de ces terres, en se basant sur les dispositions de la Land Acquisition Act, afin de permettre aux familles vivant dans la précarité extrême d’avoir un logement décent.

Toutefois, Steven Obeegadoo a fait savoir aux habitants concernés que l’État n’appliquait la Compusory Acquisition que pour ses propres projets. Ce à quoi le collectif a répondu que le droit au logement relève également de la responsabilité de l’État.

Le 12 avril dernier, le Kolektif Vilaz Morne a également écrit au secrétariat de l’International Council on Monuments and Sites et celui de l’United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisations (UNESCO), leur demandant d’intervenir auprès du gouvernement pour protéger le site du patrimoine mondial de Le Morne.

La lettre se lit ainsi : « Le KVM is worried about the continuous undermining of the villagers to actively participate in the advent of the heritage site. This situation is getting more critical now with eviction orders that are being served by the Supreme Court of Mauritius to villagers, asking them to vacate land that is found behind the actual village. »

La surpopulation dans le village et le manque de terrains sont des questions préoccupantes. Le collectif rappelle que le Local Economic Development Plan de l’UNESCO mentionne la nécessité de prévoir des logements sociaux pour la population.

« This occupation in turn being the product of overpopulation of the village and of the land inaccessibility for people living in one of the poorest village of Mauritius. In this demand, the KVM expressed the views formulated by UNESCO that the heritage character of Le Morne lies on people that are heirs of the enslaved and maroons legacy. Those people are villagers from the Le Morne village and should be considered as custodians of this legacy. In the Local Economic Development Plan, the UNESCO recognises the necessity of making the said plot of land accessible for villagers for social and heritage cohesion », avance encore le collectif dans sa lettre.

Si des habitants ont une nouvelle fois fait de la résistance aux policiers et refusent de quitter les lieux, les différents ordres de la Cour depuis plusieurs années demeurent comme une épée de Damoclès, suspendue au-dessus de leurs têtes.

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