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Indicateurs inquiétants : Notre économie est-elle au bord du précipice ?

Les indicateurs économiques sont loin d’être rassurants. La roupie qui se déprécie de 40% depuis 2014, des dettes de Rs 418 milliards à fin février 2022, la Year On Year Inflation déjà à deux chiffres et, par conséquent, un pouvoir d’achat en chute libre. L’économie est-elle au bord du précipice ? Si certains observateurs se permettent de brandir le cas du Sri Lanka comme un miroir reflétant le futur de Maurice, qu’en pensent les spécialistes du secteur ?

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Pour Kadress Pillay, premier directeur de l’Audit et économiste-comptable, « les indicateurs inquiètent certainement ». Il nuance toutefois les choses en soulignant que c’est un Exceptional Time. La tendance, reconnaît-il, est négative mais pas catastrophique. N’empêche, prévient-il, « il faut “pran kont” » car « si cela continue à aller mal, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse ». Il relève que bien avant le Covid-19, des signaux clairs de déclin économique étaient là.

« Le momentum créé en 83 cachait beaucoup d’imperfections fondamentales. Cette sorte d’euphorie matérialiste qui a suivi a voilé la face des Mauriciens et nous n’avons pas fait ce qu’il fallait faire dans le fond. Aujourd’hui, nous payons les pots cassés ! » Kadress Pillay est catégorique : « Sans une No nonsense Governance, on ne s’en sortira pas ! »

L’économiste Éric Ng ne voit qu’une explication à cette situation : « Nous payons aujourd’hui les conséquences d’une politique monétaire laxiste. » Il préfère toutefois ne pas s’aventurer dans une comparaison avec le Sri Lanka. « Les économies sont différentes », dit-il. Pour l’instant, en tout cas, selon lui, Maurice n’est pas encore le Sri Lanka, qui n’a plus de réserves en dollars et qui doit emprunter du FMI, de l’Inde, de la Chine. « Nous, nous avons quand même encore quelques milliards de dollars de réserves. Nous pouvons quand même payer nos importations. » Il prône de l’ordre dans les finances publiques pour contrer une détérioration continue de la dette publique. De plus, « il faut un signal clair et fort pour montrer que la Banque de Maurice veut stopper la dépréciation de la roupie et combattre l’inflation ».

Amit Bakhirta, analyste financier et CEO d’Anneau, relève que « nous avons dépassé le point du paraître alarmiste ». Il explique qu’« une indiscipline fondamentale macroéconomique assidue peut en effet conduire à une faillite catastrophique pour une économie et son peuple ».

Et que « cela peut se produire très rapidement, particulièrement quand tous les mauvais ingrédients toxiques internationaux et domestiques se manifestent en même temps ». Il souligne, par ailleurs, que l’appauvrissement de la nation est un Firestarter et met ainsi en garde contre un « feu social inextinguible ».
Pour lui, « des années d’entêtement intellectuel, de déni, d’ego et d’arrogance se cachent derrière une telle catastrophe macrosocio-économique ». Et cela prendra également des années de douleur, de discipline et de la patience pour défaire ce résultat catastrophique. Sur une note plus optimiste, il estime que « la situation peut encore être inversée ».


KADRESS PILLAY (EX-Directeur de l’Audit) : « Sans une No Nonsense Governance, on ne s’en sortira pas »

Le ministre des Finances a concédé que la roupie a accusé une dépréciation de 40% depuis 2014. L’endettement du pays est estimé à Rs 418 milliards. A-t-on là les ingrédients d’un pays au bord du précipice ?
La situation n’est pas aussi drastique que cela. Ce sont certainement des indicateurs qui inquiètent et qui doivent inquiéter ! Mais, dans n’importe quelle économie, cela arrive de temps en temps que la dette publique et l’inflation augmentent. Il faut aussi reconnaître que c’est un contexte exceptionnel.
Pendant deux ans, nous n’avons pas vraiment fonctionné en tant que société économique. On ne peut généraliser à partir d’un Exceptional Time. Il faut certainement qu’on soit vigilant. Toute société responsable doit faire attention face à des indicateurs qui vont dans la mauvaise direction. Mais, it’s an exceptional time avec le Covid-19 et le tourisme en baisse.

