Les interrogations sont de plus en plus nombreuses en ce qui concerne le coup d’envoi ou non le 23 avril prochain comme accepté et approuvé par la Horse Racing Division de la Gambling Regulatory Authority à la demande des entraîneurs. Le nouveau board des directeurs de la MTCSL a quant à lui, surpris plus d’un en soumettant tous les documents exigés par la GRA jeudi après-midi, y compris un certificat de solvabilité, délivré par la firme BDO.
Il ne faut pas se voiler la face. Si le milieu hippique se trouve aujourd’hui dans cette situation des plus confuse, c’est à cause du gouvernement, qui conseillé par des gens qui n’ont absolument rien à faire avec l’intérêt même du sport hippique, ont cru bon de tout changer, non pas pour le meilleur mais pour le pire et du reste, les premiers résultats et les premières conséquences parlent d’eux-mêmes.
Réputation et expertise de 210 ans
Le Mauritius Turf Club s’est forgé une réputation et son expertise au fil des 210 ans d’existence pour se doter d’une organisation pas toujours parfaite, mais sur laquelle les turfistes pouvaient compter et qui est reconnue sur l’échiquier international. Les turfistes avaient effectivement confiance dans les dirigeants et officiels du MTC qui contrairement à d’autres, se sont toujours battus pour le développement, l’épanouissement et le progrès du sport hippique.
Mais le sport a petit à petit laissé la place aux affaires et ce qui devait arriver arriva, le sport a cédé la place à une …industrie et dès lors les oiseaux de mauvais augure ont commencé à survoler le Champ de Mars avec des intentions malveillantes. Certains dirigeants —il n’y en a pas beaucoup fort heureusement—ont cru bon et nécessaire d’ouvrir la porte à des politiciens qui monnayaient ouvertement leur ‘collaboration’ qui était au fait, leur devoir et leur responsabilité.
Un peu plus tard, ce sont leurs acolytes, leurs collaborateurs, voire leurs conseillers et ‘senior advisors’ qui se sont mis de la partie pour se montrer encore plus gourmands car eux, ils ne voulaient pas une part du gâteau, mais TOUT le gâteau. Pire, ils ont réussi à convaincre le gouvernement qu’ils pouvaient prendre la place du pâtissier pour faire des meilleurs gâteaux.
The proof is in the pudding
Mais comme dirait l’anglais : «The proof of the pudding is in the eating» et c’est justement le résultat final qui inquiète le monde hippique et il n’est pas certain du tout que nous aurons la même qualité de gâteau. Tout compte fait au lieu d’un ‘red velvet’, nous aurons peut-être droit à un ‘madrier’ de bas étage, un mélange de tout ce qui ressemble à un gâteau, mais qui au fait n’en est pas un. Voilà le danger qui nous guette et qui nous menace à l’aube de cette saison 2022.
La mainmise du gouvernement a contraint certains de rentrer dans les rangs, oubliant leurs promesses et leurs responsabilités envers les membres du MTC. Ils ont même défié en maintes occasions l’autorité de leur unique actionnaire mais ce qui est plus grave, ils ont combattu les siens pour composer avec les vrais ennemis du sport (industrie) hippique. Ils ont tenu en otage le MTC pendant des mois sans faire leur travail d’où l’énorme retard concédé pour la soumission des documents relatifs à la licence d’opération de la MTCSL.
Il fallait mettre de l’ordre et Jean Michel Giraud l’a fait. Peut-être tardivement, mais il l’a fait. La liste de reproches du MTC à la MTCSL —publiés par Week-End dimanche dernier— est plus qu’éloquente et la perte enregistrée (Rs 63 millions) est désastreuse pour une industrie qui se veut être florissante. En effet, il est bon de préciser que dans ce milieu, seul le MTC perd de l’argent alors que tous les autres en font des millions, en l’occurrence le gouvernement, SMS Pariaz, les deux totes, les bookmakers autorisés, les bookmakers clandestins, voire les opérateurs étrangers.
Défi relevé brillamment
Le nouveau board constitué par Jean Michel Giraud n’a pas tardé à se démarquer . En l’espace de quatre jours, il a abattu un superbe travail et a peut-être même surpris la GRA qui était prête à appliquer la guillotine en cas de non-soumission des documents demandés. Le président et son équipe ont réussi à relever le défi brillamment, alors qu’ils étaient nombreux ceux qui pensaient que Giraud un ‘dead man walking’.
Il faut faire ressortir que Jean Michel Giraud n’a pas encore obtenu son ‘Personal Management Licence’ et ça fait maintenant plus qu’un an qu’il attend un verdict. Malgré les ‘delaying tactics’ obscènes de la GRA et la lenteur administrative qui sévit dans ce milieu, Jean Michel Giraud n’a pas baissé les bras et a poursuivi ses efforts avec toute la hargne et la détermination qu’on lui connaît.
Anil Ramnarain est dans une situation identique car après avoir fourni tous les documents exigés par la GRA, il n’a même pas reçu la moindre réponse. Et pour compléter la liste des ‘interdits’ de la GRA, Week-End a appris que pour le nouveau General Manager du MTC, Jérôme Pilot , le ‘PML’. sera en suspens Pour quelle raison ? Personne ne le sait mais les mauvaises langues disent que tout comme Anil Ramnarain, sa demande pourrait rester au fond d’un tiroir de la GRA.
Si ces informations se confirment alors, il n’y a que deux solutions pour faire avancer les choses. Soit, le MTC continue à se battre en entrant d’autres actions en justice, soit le MTC abandonne tout et rentre à l’écurie —c’est sans doute ce que souhaitent Dev Beekharry et ses partenaires—
Faire ce qui était reproché au MTC.
Au moins on saura alors que c’est la GRA/HRD, donc les représentants du gouvernement qui contrôle tout. Ces instances seront à la fois organisatrices et régulatrices, justement ce qui est reproché au MTC.
N’oublions pas que c’est HRD de a GRA qui donne des licences aux apprentis, palefreniers, jockeys, bookmakers, propriétaires, entraîneurs et bien évidemment les directeurs de la MTCSL et c’est elle qui reçoit les entrées, effectue les retraits, finalise le programme des courses, conduit les enquêtes et entend les appels des sanctionnés. Et c’est elle qui choisit les Commissaires de courses et les membres du Comité d’appel.
Voilà le chaos dans lequel patauge l’industrie hippique mauricienne. L’idée derrière le Rapport Parry—qui a couté des millions au pays— était de redistribuer les rôles et d’ajouter un peu plus de professionnalisme à tous les niveaux de l’organisation des courses. Le Rapport Parry n’a jamais dit que l’État doit avoir une mainmise sur cette industrie, jamais il n’a préconisé que les bookmakers ‘off-course’ doivent être éradiqués de la scène et jamais il a ordonné que le MTC soit exproprié de toutes ses prérogatives. C’est un réel coup d’état qu’a orchestré le gouvernement, la GRA et ses partenaires —depuis des années— avec pour seul et unique objectif de tout prendre et tout contrôler comme ils l’ont fait à d’autres secteurs de l’économie mauricienne. Et l’avenir ? Ils s’en fichent ! Ce qui les intéresse, c’est le présent. Ils n’ont pas de temps à perdre et le temps presse because time is money, n’est-ce pas ?