Entre Grate Kot Kapav et Tou Korek Lakaz Mama : Rs 4 milliards à la STC pour bloquer les prix pétroliers

— Cette demande accédée par le GM en fin de semaine avait été soumise par le Commerce aux Finances le 17 février dernier et rééditée sept jours après, soit le 24 — MCB Focus laisse échapper son scepticisme quant au Target of One Million Tourists d'ici la fin de cette année — L'endettement de l'Hospitality Sector auprès des banques se monte à Rs 53,8 milliards, soit en progression de 40% par rapport à la fin de 2019 — Sous la pression de la flambée des prix, à prévoir un déficit commercial supérieur à 30% du PIB "for the first time in the country's history"

La stratégie 2008 adoptée par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, pour contrer l’offensive du leader du l’opposition, Xavier-Luc Duval, au sujet de la baisse du pouvoir d’achat des Mauriciens lors de la Private Notice Question (PNQ) de mardi dernier a été un feu de paille. Ballotté entre l’opération Grate Kot Kapav (GKK) au chapitre des recettes publiques en baisse et l’urgence de maintenir autant que possible le feel-good factor avec Tou Korek Lakaz Mama, le Grand Argentier s’apprête à procéder à une allocation de fonds de Rs 4 milliards en faveur de la State Trading Corporation (STC), qui est déjà endettée pour un montant similaire avec le scandale Betamax du groupe Bhunjun. Cette injection de fonds en faveur de cette institution parapublique brassant un chiffre d’affaires annuel de plus de Rs 30 milliards ne vise qu’un seul objectif dans la conjoncture : repousser à plus tard tout ajustement à la hausse des prix pétroliers à la pompe. D’autre part, Gilbert Gnany, Chief Strategy Officer du MCBGroup, avec la dernière édition de MCBFocus, confirmre l’upward trajectory pour le taux d’inflation, suite aux 10,2% de la Year-to-Year Inflation à la fin de mars dernier.

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Au titre des prévisions de croissance de l’économie pour cette année, révisée à la baisse à 6,2%, le MCBGroup ne passe pas par quatre chemins pour qualifier d’ambitious les prévisions du Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, avec son million de touristes en 2022 comme tremplin d’une croissance robuste. À ce même chapitre, des observateurs aguerris de la scène économique auront remarqué que l’Association des Hôteliers et des Restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM) garde une « distanciation politique » et se démarque de cette stratégie du million de touristes en 2022. L’AHRIM Budgetary Proposals, qui fait l’économie de soutenir ce target, préfère se concentrer sur des mesures pour gérer l’endettement auprès des banques commerciales de l’hospitality sector, en hausse de 40% par rapport à décembre 2019, se retrouvant à Rs 53,8 milliards au dernier décompte. Et surtout avec l’augmentation des taux d’intérêt.

Finalement, après deux rappels du ministère du Commerce, notamment en date des 17 et 24 février pour un ballon d’oxygène en faveur de la State Trading Corporation face à la flambée du cours mondial du pétrole, le ministère des Finances est appelé à assurer un emprunt de Rs 4 milliards dans les meilleurs délais suite à une récente décision du conseil des ministres. Le loan agreement, qui est déjà prêt, devra être signé par les parties concernées dans les jours à venir, évitant du même coup au Petroleum Pricing Committee (PPC) d’appliquer pour la troisième fois consécutive le taux de majoration maximale de 10%, avec le litre d’essence passant à environ Rs 67.

Dans les milieux autorisés, l’on affirme que ce loan de Rs 4 milliards, qui viendra se greffer sur les précédentes avances d’un peu plus de Rs 4 milliards pour le règlement de la compensation versée au groupe Betamax, arrive à point nommé en raison de l’état des finances de la STC. Sans cette bouée de sauvetage avec la STC devant trouver ultérieurement les moyens pour assurer le loan servicing, l’automobiliste aurait eu à casquer un trois à la file, soit 30% de hausse des prix de produits pétroliers en moins de quatre mois. Et dire qu’il y a deux ans, sous le Ministerial Sterwardship de Yogida Sawmynaden, la STC, avec des réserves de Rs 4,1 milliards, avait gaspillé Rs 1,7 milliard au profit des Tikopin du N°8 Political Network du MSM sous le couvert des Covid-19 Emergency Procurements, caractérisés par la fraude et la corruption.

