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Organisation des courses 2022 : Dernier va-tout de la GRA pour mettre le MTCSL hors-course

La Gambling Regulatory Authority (GRA), qui pensait avoir la mainmise sur le Mauritius Turf Club Sports and Leisure (MTCSL), aura appris à ses dépens qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

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Le coup de poker réalisé par le président du MTC, Jean-Michel Giraud, pour la reprise en main du MTCSL par le MTC a surpris plus d’un par la vitesse d’exécution après une longue période de paralysie orchestrée par la GRA, la police et la MRA, avec le refus de lui donner sa Personal Management Licence (PML). Soutenu par ses équipes, il a tour à tour révoqué les membres du board de cette compagnie publique, dont l’ex-président de Spéville, nommé de nouveaux membres sur ce board et a répondu dans les temps aux exigences de la Horse Racing Division (HRD) puis de la GRA, pour sa demande de licence d’organisateur des courses à la date butoir du 7 avril.

Devant cette approche du nouveau board du MTCSL, la GRA a pris le dossier en main et a, du coup, réduit la HRD au rôle de simple rubber stamp de la GRA. Entre-temps, la GRA a dressé une demande d’une série d’informations concernant la nouvelle structure du board et les comptes audités se terminant au 30 juin 2021. Une action qui constitue son va-tout pour tenter de trouver des raisons susceptibles d’éliminer le MTCSL comme organisateur des courses, alors que se profileraient à l’horizon, dans les milieux proches des autorités publiques, au moins deux nouveaux candidats à l’organisation des courses. Intox ou vérité ? Rien en tout cas ne le confirme.

Alors que le MTCSL a rempli son contrat de remettre son dossier complet à la GRA pour sa licence d’organisateur des courses pour la saison 2022 avant la date limite du 7 avril, dès le lendemain, la GRA a formulé, selon nos informations, une nouvelle série de 12 demandes d’informations qu’elle exige de soumettre au plus tard le mardi 12 avril à midi. Il n’est pas utile de rappeler ici que la GRA, qui exige de ses licenciés d’être en conformité avec la loi, n’est elle-même pas en règle avec ses comptes depuis plus de deux ans, selon le dernier rapport de l’audit 2021.

Selon les informations obtenues par Week-End, c’est le Chief Executive de la GRA, A. Ponnusawmy, qui a adressé le courrier au MTCSL. La question est de savoir s’il a agi de son propre chef ou s’il a été mandaté par le board­ — qui n’a visiblement pas pu se réunir en si peu de temps — ou si ces demandes ont été formulées sur les ordres d’un membre du board — Dev Beekhary (?) — comme c’était le cas dans le passé. À ce sujet, la GRA Act ne laisse aucune latitude à l’improvisation.

Que demande le CE de la GRA au MTCSL ? D’abord, trois informations concernant la structure du board. La GRA souhaite avoir la composition détaillée du nouveau board du MTCSL et si elle est conforme à la Company’s Act, et souhaite avoir les preuves d’enregistrement au Registrar des compagnies.

La nomination du seul élément féminin de ce board à ce stade ne semblerait pas au goût de la GRA. En effet, les pontes de la Newton Tower se demandent si Mme Bunwaree Nagdan peut revendiquer son statut de directeur indépendant du MTC selon les dispositions du National Code of Good Governance. La GRA se demande si elle a un badge du MTC et si son mari est un membre associé du club. Dans cette partie des exigences, il y a aussi la demande de la GRA de la résolution des actionnaires sous l’article 138 de la Companies Act pour la validation du seul directeur — qui continue sa mission au sein du MTCSL — ayant dépassé 70 ans, Paul France Tennant, qui a 74 ans. Cette demande est l’exemple type de la mauvaise foi de la GRA, qui il y à peine dix jours ne se posait pas la question de son âge lorsque Paul France Tennant était un board member du MTCSL, alors sous son influence.
C’est au chapitre des finances que la bataille pourrait être plus ardue, notamment au chapitre de la solvabilité, car les demandes de la GRA sont de nature plus conflictuelle et semant le doute.

Ainsi, alors que le MTCSL a bel et bien remis un certificat de solvabilité émis par BDO à l’autorité, celle-ci affirme « with great concern » que le MTCSL n’a pu produire un certificat conforme à sa demande, c’est-à-dire de produire un certificat selon la section 6 de la Companies Act, qui satisfasse les deux volets du solvency test. Des spécialistes du monde de la finance affirment que la demande de la GRA n’est pas conforme au type de compagnie telle que le MTCSL, qui n’a qu’un seul actionnaire.

