À aucun moment dans les Budgetary Proposals soumises au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM), ne prend le soin de faire allusion au target d’un million de touristes cette année. De son côté, le MCBGroup, avec une présence incontournable dans ce secteur économique, se contente de souligner dans la dernière édition de MCBFocus que « the target of one million tourists by December 2022 announced by the authorities appears ambitious ». Toutefois, sans s’attaquer de front à l’ambition d’un million de touristes, l’analyse de l’AHRIM relève plus d’un K.-O. au gouvernement, si ce n’est au Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo. Entre-temps, les préoccupations majeures dans le tourisme portent sur le poids de l’endettement auprès des banques de l’ordre de Rs 53,8 milliards et l’emploi.
La phrase dans le premier paragraphe du mémoire de l’AHRIM est des plus lapidaires. « Compared to our feeder markets and airports, or to our Indian Ocean competitors, we are not yet a fully open destination for tourism », soutient l’AHRIM, regrettant l’extension des contraintes sanitaires jusqu’à la fin de juin prochain. L’AHRIM réclame des mesures urgentes sur quatre points en vue de renverser la tendance pour permettre à Maurice de se conformer en termes de « global relaxation and sanitary constraints. »
L’industrie touristique s’attend à voir le gouvernement agir de manière urgente, notamment :
. avec le progressive shift from systematic testing des passagers à l’arrivée au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Aitrport à des pratiques de sample testing
. le remplacement progressif des tests PCR par des Rapid Antigenic Tests
. l’élimination du port obligatoire du masque en plein air et
. la révision complète de la jauge de 50 personnes pour tout rassemblement public comme c’est le cas actuellement.
L’AHRIM maintient que « the current restrictions directly contribute to our classification as a high-risk country by some of our markets ». Les major players dans l’hôtellerie déclarent que les contraintes sanitaires susmentionnées pèsent lourd dans le segment des MICE. « Groups and global brands having to catch up on their international meets have regularly given up on Mauritius since the reopening in October. The lost business is sizeable and with the latest announcement whereby current restrictions are being maintained till end June, it is now impossible to materialise any residual leads that were still pending a few weeks ago », fait encore comprendre l’AHRIM dans une ultime tentative de faire les autorités sanitaires changer leur fusil d’épaule.
L’endettement constitue un autre facteur d’inquiétude affectant l’hospitality sector. À décembre de l’année dernière, l’ardoise des opérateurs hôteliers auprès des banques se montait à Rs 53,8 milliards, soit une progression de 40% comparativement à décembre 2019, soit à la veille de l’éclatement de la pandémie de Covid-19. La dernière décision entérinée par la Banque de Maurice, sur recommandation du Monetary Policy Committee, en rajustant à la hausse le Key Repo Rate avec un effet d’entraînement sur la gamme des intérêts bancaires, est suivie avec une extrême appréhension.
Risques sur l’emploi
En vue de faire face à ces nouvelles conditions plus contraignantes en matière de servicing de ces dettes en hausse et pour alléger le cashflow, l’AHRIM propose au ministre des Finances d’étendre d’une année « the moratorium for the repayment of capital to commercial banks through appropriate Bank of Mauritius guidelines ». En complément, les opérateurs souhaiteraient des amendements à l’income tax pour accorder une période de dix ans au lieu de cinq pour permettre aux « loss-making companies to carry forward operating losses so that these losses can be set off against net income derived ».
L’évolution des emplois au sein de l’hôtellerie est également présentée comme un facteur à risques dans cette nouvelle configuration de l’industrie du tourisme. À mars de l’année dernière, ce secteur économique avait été délesté de quelque 4 400 emplois, dont 3 400 dans le circuit des hôtels, avec l’AHRIM appréhendant de nouvelles pertes d’emploi à mars de cette année. « Urgent solutions can be either temporary or permanent, but one critical mistake would be to discuss foreign labour on its own, as a means to compensate for our local labour shortage in whichever economic sector, without considering the wider picture, the wider truth », avertit l’AHRIM.
De ce fait, les opérateurs dans le tourisme réclament la mise sur pied d’un comité interministériel pour se pencher sur cette question. « In the case of tourism and hospitality, an explicit policy towards opening up to foreign labour should concomitantly integrate the issue of our stagnating Hotel School (EHSGD), the Government’s explicit policy of exporting our local labour (promoting employment on cruise ships, advertising hospitality jobs in the Middle East and Northern America, signing more circular migration agreements, etc.), the country’s strategy to host foreign international students on our campuses, and our national education situation, having to cope with declining enrolment rates and decreasing proportions of students opting for the vocational fields », avance l’AHRIM.
« More air seats and more competitive airfares »
Au chapitre d’autres mesures allant dans le sens de la mise en place d’un « environment which whould remain conducive and freed from obstacles and in a bid to ease the acute cashflow problems », l’AHRIM propose au gouvernement :
. d’étendre de juin à décembre 2022 l’assistance financière pour le paiement de la compensation salariale aux employés
. d’accorder un délai supplémentaire, soit 45 jours additionnels, pour le filing et le paiement des Value Added Tax Returns, avec cette mesure en vigueur jusqu’à décembre 2023
. envisager un waiver de 50% sur l’annual rental du bail pour l’exercice financier 2021-22
. revoir l’Environment Protection Fee permettant aux « enterprises contributing towards the EPF be given the option to manage at least 50% of their contribution towards environment/sustainability projects in their immediate and neighbouring locations, under the control of competent authorities ».
L’AHRIM revient aussi sur une dimension critique pour la relance du tourisme, notamment l’Air Connectivity Expansion Strategy avec des décisions collectives, engageant tous les stakeholders, allant de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, aux opérateurs dans le secteur des croisières. « We need more air seats and more competitive airfares. This should trigger a more thorough review of the cost of travel into Mauritius for both airlines and travellers. In current days of need for prompter recovery, Government should be able to devise ways and means to temporarily incentivise airlines on airport fees and charges », préconise l’AHRIM, tout en faisant ressortir que « we are not currently in routine times. The industry is determined to recover itself, coming out of 18 months’ survival mode. We thus need adequate human, organisational and financial means. The current budget allocations of our tourism bodies (Ministry of Tourism, MTPA and Tourism Authority) are too meagre. »
Demandes de Rs 12 milliards sous le plan de soutien
Le plan de soutien mis sur pied en marge de la pandémie de Covid-19 révèle qu’au 25 mars dernier, 1 756 demandes pour un montant de Rs 12 milliards avaient été enregistrées. Quelque Rs 5,4 milliards ont été engagées pour le financement de 1 060 demandes approuvées, dont
Rs 1,9 milliard allouées à la filière d’accommodation and food service activities sur un total de Rs 3,9 milliards
Rs 910,7 millions à la manufacture sur Rs 1,7 milliard
Rs 777,5 millions au commerce sur Rs 2 milliards
Rs 428 millions à la construction sur Rs 759,4 millions
Rs 401 millions aux autres services sur Rs 1,6 milliard
Rs 336,1 millions au secteur professionnel sur Rs 742,9 millions
Rs 289,4 millions au secteur agricole sur Rs 510, 6 millions
Rs 195 millions au service financier sur Rs 413,7 millions
Rs 102 millions à la filière des TIC sur Rs 194,6 millions et
Rs 28,8 millions au secteur de l’immobilier sur Rs 91,9 millions