Le Komite Konzwin Peser-san-kart Sid Est a accompagné des pêcheurs de cette région dans leurs démarches pour l’obtention de la carte de pêcheur professionnel. Plusieurs réunions ont été organisées entre des membres de ce comité, le ministère de la Pêche et le Syndicat des Pêcheurs, afin de s’assurer que ce projet soit mené à bon escient.
Rajni Lallah, porte-parole du comité parle aujourd’hui de victoire pour des pêcheurs qui attendaient ce moment depuis 10, voire même 15 ans. Toutefois, elle déplore l’absence de Proficiency Test pour déterminer qui sont les « Genuine Fishermen » et de nouvelles Regulations qui auraient force de loi.
« C’est un soulagement pour ces pêcheurs de ne plus être dans l’illégalité. Certains attendaient ce moment depuis 10 à 15 ans. C’est aussi une grande victoire car les cartes de pêcheurs n’ont pas été obtenues sur un plateau. Les pêcheurs se sont organisés, la lutte a été longue pour finalement en arriver là », déclare Rajni Lallah.
Rajni Lallah déclare que certains ont été disqualifiés par les critères imposés. Un autre a investi sa compensation du Wakashio dans l’achat d’un bateau, mais attend toujours d’être appelé pour la formation. Elle se dit cependant satisfaite que le critère sur le certificat de moralité ait été revu. Seuls ceux impliqués dans le trafic de drogue sont exclus.
Pour ce qui est de la transparence, elle dira que c’est mi-figue, mi-raisin. « D’une part, nous avions demandé que les noms des personnes retenues pour la formation soient affichés dans les Fisheries Posts. Cela a été fait depuis l’année dernière. Nous sommes donc satisfaits sur ce point. En revanche, nous avions demandé à mettre en place des Proficiency Tests qui seraient dirigés par des pêcheurs d’expérience, afin de déterminer les aptitudes des candidats, mais cela n’a pas été fait », regrette-t-elle.
Rajni Lallah explique que cette méthode avait été proposée pour remplacer le critère de monitoring des activités du demandeur pendant une période de six mois, comme l’exigent les règlements. « Selon les conditions en place, le pêcheur demandeur doit déclarer ses prises aux officiers des Fisheries au débarcadère de sa localité. C’est une manière de s’assurer que la personne pratique bien ce métier. Mais le ministre Sudheer Maudhoo a reconnu lui-même qu’il n’y avait pas suffisamment d’officiers pour faire ce travail. Nous sommes aussi d’avis que ce système est dépassé. Se fier uniquement aux officiers des Fisheries serait se limiter à la bureaucratie », poursuit-elle.
Comme alternative, le Komite Konwzin Peser-San-Kart, en collaboration avec le Syndicat des Pêcheurs avait suggéré un Proficiency Test. Dans une lettre adressée au ministre de la Pêche, en date du 21 juillet 2021, le collectif indique : « the applicant fisher shall need to pass a practical proficiency test for off-lagoon fishing conducted under the supervision of the Ministry responsible for Fisheries by a skilled off-lagoon fisher with 10 years or more experience and recognised as such by the Ministry. »
Le comité ajoute plus loin qu’une telle initiative « will ensure more transparency as this test can be held where there is a jetty in each fishing Zone where applicant fishers live and where they can see each other doing the proficiency test in different groups. »
Le comité avait ainsi demandé que la formation comporte un module pratique sur la pêche hors du lagon, afin de bien préparer les candidats à cette réalité. « Je suis un peu inquiète de voir qu’il n’y a eu que huit jours de cours pour les demandeurs de carte professionnelle. Je peux comprendre que des cours plus longs auraient retardé les procédures, mais je pense qu’il faut s’assurer de la sécurité des pêcheurs. On ne parle pas ici de pêche dans le lagon, mais bien hors du lagon », dit-elle.
Dans le même ordre d’idées, elle est d’avis que le ministère de la Pêche aurait dû élaborer un plan pour développer davantage ce secteur. « Dans un contexte de crise et d’insécurité où l’on parle de la souveraineté alimentaire, il aurait été mieux de donner les moyens à nos pêcheurs. Un cours de huit jours ne suffit pas pour cela. Il faut leur donner les connaissances techniques. Certes on a régularisé la situation de ces pêcheurs, mais c’est dommage que le ministère n’ait pas un plan d’ensemble pour développer le secteur de la pêche », s’appesantit-elle.
Rajni Lallah fait ressortir que le comité était également en faveur de nouvelles Regulations, après les différentes discussions et révisions de certains critères. « Je n’ai rien entendu sur ces Regulations à ce jour. Notre demande était que ces Regulations aient force de loi. Ce qui aurait permis aux élus d’avoir un droit de regard. Sans cela, tout sera fait à la discrétion du ministère », regrette-t-elle.