Delhi jouera-t-elle le rôle d’intermédiaire entre Port-Louis et Londres pour sortir le dossier des Chagos de l’impasse. Surtout après le double Ruling en faveur de Maurice de la Cour internationale de justice de La Haye et de la Special Chamber de l’International Tribunal for the Law of the Sea, avec en appoint une résolution votée à une majorité écrasante à l’Assemblée générale des Nations unies. Cette éventualité est évoquée dans la presse indienne avec la présence simultanée des chefs de gouvernement du Royaume-Uni et de Maurice, Boris Johnson et Pravind Jugnauth, dans la Grande Péninsule.
L’arrivée hier du Premier ministre britannique en Inde pour une visite officielle de deux jours alimente actuellement des spéculations dans la presse indienne concernant l’avenir des Chagos. La publication News N9NE s’interroge sur l’éventualité que l’Inde agisse comme médiateur dans la résolution du contentieux qui oppose Maurice à la Grande-Bretagne au sujet des Chagos.
« En 2017, le ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque, Boris Johnson, aurait demandé l’aide de New Delhi pour résoudre le problème, étant donné l’influence de l’Inde sur l’État insulaire de l’océan Indien (Maurice), qui compte une forte présence de population d’origine indienne », souligne la publication. Jusqu’ici, le soutien de l’Inde à la revendication de Maurice sur l’archipel des Chagos a été indéfectible, même si New Delhi s’est rapprochée de manière stratégique et militaire avec Londres et Washington.
De son côté, Pravind Jugnauth a rencontré hier le Premier ministre indien, Narendra Modi, pour discuter de la coopération bilatérale dans de nombreux secteurs. Il aurait été question entre autres de la consolidation des liens aussi bien dans le domaine économique que dans les secteurs stratégiques, spécialement la sécurité maritime.
Dans des milieux bien informés, on suggère que l’éventualité que Maurice recommence à importer ses produits pétroliers de l’Inde à un prix avantageux aurait été évoquée entre les deux leaders. Ils auraient également passé en revue les progrès effectués dans le projet du métro, qui est financé par le gouvernement indien, et la construction d’un centre d’excellence ayush à Côte-d’Or.
Pravind Jugnauth s’est aussi entretenu longuement mardi avec le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Dr Tedros Ghebreyesus. Le Premier ministre l’a remercié pour l’aide accordée à Maurice pendant la pandémie avant d’évoquer des projets d’avenir.
Pravind Jugnauth est également intervenu hier à l’ouverture du Global AYUSH Investment and Innovation Summit 2022, qui se tient à Gandhi Nagar, au Gujarat. Le temps de mettre l’accent sur la vision de Maurice en la matière. Narendra Modi, le directeur général de l’OMS, le ministre de l’AYUSH , Shri Sarbananda Sonowal, et Shri Bhupendrabhai Patel, Chief Minister du Gujarat, étaient également présents à cet événement.
Ce sommet a pour objectif de mobiliser des investissements et de promouvoir l’innovation, la réglementation et le transfert de connaissances dans le système de traitement AYUSH (Ayurveda, Yoga and Naturopathy, Unani, Siddha and Homeopathy). Il s’agit d’un rendez-vous mondial de scientifiques, de décideurs politiques, d’entrepreneurs et de start-up visant à développer les filières de la médecine traditionnelle indienne.
Le Premier ministre a invité les participants à explorer les opportunités de collaboration dans les secteurs de la pharmacie et de la biotechnologie à Maurice. Ces secteurs bénéficient de l’appui du gouvernement dans le cadre d’une stratégie de diversification économique, a-t-il rappelé.
Pravind Jugnauth a aussi réaffirmé la volonté du gouvernement d’encourager le développement de la médecine alternative à Maurice, avec notamment la construction d’un hôpital AYUSH de pointe à Côte-d’Or, bénéficiant du soutien du gouvernement indien. Il rappelle que les soins de l’Ayurveda sont largement pratiqués à Maurice. La médecine traditionnelle est complémentaire à la médecine scientifique et représente un moyen pour prévenir les maladies et pour adopter un mode de vie sain, dit-il.
Les cliniques Aaryurveda dans le service public accueillent quelque 50 000 patients chaque année et leur prodiguent des soins contre plusieurs complications de santé, dont les maladies cardiovasculaires, l’insuffisance rénale, le cancer, les troubles articulaires chroniques, la perte de cheveux, les problèmes digestifs et l’obésité. Il existe aussi des fournisseurs privés et des Ong qui dispensent ces prestations. Les pratiques de la médecine traditionnelle sont réglementées à Maurice sous l’Ayurveda and other Traditional Medicine Act.