On impute aisément à la pandémie et à la guerre en Ukraine la situation présente. Sont-ce les vraies raisons de l’endettement et du taux d’inflation ou alors les ingrédients à la crise étaient-ils déjà présents avant ces deux événements mondiaux ?
C’est vrai. Même avant le Covid-19, le tourisme montrait des signes d’inquiétude relative par rapport aux Maldives et aux Seychelles notamment. En tant que société responsable, il faut que nous réalisons qu’il y a une tendance négative et qu’il faut rectifier le tir.

Des observateurs ne manquent pas de tirer la sonnette d’alarme quant à une éventualité que Maurice soit une réplique du Sri Lanka, qui s’effondre par toutes sortes de pénuries, est au bord de la famine et est dépourvu de devises étrangères pour rembourser ses dettes et pour importer… Les risques que Maurice emboîte le pas au Sri Lanka sont-ils réels ?
Toutes proportions gardées, la National Governance du Sri Lanka s’est effondrée. Le népotisme est à son comble quand un président et un Premier ministre sont frères. Ne serait-ce que sur le dicton Variety is spice to life, il n’y a là pas de variété. Il y a frères, beaux-frères, tontons, cousins… C’est un monopole de gouvernance par la même famille. Nous sommes loin de là ! Je ne dirais pas que Maurice est un idéal par rapport au népotisme. Il y a certainement des cas qui pourraient être interprétés comme étant du népotisme mais pas au même degré que le Sri Lanka. Nous n’en sommes pas encore là.
Une fois de plus, cela ne veut pas dire que nous devons ignorer tout ce qui se passe car ventre affamé n’a point d’oreilles. But there is a break point. Si cela continue à aller mal, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse… Moi, je dis que the trends are negative, pas catastrophique, mais il faut comme on dit en kreol : pran kont !

Quelles actions prendre donc pour éviter que l’économie du pays n’aille à la dérive ?
Je l’ai dit : avant le Covid-19, il y avait des signaux clairs de déclin économique. Le tourisme est le fleuron et l’avenir de Maurice. Lee Kwan Yew me l’avait dit personnellement quand je lui avais rendu visite à Singapour en tant que ministre de l’Industrie. Il m’avait dit : « Minister, you are doing a lot of promotion for Industry, but your future is tourism. » Malheureusement, notre tourisme va mal. Il y a beaucoup de facteurs fondamentaux qui nous empêchent de progresser.
Le premier miracle économique mauricien datant de 83, quand j’étais ministre avec Lutchmeenaraidoo, Gaëtan Duval, SAJ, est le fruit d’une richesse que nous avons créée. Nous avons créé un momentum. De 1983 à 2000, tout le monde a sauté dans un train en marche. Le momentum qui était là cachait beaucoup d’imperfections fondamentales. Surtout dans la fonction civile. Cette sorte d’euphorie matérialiste qui a suivi a voilé la face des Mauriciens et nous n’avons pas fait ce qu’il fallait dans le fond.
Aujourd’hui, nous payons les pots cassés ! Le Covid-19 et la guerre en Ukraine ne font que dévoiler ces imperfections. C’est malheureux qu’à cette époque nous recevons un coup de massue à travers le rapport du directeur de l’Audit qui est le même depuis ces 40 dernières années alors que les séquelles de la guerre sont encore loin et que l’inflation est appelée à empirer. Is this the way to respond ? C’est là tout le sérieux mauricien ?

Que préconisez-vous donc ?
Nous sommes obligés de faire face carrément à toutes ces imperfections de notre gouvernance. No Nonsense Governance ! Nous parlons souvent de Singapour. Mais cela me fait toujours rire car Singapour a une gouvernance exemplaire qui a donné des fruits. Nous sommes un petit opérateur économique par rapport à Singapour. It was a No Nonsense Governance there.
Moi, je dis que si nous n’avons pas une No Nonsense Governance, nous nous n’en sortirons pas. The responsibility rests squarely on the Prime Minister. Un vrai leader est celui qui se sert en dernier. Au gouvernement, ils vont devoir décider s’ils sont vraiment déterminés à emprunter cette voie…


