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Gestion des finances publiques – Les critiques sur le gaspillage dénoncé par l’Audit épluchées

Après la première étape consacrée au constat des critiques du rapport de l’Audit sur des cas de gaspillage de fonds publics, que ce soit sur le plan politique ou sur le front syndical, l’on est unanime quant à une chose. L’heure a sonné en vue de mettre bon ordre, d’autant plus que les cas de gaspillage, de fraude et de corruption dans le secteur public ont un coût, notamment l’endettement. Se rend-on compte que l’item des Borrowings est devenu le plus important au tableau des recettes, soit Rs 47 pour chaque Rs 100 de revenus.

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Ainsi, devant cette situation,  le Public Accounts Committee (PAC), présidé par Reza Uteem, s’est déjà  réuni depuis mercredi dernier pour analyser le rapport de l’audit 2020-2021, rendu public mardi. « À ce stade, en tant que Président du PAC, je ne souhaite pas commenter le rapport », déclare Reza Uteem, soulignant que les membres du PAC éplucheront le document par le biais d’un calendrier de travail, avant de faire part de leurs observations.

De son côté, le porte-parole du PTr, Arvin Boolell a constaté que le dernier rapport de l’Audit a émis « des critiques très pertinentes à l’encontre de la mauvaise gestion des finances du pays et l’absence de transparence ». Il relève que des dépenses ont cours sans aucune justification.

L’ex-leader de l’opposition a aussi mis le doigt sur le niveau « alarmant » de la dette publique. Il dira que « sans prendre en compte les dettes enregistrées par les corps paraétatiques, le taux de la dette est estimé à 80% du PIB. Si l’on prend en considération la dette totale enregistrée par les compagnies gouvernementales, la dette publique a dépassé 100% du PIB. Espérons que l’on ne se retrouve pas dans la même situation que le Sri Lanka ». Arvin Boolell affirmera par ailleurs que les revenus de l’État mauricien ont baissé sensiblement. « Il est inacceptable que le gouvernement entreprenne des projets de prestige et dépense de l’argent avec des Cost overruns et des retards quant à la mise en œuvre, comme le souligne le rapport de l’audit », ajoutera le porte-parole travailliste.

Qui plus est, Arvin Boolell avance que le plus inquiétant est que le gouvernement ne s’intéresse pas aux fondamentaux économiques. « Attention au syndrome de Ponzi », lance-t-il, tout en s’appesantissant sur le point que le directeur de l’Audit,  Charanjivsingh Romooah, déplore la légèreté des explications que lui auraient données des fonctionnaires quant aux dépenses injustifiées.

Et au fil des séances du Question Time à l’Assemblée nationale, les députés de l’opposition trouveront dans les pages du rapport de l’Audit des munitions pour acculer le gouvernement.

RÉACTIONS SYNDICALES | Rapport de l’Audit 2020-21

Haniff Peerun, président du (MLC) :

« La même chanson chaque année ! »

« Le rapport de l’Audit est devenu comme une chanson qu’on repasse sur les ondes chaque année. Ce qui est dérangeant cependant est que celui-ci, chaque année, fait mention des cas de fraude, de corruption, de gaspillage des fonds publics et d’injustice ; les politiciens ne démontrent pas pour autant une volonté politique de mettre fin à cette situation. Nous vivons pourtant à l’heure de l’informatique où tout peut être facilement contrôlé, et un ministère y est dédié. Mais que voyons-nous dans la pratique ? La pension universelle continue à être versée sur le compte de certaines personnes décédées.

« Le rapport de l’Audit fait mention de l’achat d’un camion qui n’a jamais été utilisé. En sus de cela, les pièces de rechange coûtent plus cher que le camion. Des policiers pendant des années ont été suspendus de leurs fonctions et ils continuent à toucher leurs salaires. Si un fonctionnaire a fauté, c’est l’État qui doit débourser de l’argent.

«  Ce sont des exemples de gaspillage des fonds publics. Est-ce qu’il n’est pas temps de rendre ceux ayant fauté Accountable ? Que font les audits internes des ministères ? Faut-il attendre que le bureau de l’Audit National procède à un constat de la situation ?

Narendranath Gopee, (FCSOU) :

« Le Premier ministre doit agir »

« Le rapport parle d’un problème de manque de gouvernance en ce qu’il s’agit de la gestion des fonds publics. Il dénonce aussi la façon d’opérer du département de Procurement quant aux manquements et la manière dont les contrats sont alloués. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, doit engager sa responsabilité en prenant des sanctions à l’encontre de ses ministres et les fonctionnaires qui ont mal fait leur travail.

« J’énonce cela parce que c’est lui-même qui est venu dire qu’il gère le fonds public comme son argent et qu’il prend toutes les précautions avant de dépenser.  Si les fonds de l’État sont mal dépensés et qu’il ne fait rien, cela veut dire qu’il a lui aussi sa part de responsabilité dans ces gaspillages.

