La ceinture

— Je n’en peux plus, je te dis.

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— Qu’est-ce qui t’arrive comme ça ?

— Tu as vu les augmentations de prix, toi ? Ce n’est pas possible, je te dis.

— Tu sais, je n‘ai pas encore fait les commissions du mois. Comme ça c’est terrible ?

— Tu vas avoir un mari choc, je te préviens. Tu vas au supermarché avec la même quantité d’argent que d’habitude, mais tu sors avec ton caddie à moitié vide.

— Je sais qu’avec le mauvais temps les légumes ont mari augmenté.

— Je ne te parle pas de légumes, mais des commissions que tu as besoin pour le mois. Avant le quinze du mois, mon budget sera déjà défoncé.

— Mais qu’est-ce qui a augmenté comme ça ?

— Tout a augmenté je te dis, tout.

— Tu n’es pas en train d’exagérer juste pour pouvoir critiquer le gouvernement ? Comme on l’a rendu responsable pour les pluies torrentielles !

— On l’a pas rendu responsable de la pluie, mais pour ne pas avoir fait respecter les règlements sur la construction et pour ne pas avoir fait construire des canaux et des drains. C’est à cause de ça même qu’il y a eu des inondations un peu partout.

— Tu sais comme les Mauriciens sont : il y a des gens qui ont carrément bouché des drains pour construire dessus.

— Pourquoi les municipalités et les conseils de districts n’ont pas fait démolir ces constructions, hein ? À cause de ça même des maisons et des rues ont été inondées et les gens sont en colère, et ils ont bien raison.

— Ayo, les gens ne sont jamais contents dans ce pays, comme toi. Comme ça, tout a augmenté dans les supermarchés ?

— Tout a augmenté, et ça ne fait que commencer.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Tu ne sais pas qu’on va bientôt augmenter l’électricité ?

— Ah bon, je ne savais pas. C’est officiel ?

— Pas encore, mais ça va venir. Quand tu ajoutes le fait que les boulangers veulent une augmentation du prix de la farine, on est foutus. Ça veut dire que le pain, les mines, les rôtis, les burgers, les dholl puris et tous les gâteaux de l’huile vont augmenter.

— C’est un bien pour un mal.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Moi je ne mange jamais sur la rue. Tu ne sais pas ce qu’on met dans les mines ou les pains fourrés tout ça. Et puis je ne suis pas sûre que ce soit correct en termes de diététique et de bonne nutrition.

— Mais c’est bon toi. C’est comme les mangues et les concombres confits : on n’a pas besoin de savoir dans quel jus ils sont confits, juste que c’est mari bon en bouche. Comme on dit : pli bon ki sa gaté !

— Il n’y a pas que le goût dans la bouche qui compte, il y a aussi l’estomac qui a besoin d’une nourriture saine et équilibrée.

— Tu sais, tout le monde n’a pas le temps de faire comme toi pour calculer le nombre de calories qu’il y a dans un paquet de brèdes avant de faire son bouillon !

— Tu te moques de moi, mais la malbouffe est un sujet sérieux qui peut conduire à l’obésité et à des tas de maladies.

— C’est vrai, mais il y a des milliers de Mauriciens qui se nourrissent de ces mangers qu’on vend sur le chemin et dans les food corners. Ils n’ont pas le temps, et de moins en moins, les moyens de cuire à manger chez eux.

— Ça je comprends, mais ils peuvent acheter des produits frigorifiés. Ça ne prend pas beaucoup de temps pour defrost et faire cuire un plat surgelé au micro-ondes…

— Ce que tu ne sais pas…

— Attends, laisse-moi finir de parler, foutour va ! Tu es comme le Speaker au Parlement, tu ne laisses jamais finir la phrase.

— Hey toi là ! Ne me compares pas au Loud Speaker, je te dis là, hein ! Qu’est-ce que tu voulais dire comme ça ?

— Je voulais te dire qu’avec les produits surgelés, tu peux faire du bon manger avec tout ce qu’il faut de bonnes calories pour éviter le mauvais cholestérol, par exemple. Tiens, tu prends un steak déjà haché, tu ajoutes un ou deux paquets de légumes déjà triés, déjà coupés, tu ajoutes un petit peu d’huile, du sel et du poivre, tu mets le tout au micro-ondes et le tour est joué.

— Mais ce que tu ne sais pas…

— Je n’ai pas fini, foutour va ! Su tu veux, tu peux cuire deux mok de riz ou faire defrost un plat de pâtes ou des fataras, et tu as un repas complet pour la famille. Maintenant, si tu veux manger des plats cuisinés, des mines, des currys et des boulettes, ça aussi il y a en surgelé. Tu vois, même si on n’a pas beaucoup de temps, on n’est pas obligés de manger n’importe quoi.

— Je peux parler maintenant ? Ce que tu ne sais pas, c’est que depuis lundi, le prix des produits surgelés a augmenté de 10 à 15% dans les supermarchés et les boutiques.

— Ne me dis pas ?! Tu me fais avoir un choc !

— Je vois que tu n’as pas été faire ton shopping depuis quelque temps. Je te confirme que les prix des surgelés ont augmenté depuis lundi.

— Mais comment on va faire, toi ?

— Je ne sais pas. J’ai coupé tout le superflu pour ne garder que l’essentiel et malgré ça, mon budget est déjà dépassé. On dit qu’il faut serrer la ceinture, mais avant même les augmentations de l’électricité, du transport et de l’eau, il ne reste plus de trois trous dans ma ceinture, je te dis !

J.-C.A.

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