Des chiffres qui parlent. Le Kolektif Drwa Imin (KDI), regroupant plusieurs ONG, dont Gender Links Mauritius, Collectif Arc-en-ciel et le Kolektif Drwa Zanfan Morisien (KDZM), et autres, vient de publier un rapport sur la perception des Mauriciens de l’égalité des genres, les nombreuses formes de violences et l’identité des genres, entre autres.
Dans le cadre de cette étude faite par Kantar, 750 Mauriciennes et Mauriciens confondus ont été interviewés. Le rapport a été présenté la semaine dernière à Voilà Bagatelle, en présence des différents partenaires du collectif.
« La société mauricienne évolue pas à pas vers une société plus égalitaire et c’est le point principal. » C’est ce que relève le KDI. Les résultats de cette étude ainsi que les recommandations qui en découlent seront envoyés au ministère de l’Égalité des genres, et ce, dans le cadre du Gender Equality Bill. C’est ce qu’a déclaré Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, de KDI, qui présentait le rapport aux côtés de Sheishtah Bundhoo, de Gender Links Mauritius. En effet, si l’étude présente des chiffres qui peuvent surprendre, elle démontre néanmoins un changement de mentalité.
Ainsi, des 750 personnes interviewées, 86% pensent que l’égalité des genres est importante, tandis que 38% pensent que les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes droits à Maurice. Par ailleurs, 80% pensent que les femmes devraient pouvoir prendre leurs propres décisions en ce qu’il s’agit de leur santé, et ce, sans la permission de leur partenaire. Autre point saillant est que 72% de personnes concèdent que la contraception devrait être accessible à la fois aux hommes et aux femmes, incluant les mineurs.
Dans le volet des travaux domestiques, 84% d’hommes disent y participer dans le foyer, tandis que 30% des personnes interrogées pensent que s’occuper des enfants « relève de la responsabilité des femmes. » En outre, il a été observé que 75% de femmes participent plus aux tâches ménagères que les hommes. Pour KDI, ces chiffres démontrent qu’il y a « une évolution des rôles dans les familles, notamment depuis le confinement. » En ce qu’il s’agit de la violence domestique, 72% pensent que toutes les violences, qu’elles soient sous forme de claques, d’insultes ou de coups envers n’importe quelle personne, sont inacceptables. Concernant les cas de violence physique au sein du couple, 35% de Mauriciens, dont 44% d’hommes et 26% de femmes, pensent qu’il s’agit d’un problème privé à être géré « en famille ». Par ailleurs, 26% des personnes sondées affirment qu’il est du devoir de la femme « d’obéir » à son partenaire.
Il faut noter que 73% de Mauriciens pensent que crier sur un partenaire est considéré comme un acte violent. Raison pour laquelle KDI suggère que la définition de « violence » soit revue au niveau des autorités concernées. Concernant la perception sur les membres de la communauté LGBTQIA+, 84% de personnes pensent que toutes formes de violence, qu’elles soient physiques ou émotionnelles envers eux, sont inacceptables. De plus, 50% se disent en faveur du mariage homosexuel, tandis que 20% ne se sont pas prononcés. Des chiffres qui indiquent que l’attitude envers la communauté est en train d’évoluer. « Il y a plus d’acceptation et de tolérance qui sont énoncées. Il reste plus difficile d’appliquer cette tolérance quand un ou une membre de sa famille ou proche est LGBTQIA+. »
Et parmi les nombreuses recommandations, et toujours dans le sillage du Gender Equality Bill, KDI suggère que « des consultations soient menées avec les organisations de la société civile pour la rédaction du Gender Equality Bill, comme le stipulent clairement le National Strategy and Action Plan of the High Level Committee on the elimination of GBV 2020-2024… »