ÉRIC NG (ÉCONOMISTE) : « Les conséquences d’une politique monétaire laxiste »

Le ministre des Finances a reconnu que la roupie a accusé une dépréciation de 40% depuis 2014. L’endettement du pays est estimé à Rs 418 milliards et la Year-on-Year Inflation est déjà à deux chiffres. A-t-on là les ingrédients d’un pays au bord du précipice ?
C’est sûr que les indicateurs économiques se détériorent. La Year-on-Year Inflation a dépassé les deux chiffres en mars, soit 10,6%. Comme le disait un ancien président de la Banque centrale allemande, l’inflation, c’est comme la pâte dentifrice, une fois qu’elle est sortie du tube, il est impossible de l’y faire rentrer. Je crois que nous payons aujourd’hui les conséquences d’une politique monétaire laxiste, et surtout d’une politique qui consiste à créer de la monnaie ; à puiser dans les réserves de la Banque de Maurice, soit Rs 60 milliards comme un don au gouvernement.

Diriez-vous donc que le pays est au bord du précipice, financièrement parlant ?
Nous sommes dans une situation extrêmement difficile avec une inflation en hausse et une dette très élevée – la dette du secteur privé, elle, va dépasser les 100% du PIB. Avec la guerre en Ukraine, nous risquons de faire face à des pénuries alimentaires au niveau mondial. Quant au tourisme, nous n’atteindrons définitivement pas la barre d’un million cette année. Il se pourrait que les dépenses par touriste diminuent du fait que le pouvoir d’achat en baisse. Je ne crois pas que nous puissons réaliser un taux de croissance de 7-8% cette année. Pour être optimiste, je pencherais davantage pour 5% contre 4.0% l’an dernier.

Le pouvoir d’achat des Mauriciens subit un violent coup. Que doit-on craindre avec une énième dépréciation de la roupie ?
La roupie continue de se déprécier ! Le dollar a dépassé Rs 45 sans que personne ne s’en émeuve. C’est maintenant quelque chose de normal et cela ne surprend personne. Les prix des produits importés dont les produits alimentaires vont augmenter. Non seulement les prix sont-ils plus élevés au niveau international, mais avec la dépréciation de la roupie… Nous entrons vraiment dans une dynamique inflationniste qui semble échapper aux autorités monétaires.

Des observateurs ne manquent pas de tirer la sonnette d’alarme quant à une éventualité que Maurice soit une réplique du Sri Lanka, qui s’effondre par toutes sortes de pénuries, est au bord de la famine et est dépourvu de devises étrangères pour rembourser ses dettes et pour importer… Les risques que Maurice emboîte le pas au Sri Lanka sont-ils réels ?
Je serais assez prudent avant d’établir des comparaisons entre des pays parce que les économies sont différentes. La monnaie du Sri Lanka s’était effondrée d’un seul coup – de 50%. Nous, nous avons perdu 30% en trois à quatre ans. Pour le Sri Lanka, cela a été brutal. Le Sri Lanka avait lié sa monnaie au dollar et sa dette publique avait dépassé les 100%.
La différence, c’est que pour l’instant, nous ne sommes pas encore comme le Sri Lanka qui n’a plus de réserve en dollars et qui doit emprunter du FMI, de l’Inde, de la Chine. Nous, nous avons quand même encore quelques milliards de dollars de réserve. Nous pouvons quand même payer nos importations, ce qui n’est pas le cas pour le Sri Lanka. Ils n’ont même plus de papier pour les candidats qui prennent part à des examens.

Quelles actions prendre donc pour éviter que l’économie du pays n’aille à la dérive comme au Sri Lanka ?
Nous devons mettre beaucoup d’ordre dans nos finances publiques pour contrer une détérioration continue de la dette publique. Nous avons eu deux rapports qui viennent de sortir : ceux du PAC et de l’Audit, qui en disent long sur l’état des finances publiques à Maurice. Il faut commencer par là : y mettre de l’ordre ; lutter contre les gaspillages ; réduire les coûts.

