Une célébration a été organisée au collège Père Laval (CPL) hier, pour marquer les 25 ans de l’établissement. C’était aussi l’occasion de procéder à l’inauguration du Technology Enhanced Classroom, au centre du nouveau projet pédagogique du collège. Avec seulement 20 inscrits en Mainstream, contre 50 en Extended Programme, en Grade 7, le CPL revoit son approche, afin de mieux répondre aux besoins de ses élèves.
À cette occasion, le cardinal Maurice Piat a déploré le fait que le système ne valorise que ceux qui arrivent en premier aux examens.
Le Technology Enhanced Classroom, qui favorisera l’apprentissage interactif, est une innovation du collège Père Laval. L’établissement est déjà connu pour son approche holistique, avec accent sur le sport, la musique, le théâtre, entre autres. Gérard Lafitte, Manager du collège, a élaboré sur les nouveaux projets, dont un terrain de Foot Five, la mise en place d’un projet d’aquaponie et la réintroduction de l’Agriculture comme matière.
Le cardinal Piat souligne que chaque année, il y a 25% d’échec aux examens de fin de cycle primaire. Ce qui représente le quart des candidats.
L’initiative du CPL, a-t-il précisé, vient justement prendre en considération, ceux qui ont des difficultés. « L’éducation aujourd’hui ce n’est pas comme verser quelque chose dans un entonnoir. L’éducation, c’est réfléchir sur les données, les informations accessibles à tous.
Un examen, ce n’est pas uniquement pour tester la mémoire, mais pour évaluer l’esprit critique, la réflexion », fait-il comprendre.
Dans ce contexte, cette salle multimédia permettra aux élèves et aux enseignants qui font la recherche ensemble. « Ils apprendront à réfléchir et à être créatifs pour trouver des solutions. Il n’y a pas de compétition, mais la collaboration. En créant ensemble, c’est le groupe qui avance et pas un seul » , rappelle-t-il.
Le cardinal dénonce le fait qu’avec « une telle approche, nous sommes dans un système où nous ne connaissons que celui qui a eu un demi-point en plus. C’est quelque chose de ridicule de notre société qui met sur un cocotier, seuls ceux qui sont arrivés en premier. Il y a quelque chose à changer. »
Pour le cardinal Piat, aujourd’hui c’est le collège Père Laval qui prend l’initiative. Mais tous les collèges qui reçoivent des élèves d’une culture différente, qui sont dans l’Extended Programme, doivent lui emboîter le pas. « Il y a une urgence, par respect de la dignité de ces élèves, de chercher et de produire des pédagogies adaptées à ce qu’ils sont », maintient-il.
Revenant sur les échecs au PSAC et au NCE, le cardinal regrette que la situation dure depuis des années. « Comment voulez-vous qu’un enfant réussisse quand année après année, he was bored stiff in the classroom ? Cela devient un monde qui lui est répulsif. Au contraire, si on apprend à l’intéresser et à lui montrer que ce que l’on fait est utile pour sa vie, cela va changer », trouve-t-il.
Il a salué d’autres initiatives du CPL, comme la Project-Based Education. « Il y a un projet concret, comme apprendre à être un skipper ou un disc-jockey, faire des bandes dessinées et pour y arriver, ils devaient aussi apprendre les matières comme les mathématiques, anglais, français. On me dit que les enfants restaient même après l’école tellement cela les attirait. Il faut voir la pertinence de ce que nous apprenons », déclare-t-il.
Le cardinal Piat note que l’apprentissage par cœur et la compétition ne sont plus privilégiés dans le monde aujourd’hui. « La tendance est le contraire », a-t-il précisé, en invitant les enseignants à développer de nouvelles pédagogies, qui feraient grandir les élèves humainement. « Non seulement ils pourront gagner leur vie, mais ils apporteront leur contribution à la société. Il ne faut pas se laisser impressionner par les règlements. Il ne faut pas troubler ce qui est en place, mais trouver de nouvelles pédagogies pour ceux qui ne s’adaptent pas », propose-t-il.
De son côté, Gilberte Chung, la directrice du Service Diocésain de l’Éducation Catholique (SeDEC), est revenue sur les débuts du collège. De la petite salle partagée dans l’enceinte du collège technique Saint Gabriel à l’établissement secondaire pleinement autonome, un long chemin a été parcouru. « Je vois en vous des jeunes qui ont du talent. À vous d’être debout dans la société. Ce collège a énormément de potentiel », fait-elle ressortir.
Le vice-président de la république, Eddy Boissezon, a salué le parcours du collège. Il a rappelé qu’il y a 170 ans de partenariat Église-gouvernement dans le secteur de l’éducation en ajoutant que « cela a fait beaucoup de bien à la société mauricienne. Je suis sûr que cela va durer. Nous sommes à l’écoute. Les attentes des étudiants ont évolué au cours de la dernière décennie »
Dans ce contexte, la technologie aidera à améliorer la pédagogie, afin de mieux répondre aux nouveaux défis. « Loin d’être dans la course aux lauréats, le CPL aide ses élèves à s’épanouir en misant sur le sport, la musique, entre autres. Besoin d’un encadrement spécial. Collège pour mission d’accueillir les enfants pauvres, dans le sens large du mot », concède le vice-président de la république.