Kevin Ramkaloan : « Nous venons avec des propositions pour relancer l’économie, l’investissement local et le FDI pour pouvoir reconstruire l’économie »
Deux semaines après avoir participé aux consultations prébudgétaires avec le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, Business Mauritius (BM) a présenté hier à la presse ses propositions visant à relancer l’économie et à booster l’investissement local et le FDI en vue d’être en mesure de reconstruire Maurice. Un mémorandum dans ce sens a été soumis au gouvernement mercredi. « Nous réalisons que les enjeux macroéconomiques sont préoccupants », affirme le Chief Executive Officer (CEO) de BM, Kevin Ramkaloan, qui avait à ses côtés, Jean Pierre Dalais (président), Anil Currimjee (vice-président) et Pradeep Dursun (COO). Les propositions tiennent compte des mesures qui peuvent être mises en œuvre immédiatement et d’autres dans le long terme.
Passant en revue la situation, Kevin Ramkaloan a fait mention d’une inflation en hausse que Business Mauritius attribue à des forces externes, et exacerbée par la dépréciation de la roupie. Il a fait mention de l’insistance de la Banque de Maurice au regard de l’utilisation de manière non spéculative des devises.
Abordant la situation économique à long terme, Kevin Ramkaloan s’est référé au World Economic Forum Outlook, qui prévoit que les prix des commodités et du pétrole baisseront en 2022-2023. Il adhère également aux prévisions du WEF concernant une croissance économique de 6,1% pour Maurice en 2022. Il précise que Business Mauritius analyse la situation économique en prenant en considération la dette publique en hausse, le taux d’investissement en baisse et le déficit conséquent de la balance commerciale.
« Nous venons avec des idées concrètes pour relancer la production locale et sur la manière de traverser cette période », indique-t-il. Il ajoute qu’au vu de ce contexte compliqué, la communauté des affaires souligne la nécessité que les secteurs privé et public se concertent afin de renforcer les capacités face aux tendances de la démondialisation en favorisant la production locale, l’optimisation des ressources et le devoir de solidarité.
Passant en revue les propositions, Kevin Ramkaloan avance qu’elles prennent en compte la transition vers l’énergie renouvelable, celle vers une économie circulaire, qui reste d’actualité, la Capacity Building et la réforme en profondeur du marché du travail et la digitalisation, la recherche, l’innovation et la numérisation ; les réformes structurelles ; le développement inclusif ; et la nécessité de saisir les opportunités et assurer des Quick Wins.
Au chapitre de l’énergie renouvelable, il estime que les objectifs fixés pour 2030 peuvent être atteints en 2026, « ce qui permettra d’atteindre l’objectif de 60% d’ici 2030 ».
S’agissant de l’économie circulaire, Business Mauritius souhaite l’introduction de critères environnementaux et sociaux dans les procédures de contrats publics. Il réclame la mise en opération de la National Waste Management Strategy et considère que la distinction doit être faite entre la date de péremption et celle « à consommer de préférence avant » des produits périssables dans le but de lutter contre le gaspillage alimentaire.
Tout en reconnaissant que les mesures de soutien du gouvernement ont contribué à la sauvegarde de l’emploi et à la capacité de production au plus fort de la pandémie, Business Mauritius s’appesantit sur l’importance d’une réforme en profondeur du marché du travail.
Parmi les mesures proposées figure la réduction du fossé en termes de manque de compétences. La nécessité de rendre le lieu de travail plus Family-Friendly, de favoriser la parité hommes-femmes ; de réformer le droit du travail de créer un régime approprié à la gestion de restructuration d’entreprises. Il revient également sur l’adoption d’une Foreign Labour Act au Parlement et sur la nécessité d’une flexibilité accrue dans le recrutement de talents étrangers.
En ce qui concerne les réformes structurelles, Business Mauritius met l’accent sur l’importance de l’instauration d’une discipline fiscale et de réduire la pression sur les finances publiques, et d’améliorer la compétitivité et l’attractivité de Maurice.
Qui plus est, Business Mauritius souligne la nécessité de se doter d’un système de pension plus solide qui soutiendrait le développement du secteur financier.
« La résilience sur le long terme du système de pension doit être garantie, à travers un comité national dédié », laisse entendre Kevin Ramkaloan. Il réclame l’abolition du Solidarity Levy à compter du 30 juin prochain.
Parmi les autres propositions figurent l’institution d’un National Civil Aviation Committee qui se penchera sur la connectivité aérienne de manière à atteindre l’objectif d’un million de touristes en 2022 ; la réforme du secteur portuaire pour le mettre au niveau international.
Une attention est aussi accordée à l’impératif de soutenir les familles vulnérables. Dans ce contexte, Business Mauritius propose le lancement de Moris Solider, un projet de sécurité alimentaire ayant pour but de créer un réseau de supermarchés solidaires. Une série de propositions sont faites sous ce chapitre.
Business Mauritius suggère également un plan national d’urgence pour les PME, incluant des Trade Fees simplifiés afin de réduire la charge des micro PME.
Afin de pallier les impacts du conflit en Ukraine, le président de Business Mauritius Jean Pierre Dalais, prône la mise en œuvre d’un programme immobilier spécial à l’attention de détenteurs de Visas Premium et d’un programme d’octroi de passeports à de grands investisseurs.
Il estime également que Maurice doit développer une industrie pharmaceutique et moderniser les infrastructures de santé en mutualisant les
ressources des secteurs public et privé en vue de générer de nouvelles opportunités économiques. À ce propos, il juge important de légiférer au sujet des Good Manufacturing Practices , de faciliter l’import-export des produits pharmaceutiques et autres items de santé et améliorer le cadre légal et institutionnel afin de permettre la réalisation de recherches pré-cliniques à Maurice. Il a aussi souligné tout le potentiel qui existe sur le plan de l’enseignement supérieur.
En vue d’assurer la mise à exécution des énoncés, Business Mauritius propose l’instauration des comités mixtes public-privé, comme tel a été le cas lors de la création du Public-Private Joint Committee Working Group par le ministre des Finances ; et ce, afin de parvenir à des solutions d’une bonne reprise économique.