Toutefois, la question qui se pose dans la conjoncture est : pour combien de temps cette enveloppe de Rs 4 milliards suffira-t-elle? Ou encore, des ponctions sont-elle envisagées en vue de soutenir les prix de vente au détail du gaz ménager et de la farine? Outre des prévisions à l’effet que le baril de pétrole évoluera pour encore longtemps au-dessus du seuil psychologique des 100 dollars américains, après avoir établi en mars dernier une pointe de 140 dollars américains, its highest since 2008. Tiens ! L’année 2008 si chère au ministre Renganaden Padayachy.

D’autre part, à ce stade, en attendant la signature de l’accord de ce prêt, aucune confirmation si ces fonds de Rs 4 milliards seront utilisés pour atténuer la volatilité des prix de première nécessité, comme la farine ou encore le gaz ménager, dont le prix effectif devrait être de l’ordre de Rs 680 la bonbonne de 12 litres. Cette éventualité n’est pas à écarter vu que les Rs 4 milliards seront versées dans les caisses de la STC tout simplement et que l’autre côté, la pression sur les prix de ces commodités ne fait que s’accentuer avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie continuant à faire rage.

Coups durs au

pouvoir d’achat

Force est de constater qu’en parallèle au cours mondial du baril de pétrole, l’indice  de la Food Agricultural Organisation (FAO), qui suit la variation mensuelle des cours internationaux d’un panier de produits alimentaires de base, avait déjà atteint en février son plus haut historique depuis sa création en 1990. Il enregistre cette fois sa plus forte progression en l’espace d’un mois. Ainsi, blé, maïs, huile de tournesol, les prix des matières premières agricoles se sont envolés de 12,6% en mars sur un mois.

Difficile à dire si le répit sur la hausse du prix du carburant sera étendu à la facture d’électricité du Central Electricity Board (CEB), gros consommateur d’huile lourde pour faire rouler les centrales thermiques. Avec la présentation du budget 2022-23 devant intervenir dans un minimum de huit semaines et la mission du Fonds monétaire international attendue dans deux semaines dans le cadre des Article IV Consultations, les différentes options en matière de pricing policy of public utilities et aussi de l’allocation of subsidies devront se préciser.

Mais toujours est-il que le pouvoir d’achat des ménages continuera à essuyer des coups durs de plein fouet. De ce fait, MCBFocus note que « the rise in food and fuel prices and further pressures on freight costs amidst disruptions to supply chains stemming from the Russia/Ukraine war are aggravating the already elevated inflationary pressures worldwide. In Mauritius, considering that imported items bear a significant weight in the Consumer Price Index basket, such global disturbances are poised to feed into higher pressures on prices. »

Le taux d’inflation, qui a fait son entrée depuis la fin de mars dans la double digit zone, soit 10,2% à la fin de mars, devait y demeurer pendant longtemps encore. Ce n’est pas le MCBGroup qui dira le contraire quant à son analyse de l’évolution de la headline inflation. « There are notable risks that could cause headline inflation to end up at a higher rate than envisaged in pour baseline amidst uncertainty regarding the Russia/Ukraine war which could trigger further commodity and energy price shocks », ajoute Gilbert Gnany dans sa dernière analyse en date.

Et pour conclure à ce chapitre des prix, MCBFocus prévoit que Maurice est engagée dans la voie susceptible d’établir un autre record sur le plan économique, notamment au tableau du déficit commercial. « On the expenditure front, the higher price and cost pressures are set to constrain domestic consumption and restrain the anticipated rise in nationwide investment alongside exacerbating the level of visible trade deficit and would, ths year, exceed 30% of GDP for the first time in the country’s history », note le MCBGroup.

Une autre façon de dire que le pays vit à crédit et sur des dettes….

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