Dans une mise en demeure servie conjointement au ministère des Affaires étrangères, Thamalassen Sungaralingum et Marie Brigilla Ravina évoquent les difficultés et le traumatisme qu’ils ont vécus pendant trois mois avec l’interdiction de pouvoir rentrer au pays
En raison du confinement et de la situation sanitaire prévalant dans le pays en mars 2020, neuf Mauriciens étaient restés bloqués durant neuf mois sur le navire Sky Princess Cruise, sur lequel ils travaillaient. Depuis le 12 avril 2020, ils avaient été informés qu’ils ne percevraient aucun salaire. Deux d’entre eux, Thamalassen Sungaralingum et Marie Brigilla Ravina, ont, par le biais de leur avoué, Pazhany Rangasamy, fait servir une mise en demeure à l’État et au ministre des Affaires étrangères, leur réclamant des dommages de Rs 10 M. Ils estiment en effet que la décision des autorités de retarder leur retour au pays leur a porté préjudice, tant au niveau financier que moral, alors qu’à un certain moment des étrangers pouvaient venir à Maurice.
Rentrés à Maurice le 30 août 2020, presque deux ans après, deux des Mauriciens bloqués sur le navire Sky Princess Cruise réclament Rs 10 millions de dommages chacun à l’État et au ministère des Affaires étrangères. Dans le document, ils reviennent sur le calvaire qu’ils ont vécu durant les trois mois qu’ils ont passés à bord en raison du premier lockdown. « The abovenamed parties aver that nearly all the other crew members on board the Island Princess were debarked on their homelands. The inner turmoil and crisis of spirit which had occupied the Abovenamed parties began to fizzle in out of balance lifestyle on board the Island Princess », disent-ils dans la mise en demeure.
Darmanaden Sungaralingum avait saisi la Cour suprême au nom de son frère, Thamalassen Sungaralingum, qui se trouvait parmi les Mauriciens bloqués sur le paquebot Island Princess depuis avril 2020.
Le juge en référé, David Chan Kan Cheong, avait rejeté la demande d’injonction contre une interdiction au MS Volendam, qui se trouvait alors aux alentours du canal du Mozambique, d’accoster au port. Dans leur demande d’injonction, les neuf Mauriciens s’étaient dits prêts, une fois rentrés au pays, à se plier aux règlements des autorités et à être placés en quarantaine, comme le voulait le protocole. Ils affirmaient en outre être en bonne santé et que la compagnie qui les emploie avait décidé de les ramener dans leur pays. Cette dernière les avait en outre informé le 12 avril dernier qu’ils ne percevraient plus aucun salaire.
Le 25 janvier 2020, les Mauriciens avaient en effet pris emploi sur le Sky Princess Cruise. Le 24 avril suivant, deux navires, à savoir l’Island Princess et le MS Volendam, avaient été choisis pour rapatrier les employés du continent africain. Les neuf Mauriciens avaient alors été transférés sur l’Island Princess. Sauf qu’ils n’ont pu regagner le pays en raison de la situation sanitaire.
Ils soulignent que bien qu’ils n’étaient pas autorisés à rentrer, les autorités accordaient cependant au même moment l’autorisation à des étrangers de venir à Maurice pour le tournage de films. Ils estiment de fait que cette « mauvaise décision » des autorités les a forcés à passer trois mois loin de leur famille, et ce, dans une situation traumatisante, au point où ils ont fait une dépression. Des membres de l’équipage, disent-ils, s’étaient d’ailleurs suicidés par désespoir, ne pouvant retrouver leurs proches. Cette situation, continuent-ils, était devenue de plus en plus invivable pour eux.
« This worsened the existing negative feelings of the abovenamed parties with a constant fear that suyicidal attempts may prompt their mind at any time with the vanishing glimmer of hope of returning to Mauritius », écrivent-ils dans la mise en demeure.