- Depuis ce matin, l’essence se vend à Rs 67.40, soit Rs 23.40 plus cher d’il y a un an alors que le diesel est à 49.30
En quatre mois, le prix du litre d’essence à la pompe a accusé une hausse de 33% et comparativement aux Rs 44 en vigueur au début de l’année dernière, la comparaison est encore plus défavorable sur le pouvoir d’achat du consommateur. Ainsi, depuis hier soir, le Petroleum Pricing Committee a entériné une hausse maximale de 120% des prix des carburants. Le litre d’essence coûte désormais Rs 6.10 plus cher, soit Rs 67.40 au lieu de Rs 61.30. Le diesel passe de Rs 45.10 à Rs 49.30, soit Rs 4.20 plus cher.
Le PPC aurait pris note de l’évolution des cours pétroliers mondiaux. Le communiqué officiel note que le PPC a également considéré l’état du Price Stabilisation Account. Lors de la dernière réunion du 26 février dernier, le prix de détail du Mogas aurait dû être augmenté de Rs 12.40 le litre soit de 22,24% et le Gas Oil de Rs 17.05 le litre soit 41,59% mais la hausse a été limitée à un maximum de 10%.
Le PPC s’évertue à justifier qu’en utilisant le nouveau cours de référence de USD $1065.54 par tonne métrique pour l’essence et un taux de change de Rs 43.50/US $, le prix de détail de Mogas aurait dû être de Rs 73,93 par litre, soit de Rs12,63 par litre ou de 20,60%. Toutefois, on avance que la majoration Capped à un maximum de 10% soit 9,96%, le manque à gagner est de Rs 5.68 par litre reporté.
En ce qui concerne le diesel, le nouveau cours de référence de US $138.12 par baril et un taux de change de Rs 43.50/US $, le prix de détail du diesel aurait dû avoir atteint Rs 66.90 le litre, soit Rs 21.80 ou 48,34%. Un trou de Rs 15.05 par litre est reporté.
La nouvelle Price Structure des prix pétroliers indique des prélèvements de Rs 4.20 sur chaque litre de l’essence et de diesel au titre des contributions aux subsides de l’État sur le gaz ménager, la farine et le riz, Rs 2 pour les vaccins anti-Covid-19 et Re 1 au Covid Solidarity Fund. La STC recueille aussi Re 1.85 sur le prix du litre de l’essence et Re 1.75 sur le litre du diesel pour le compte de la Road Development Unit.
Par ailleurs, le ministère des Finances perçoit Rs 8.79 pour le compte de la Taxe à la Valeur Ajoutée (TVA) et des Excise Duties de Rs 12.20, soit un total de Rs 20.99, sur chaque litre d’essence à la pompe. Il semblerait qu’en dépit de l’enveloppe de Rs 4 milliards d’emprunt de ce même ministère des Finances, la STC se retrouve sous d’énormes pressions financières étant été contrainte à la série de hausses massives de prix de première nécessuité.
XLD : « Sa gouverman la finn
bangol tou kas lor kiksoz initil »
« Les caisses de l’État sont vides. Pourtant ce gouvernement a amassé des milliards depuis 2014. Sa gouvernman la finn bangol tou kas lor kiksoz initil. Il est clair que le gouvernement n’a plus d’argent pour intervenir en faveur de la protection du pouvoir d’achat du Mauricien. Il a jeté de l’argent sur un projet de Safe City dont la Facial Recognition ne marche pas jusqu’à ce jour, sur le projet de stade de Côte d’Or, les cas de Betamax et de la BAI. Les autres pays ont pu absorber ces coûts pour protéger leur peuple. Ici nanyin pa pe kapab fer. Nous réclamons que le gouvernement réduise ces taxes sur les carburants ».
Reza Uteem : « Les coups
de massue se succèdent »
« C’est la troisième augmentation de 10 % depuis décembre 2021. Visiblement, les coups de massue se succèdent sur la population, les consommateurs. Après le gaz ménager, c’est maintenant au tour des carburants. La situation socio-économique du pays commence à devenir alarmante.
« J’avais interpellé le ministre Callichurn au Parlement pour réclamer la réduction des taxes, les prélèvements sur les prix. Il avait répondu qu’il allait prendre en considération cette requête dans le cadre du budget 2022/23. Mais voilà qu’on enfonce la population avant le budget. L’on subit les frais de la dépréciation de la roupie. Nous réitérons l’appel qu’il va falloir réduire ces taxes car les prix des carburants sont désormais trop élevés »
RAJEN NARSINGHEN: « Nous
aurons une crise sociale explosive »
« De son pic à $ 140 le baril en février et mars 2022, le pétrole a connu une baisse en avril et il est aujourd’hui à 108 dollars. Alors, pourquoi cette hausse de plus de 10% ? Les cours mondiaux ne reflètent pas cette hausse exagérée, sans justification, qui de surcroît succède à deux autres augmentations depuis décembre.
« Pourquoi ? Le gouvernement a trouvé une vache à traire. Le prix du diesel exercera une pression sur les coûts de production, ce qui entraînera inévitablement une contraction de l’économie et alimentera l’inflation qui est déjà à deux chiffres. Nous aurons une crise sociale sans précédent. Pire, une crise sociale explosive. La géopolitique et la guerre n’expliquent pas tout. Maurice est parmi les premiers pays en Afrique, si ce n’est pas le premier à avoir augmenté les prix d’une façon aussi brutale.
» La situation catastrophique de la STC et les séquelles de cette mauvaise gestion de Betamax font toujours des vagues. Pour moi, le gouvernement trouve un bon prétexte en s’appuyant sur la crise russe/ukrainienne pour justifier cette augmentation. Le petit peuple va souffrir. « L’opposition officielle, au lieu de s’embourber dans des querelles intestines et infantiles, doit défendre le peuple. Une partie de la mouvance citoyenne transformée en petit parti politique a perdu de son éclat. Le seul salut, aussi mince soit-il, peut venir de l’opposition officielle. Est-ce qu’elle va rebondir ? »
SUTTYHUDEO TENGUR (APEC):
« Une augmentation sans pitié ! »
« Cette nouvelle augmentation intervient à un moment qui n’est pas propice. Une hausse de 10 %, c’est beaucoup alors que le prix du carburant est surtaxé. C’est une augmentation sans pitié. Avec les autres hausses comme celles des prix du gaz, des grains secs et autres produits alimentaires, les consommateurs, qui déjà, n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ne s’en sortiront pas. La classe moyenne dégringolera encore davantage .»
CLAUDE CANABADY (Consumers’ Eye Association):
« Un gros risque de crise sociale »
« Avec toutes les augmentations qui se succèdent, cela devient de plus en plus difficile pour les consommateurs. Il y a le prix du transport qui est en passe d’être ajusté à la hausse. À ce stade, le gouvernement doit vraiment prendre en considération ceux au bas de l’échelle car ce sont ces personnes qui souffrent le plus. Les subsides sont d’une aide. Mais il faut vraiment que les plus démunis soient ciblés. Il faut enlever la TVA complètement pour une trentaine de produits de première nécessité. Autrement, il y a un gros risque de crise sociale à Maurice ! On a demandé un mini-budget, cela ne vient pas.»
Jayen Chellum : « Du jamais vu »
« Cette nouvelle augmentation est historique. Du jamais vu. C’est dans la logique d’un esprit froid qui fait abstraction de la souffrance de la population. D’autant que cela survient 24h après la majoration de 33% du prix du gaz ménager. Cela va causer un trou béant dans le budget des familles, surtout celles au bas de l’échelle. »