Ensuite, la GRA demande la lettre de support de l’actionnaire MTC, des documents concernant le working capital loan du Covid-19 Support Scheme, une copie du sharehoder’s loan entre le MTC et le MTCSL, comme celles annexées dans les comptes audités.
Elle demande par ailleurs une copie de l’accord concernant le shareholder’s loan de Rs 120M accordé le 6 avril dernier et demande si celui-ci a été exécuté en conformité avec la Registrar of Association Act. La GRA veut aussi savoir si les Rs 120M de loan au MTCSL sont une transaction majeure et si toutes les formalités ont été remplies conformément à la Companies Act.

Par ailleurs, la GRA veut savoir si l’évaluation des rights of use of Asssets de plus de Rs 95 M a été faite par un évaluateur indépendant pour certifier qu’ils sont raisonnables. Enfin, une question qui engendre débats et litiges entre la GRA et le MTCSL concerne les revenus en cash que les opérations vont générer et si elles seront suffisantes pour couvrir les dépenses opérationnelles et financières pour l’ensemble de la saison.
La réponse à cette question repose essentiellement sur les décisions du gouvernement et de la GRA qui décident du nombre de journées de courses, si les courses seront courues à huis clos ou non, si les bookmakers on-course et off-course vont opérer, si les revenus des bookmakers seront fixes ou proportionnels au chiffre d’affaires et si SMSPariaz et les Totes vont consentir à payer des taxes plus élevées ou non. Autant dire qu’en termes de revenus, le MTC n’est pas maître de son destin et la demande de la GRA à ce chapitre est remplie de malices, voire de malhonnêteté.

La GRA est loin d’être en mode consensuel à la lumière des questions posées dont elle dispose déjà pour l’essentiel des réponses où elle pourrait contester le MTCSL. Les questions concernent Mme Nagdan et Paul France Tennant visent à torpiller la crédibilité du nouveau board et des décisions de la MTCSL.

Mais là où on verra les véritables desseins de la GRA, c’est au niveau des revenus. Si elle rouvre les portes de l’hippodrome au public et favorise le retour des bookmakers on-course et accepte le principe d’une redevance fixe pour tous, cela ferait croître les revenus du MTCSL. Soit c’est le statuquo, comme l’an dernier, et, là il est clair que le MTCSL ne pourra s’offrir les revenus nécessaires pour offrir des stakes money raisonnables et même survivre. D’autre part, il n’y a pas que les revenus en jeu: il y a aussi les dépenses, en particulier ceux des tests antidoping qui devaient être financés par la HRD et dont le silence sur la question n’est pas un bon signe.

Avec cet octroi ou non de licence d’organisateur des courses au MTCSL, la GRA joue ce qui lui reste de crédibilité dans une période où les pouvoirs publics sont au plus bas dans l’opinion publique, avec l’exemple des ministres qui ont dû fuir un public remonté lors d’une réunion sous escorte policière.

Dans ce contexte, la GRA est passée en mode « buy time » en jouant son va-tout pour mettre le MTCSL hors-course. Car il se chuchote de plus en plus qu’au moins deux autres organisateurs de courses potentiels sont sur la liste pour se positionner en cas de disqualification du MTCSL.

Une réunion aurait eu lieu à cet effet, hier, entre ces organisateurs potentiels des courses et des pontes de la GRA. Est-ce de l’intox pour accentuer la pression sur le MTCSL pour qu’il accepte un accord à tout prix avec des concessions sur son board et ses finances ou est-ce qu’elle jette l’éponge ? Ou est-ce du bluff, car la GRA n’a en vérité n’a pas d’autres options ? L’avenir nous le dira, mais dans tous les cas, à ce jeu malsain, la GRA met en péril le début de la saison, la saison elle-même et ultimement l’avenir des courses hippiques à Maurice.

Virage à 180°, les relations
Beekhary/Lee Shim pas au beau fixe ?

Il n’y a pas de fumée sans feu. Le changement de ton de l’organe de presse de Jean Michel Lee Shim ne passe pas inaperçu. Les cibles d’hier ne sont plus dans le point de mire de ce dernier qui aussi curieux que cela puisse paraître est quasiment neutre si ce n’est quelques petites piques ici et là en direction de certains ministres.

Selon des informations obtenues par Week-End lors d’une récente réunion nocturne, tenue à Coromandel, Jean Michel Lee Shim n’a pas été tendre envers Dev Beekharry, l’homme fort de la Gambling Regulatory Authority. Le mot d’ordre était de lever le pied sur Jean Michel Giraud qui depuis des semaines avait été sa cible préférée mais de mettre sous surveillance les faits et gestes de Dev Beekharry. Et à une question d’un de ses journalistes qui voulait savoir : « Et si péna lé course ? » Ce à quoi Jean Michel Lee Shim aurait répondu : « Li a va prend so responsabilité !» Qui est «Li »? …
Ils sont bien loin les vacances écossaises. Et si les photos refaisaient surface. Affaire à suivre !

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