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Le privé, partie prenante dans la lutte pour éliminer le plastique à Maurice

  • Horizon 2030: 128 000 tonnes de déchets plastiques génnérées annuellement

La Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) a rendu publique sa feuille de route sur son engagement à éliminer les déchets plastiques dans le pays. Pendant plusieurs mois, des réunions se sont tenues afin d’arriver à un document visant à réaliser cet objectif. Cette feuille de route comprend également la gestion des déchets microplastiques, constituant un type de plastique très négligé et présentant un impact important sur la santé humaine.

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Face à une prévision de 128 000 tonnes de déchets plastique générées annuellement à l’horizon 2030, le rapport dit ouvrir la voie vers une économie circulaire pour une île Maurice propre et verte d’ici 2030, où 50% des déchets plastiques seront recyclés et 50% transformés en source d’énergie. Mettant en exergue la gestion des déchets solides et celle des déchets plastiques qui vont de pair, le rapport mentionne que tout effort visant à mieux gérer les déchets plastiques doit s’inscrire dans la stratégie globale de gestion des déchets solides du pays.

Ainsi, les trois domaines les plus importants nécessitant une intervention sont :
la prévention des déchets et des décharges,
la promotion agressive du recyclage des déchets plastiques et
la transition progressive vers des alternatives biologiques en phase avec l’infrastructure de gestion des déchets solides.

Dans le rapport, plusieurs recommandations sont faites. Parmi, le dialogue entre le gouvernement et les parties prenantes, y compris le Mauritius Material Recovery Forum (MMRF), est essentiel pour atteindre les objectifs du scénario de l’île Maurice propre et verte. Ce forum sera lancé bientôt en collaboration avec la MCCI.

L’objectif du MMRF serait d’agir en tant qu’organisme permanent du secteur privé pour promouvoir le recyclage des déchets (y compris le plastique) et du recyclage dans l’économie mauricienne. Les consultations entre les parties seront régulières et axées sur les objectifs sont aussi recommandées.

Le rapport demande qu’au lieu de se concentrer uniquement sur la transition des plastiques conventionnels vers les bio-alternatives, les régulateurs, les opérateurs commerciaux et les recycleurs devraient encourager le passage à des types de résine qui sont recyclables et pour lesquels il existe des marchés de produits recyclés.

On demande que le gouvernement dispose d’une politique claire pour l’achat de produits en plastique recyclé, tels que les poubelles, les sacs-poubelle et d’autres produits couramment distribués gratuitement aux ménages par les autorités locales. La promulgation de Resource Recovery and Circular Economy Act est réclamée pour promouvoir l’efficacité et la récupération des matériaux dans toute l’économie mauricienne.

En effet, le rapport de la MCCI fait suite aux deux règlements, soit le GN 156 et le GN 197 visant à réduire l’usage du plastique à usage unique, des sacs en plastique et de l’emballage en plastique. On avance que les opérateurs économiques n’ont pas pu maintenir le pas avec les délais, les exigences et la transition vers les bio-alternatives imposés par ces réglementations excessives. De plus, des problèmes ont surgi s’agissant de l’interprétation des règlements et la mise en application par les opérateurs.

Étant donné que les changements prescrits par le gouvernement allaient apporter des perturbations importantes pour les importateurs, exportateurs, fabricants et détaillants, la MCCI fait part de l’existence des conséquences liées à la mise en place d’un système sans plastique. Pour elle, un chaos économique peut se produire. Face à cette éventualité, le rapport commandité de la MCCI vise à contribuer de manière constructive au combat du gouvernement vers une île Maurice sans plastique.

Pour lutter contre le déchet plastique, le rapport fait aussi ressortir des difficultés des opérateurs économiques. Ils ont eu de la peine à trouver des alternatives aux emballages plastiques conventionnels car les déplacements internationaux pour se rendre à des foires internationales ou visiter des fournisseurs ont été limités en raison de la pandémie. Trouver des bio-alternatives a aussi été une difficulté pour ces derniers à cause de leur disponibilité, des coûts, du savoir-faire et du temps.

De plus, les bio-alternatives pour l’emballage n’ont pas été disponibles ou irrégulières auprès des fournisseurs internationaux. Tenant en compte du Polylactic Acid (PLA) qui est plus cher, le rapport avance que « la PLA est plus cher, devient cassant à basse température, n’est pas naturellement biodégradable et nécessite des conditions environnementales particulières qui ne sont pas soutenues par l’infrastructure actuelle de gestion des déchets solides à Maurice ».

Le document estime que le moratoire d’un an pour la mise en place du GN 156 n’est pas suffisant car l’innovation et la disponibilité des bio-alternatives ne seront pratiquement pas différentes dans un an. « Les changements de processus (en particulier pour les fabricants) sont à forte intensité de capital et lents à mettre en œuvre. Avec plus de temps, plusieurs alternatives peuvent être étudiées et adoptées », note le rapport.

« Au lieu de se concentrer uniquement sur la transition des plastiques conventionnels vers les bio-alternatives, les régulateurs, les opérateurs commerciaux et les recycleurs devraient encourager la transition vers des types de résine qui sont recyclables et pour lesquels des marchés de produits recyclés existent », ajoute le document.

Par ailleurs, Maurice n’est pas prête pour une transition vers des alternatives biologiques, liées aux conteneurs et aux emballages pour plusieurs raisons. Parmi, la disponibilité des bio-alternatives comme alternative est limitée ou, dans le meilleur des cas, coûteuse. Les normes et les installations d’essai relatives aux produits bio-alternatifs doivent encore être mises en œuvre, et les consommateurs ne connaissent pas les options de fin de vie des biodéchets issus des emballages bioréutilisables.

Le rapport parle aussi de la pollution causée par le microplastique, un problème important qui nécessite l’attention urgente des autorités. Les microplastiques sont un concept générique pour les petits morceaux de plastique de moins de 5 mm qui font partie des produits de consommation et des produits industriels. Ils se sont révélés très polluants alors que leur contrôle a souvent été négligé en raison de l’importance excessive accordée aux produits en plastique à usage unique.

Chaque année, Maurice génère 116 000 tonnes de déchets plastiques. De ce volume, uniquement 3 000 tonnes sont recyclées, soit 2,5% alors que 71 000 tonnes sont enfouies à Mare-Chicose, soit 61%. Les statistiques révèlent également que 36,5% des déchets plastiques, soit 42 000 tonnes, ne sont pas récupérés car ils sont jetés partout. Et ces plastiques se retrouvent dans les canaux, rivières, lagons, et océans.

Présent lors de ce lancement, le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, a dit regretter que la production des bouteilles PET soit restée la même. Ce type de plastique, a-t-il souligné, est préoccupant. Il croit dans un partenariat public et privé pour que Maurice puisse se tourner vers une économie circulaire.

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