C’est quelque chose qu’on ressasse depuis des années sans qu’aucun meilleur résultat ne soit apporté…
Comme chaque année, il y a un budget qui arrive. Je crois que le budget de chaque ministère doit faire l’objet d’un examen de performance. Dans le passé, avant 2015, le budget était basé sur le Performance Budget. Il y avait des Key Performance Indicators au sein de chaque ministère. Chacun devait montrer que les indicateurs s’étaient améliorés. Par exemple, au niveau de l’Éducation, est-ce que le taux de réussite a augmenté et dans d’autres ministères, est-ce qu’ils ont pu apporter plus d’investissements étrangers, etc.
Je pense donc que le budget de chaque ministère doit être fondé sur ces indicateurs de performance. S’il n’y a pas eu de progrès dans un ministère, nous pouvons couper dans le budget de ce ministère. C’est une façon de récompenser ceux qui apportent des réformes et qui luttent vraiment contre le gaspillage.

Autres mesures ?
Il faut stopper la dépréciation de la roupie ! Le problème, c’est que nous avons une Banque Centrale qui intervient une fois chaque trois semaines sur le marché des changes, qui ne vend qu’une quinzaine de millions de dollars. Le fait que la Banque de Maurice n’intervienne pas sur le marché des changes laisse penser qu’elle est favorable à la dépréciation de la roupie.
Il faut stopper cette dépréciation et envoyer de bons signaux ! Nous avons augmenté le taux d’intérêt par seulement 15 points de base (Repo Rate), ce qui est largement insuffisant. Cela n’a aucun effet sur la roupie. Il faut un signal clair et fort pour montrer que la Banque de Maurice veut stopper la dépréciation de la roupie et veut combattre l’inflation.

En définitive…
Il y a des mesures urgentes à prendre. Le plus important est de voir comment protéger les groupes vulnérables contre la hausse des prix. Il s’agit là d’une mesure vraiment urgente, à prendre sur le court terme. Je suis en faveur d’un Direct Income Support pour des groupes vulnérables. D’après une étude de Statistics Mauritius en 2017, il y aurait environ 131 300 personnes vivant dans une pauvreté relative. Nous pouvons identifier ces personnes et leur donner un revenu directement ou alors des coupons alimentaires. Il faut cibler ces personnes. Nous ne pouvons donner à tout le monde.
La classe moyenne aussi souffre. Il y a quand même un certain nombre de produits de base qui méritent des subventions du gouvernement pour une période donnée. Pour cela, le gouvernement doit savoir réduire ses dépenses inutiles ailleurs.


AMIT BAKHIRTA (ANALYSTE FINANCIER) : « Maurice a dépassé le point du paraître alarmiste »

Le ministre des Finances a reconnu que la roupie a accusé une dépréciation de 40% depuis 2014. L’endettement du pays est estimé à Rs 418 milliards à fin février 2022. A-t-on là les ingrédients d’un pays au bord du précipice ?
Oui. Tous les ingrédients sont clairement présents aujourd’hui plus qu’à n’importe quel moment de notre récente histoire macrosocio-économique. Nous avons malheureusement dépassé le point du paraître alarmiste ! Au fil du temps, une indiscipline fondamentale macroéconomique assidue peut, en effet, conduire à une faillite catastrophique pour une économie et son peuple.
Cela peut se produire très rapidement, particulièrement quand tous les mauvais ingrédients toxiques internationaux et domestiques se manifestent en même temps. D’où l’importance inconditionnelle de l’indépendance, et surtout la compétence d’une banque centrale d’un pays et de sa coordination efficiente avec le Trésor et le ministère des Finances.
Une combinaison de monnaie dévaluée – émanant d’années de mauvaise stratégie de gestion et de protection de la devise, couplée à l’inefficacité des politiques monétaires et fiscales, surtout avec des investissements et des gaspillages non productifs supportant un environnement inflationniste indompté -, tout cela donne le ton à une catastrophe économique. Et quand les facteurs externes à l’échelle mondiale se joignent à la fête, bien évidemment, ça chauffe ! Dans l’économie et les marchés financiers, le jour du jugement se manifeste toujours, tout comme dans le cycle de la vie.