« Il doit ainsi appliquer les sanctions qui s’imposent en amendant les Terms of Reference du Public Accounts Committee pou ki li vinn ene bouldog avek ledan. En cette période où le monde est en train de passer par une crise financière et que Maurice est confrontée à une crise sociale au vu de l’endettement public qui augmente, il est temps que le PAC prenne des actions efficaces et pertinentes pour contrôler les dépenses publiques.

« Le rapport fait aussi référence à l’Affordability Index pour l’emprunt et l’endettement additionnel pour 2020-2021. Celui-ci souligne que l’emprunt est situé autour de Rs 135 milliards. Le pays est déjà endetté à hauteur de Rs 400 milliards et cela représente une dette per capita de Rs 330 000. C’est le résultat d’une mauvaise gestion. Le rapport indique que Maurice n’a plus l’Affordability Index pour contracter des dettes.

« Il faut aussi savoir que 20 ministères n’ont pas soumis leurs rapports annuels et je me demande s’ils sont en train de défier les autorités du National Audit Office. Il est temps que ce département Name and Shame… »

Clency Bibi  (GWF):

« Étonnant et scandaleux »

« Malgré les révélations, il me semble que chaque année le rapport de l’Audit finit par tomber dans l’oreille d’un sourd. Ce rapport est à la fois étonnant et scandaleux. Année après année, la mauvaise gestion et le gaspillage sont évoqués. Il est scandaleux que ce rapport évoque cette mauvaise administration à un moment où notre économie est en détresse. Il est urgent de mettre sur pied un comité bipartite gouvernement-syndicats pour identifier les sources de ces gaspillages ».

Reaz Chuttoo (CTSP) :

« Comme une alerte cyclonique »

« Tous les rapports du département de l’Audit National publiés jusqu’ici parlent de gaspillage. Mais personne ne semble accorder une attention particulière à cette situation et je constate que même des membres de l’opposition réagissent de façon hypocrite sur la question car lorsqu’ils sont eux aussi au pouvoir, ils font la même chose.

Je pense qu’il importe plutôt de donner plus de pouvoir au bureau de l’Audit pour qu’il puisse demander au Directeur des Publiques ou à celui de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) de prendre des actions appropriées. Ce rapport est devenu finalement comme une alerte cyclonique, et c’est tout ; et les gens continuent à jeter leurs détritus dans les drains… »

Radhakrishna Sadien (SOEF):

« C’est le résultat de la culture

rod fer plezir »

« Le rapport est venu mettre en relief des problèmes qui sont connus depuis des années. Il n’y a pas a priori une loi qui protège les fonctionnaires qui subissent des pressions verbales. Malheureusement, c’est le résultat de cette culture de rod fer plezir chez les fonctionnaires.

« C’est pourquoi je maintiens que l’entrée en vigueur du Public Service Bill est une nécessité pour tirer une ligne de démarcation entre les responsabilités des fonctionnaires et les limites des politiciens et il faut en même temps amender la section 113 de la Constitution qui permet à un gouvernement de démettre un haut fonctionnaire de ses fonctions lorsqu’il refuse d’obtempérer aux ordres des politiciens.

« Il faudrait qu’il y ait un Ombudsperson pour que les fonctionnaires puissent porter plainte car aujourd’hui ki laport zot pou al tape. Je connais des cas où de hauts fonctionnaires n’étaient pas d’accord avec les directives des politiciens qui ont été transférés et finn met zot dan enn ti kwin.

« On ne peut pas continuer à voir le rapport de l’Audit qui continue à frapper fort et que demain les politiciens vont venir dire que ce n’est pas moi qui ai fait cela et que c’est la faute aux fonctionnaires. Les gens qui ont accepté la pression pour des avantages personnels doivent être answerable car tout gaspillage des fonds publics est au détriment de la population, qui souffre en ce moment de la cherté du coût de la vie. Il n’est pas possible à un moment où les gens se battent pour joindre les deux bouts, que d’autres en profitent pour faire de l’argent sur le dos des malheureux ».

Deepak Benydin (FPBOU) :

« Il faut accorder le pouvoir de

sanction au bureau de l’Audit »

« Il faut accorder davantage de pouvoirs au bureau de l’Audit pour qu’il puisse recommander des sanctions à ceux qui ont gaspillé l’argent du contribuable. Le dernier rapport est encore une fois accablant.

« Je regrette qu’on ait mis de côté le système de Performance-Based Budget. Le rôle de l’Audit est relégué à celui d’un spectateur. Ce rôle aurait plutôt été avant-gardiste et on aurait pu intervenir avant même que de mauvaises décisions soient sur le point d’être commises. En analysant le rapport, on sent très bien qu’il y a un problème de planning. Sinon, comment expliquer tous ces équipements achetés mais non-utilisés ?

« Au niveau des corps paraétatiques, on voit toujours que c’est le Chairman, nominé politique, qui dicte la politique du conseil d’administration. Le fait que certains corps paraétatiques ne soient pas answerable cause problème. C’est la raison pour laquelle le bureau de l’Audit doit avoir plus de pouvoir pour agir. »

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