Le pouvoir d’achat des Mauriciens subit un violent coup. Que doit-on craindre avec une énième dépréciation de notre roupie ?
L’appauvrissement de la nation est un Firestarter, surtout pour les plus vulnérables. Ce que nous craignons le plus, c’est que nous atteignions un point de non-retour socio-économique où les plus vulnérables, à un point irréversible, descendent dans la rue. Par conséquent, l’appauvrissement à un moment donné allume une étincelle qui est susceptible de devenir un feu social inextinguible. Il nous faut à tout prix éviter cela !
Très peu de personnes parmi les plus vulnérables d’une nation comprennent l’essence fondamentale de la formulation et de la gestion intelligentes et disciplinées des politiques monétaire et fiscale d’une nation. Elles ne peuvent donc pas évaluer, ni juger ceux et celles à qui elles ont confié cette responsabilité,jusqu’à ce que, bien après, le résultat de l’incompétence de ces derniers se traduise par un plus grand écartèlement de ces plus vulnérables.
D’où l’importance que les décideurs politiques fassent preuve de responsabilité altruiste, envers ceux qui leur ont confié leur destin et la prospérité socio-économique du pays.

Des observateurs ne manquent pas de tirer la sonnette d’alarme quant à une éventualité que Maurice soit une réplique du Sri Lanka, qui s’effondre par toutes sortes de pénuries, est au bord de la famine et est dépourvu de devises étrangères pour rembourser ses dettes et pour importer… Les risques que Maurice emboîte le pas au Sri Lanka sont-ils réels ?
Oui, malheureusement, maintenant, les risques sont réels, très réels. Lorsque vous jouez avec des fondamentaux macroéconomiques que vous ne maîtrisez pas entièrement et que vous affaiblissez ainsi la compétitivité inhérente d’une nation souveraine ; lorsque les impacts négatifs externes et mondiaux vous frappent en même temps, la bouteille saute et bien des fois, il est trop tard pour agir à l’ancienne.
En effet, il existe rarement des remèdes à court terme hormis la restructuration pénible de la dette. N’oubliez pas que ce sont des années d’entêtement intellectuel, de déni, d’ego et d’arrogance qui mijotent et qui se cachent derrière une telle catastrophe macrosocio-économique. Cela prendra également des années de douleur, de discipline et de patience pour défaire ce résultat catastrophique.

On impute aisément à la pandémie et à la guerre en Ukraine la chute du pouvoir d’achat des Mauriciens et autres défis économiques. Sont-ce les vraies raisons de notre endettement et de notre taux d’inflation ou alors les ingrédients à la crise étaient-ils déjà présents avant ces deux événements mondiaux ?
Il est facile et coutumier de jouer au jeu du blâme sur les vents contraires externes. Ce qui est important, c’est de comprendre que ces chocs mondiaux sont toujours présents de manière cyclique dans le système macroéconomique mondial.
Si vous vous êtes bien occupé de votre maison et l’avez correctement renforcée pendant des années, le cyclone, quand il frappe, ne fera pas de dégâts irréversibles, n’est-ce pas ? Eh bien, il en est de même pour la macroéconomie ! Cela dit, la situation peut encore être inversée, mais il faut usuellement une maïeutique.

Comment pouvons-nous donc intervenir pour éviter que le pays aille à la dérive comme le Sri Lanka ?
Par ordre de priorité, il faudrait la mise en place immédiate d’un système de carte de rationnement électronique pour atténuer la paupérisation sociale, en particulier pour les plus vulnérables. Ensuite, une refonte au niveau des décideurs en matière de politique budgétaire et de sa gestion. Il faut un assainissement budgétaire, c’est-à-dire, se concentrer sur les recettes via la mise en œuvre d’un programme d’assainissement budgétaire pluriannuel. Enfin, la recapitalisation et le renforcement du bilan de la Banque Centrale de Maurice.

Pour conclure…
Une catastrophe, comme celle du Sri Lanka, est avant tout une catastrophe humaine. La vie et les moyens de subsistance des personnes sont aggravés. Cela est grave et inacceptable et se résume en un crime contre l’humanité et doit, à tout moment, inconditionnellement et autant que possible, être évité. Maurice empruntera la voie du Sri Lanka à moins que des décisions immédiates de politique macroéconomiques correctives ne soient intelligemment mises en œuvre. L’arrogance précède souvent les chutes. L’histoire nous enseigne à maintes reprises cette précieuse leçon.

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