Le rapport du Fact–Finding Committee (FFC) sur les onze patients dialysés du New Souillac Hospital décédés des suites de contamination au Covid-19 ne sera pas rendu public. Ce document a été remis au Medical Negligence Standing Committee pour qu’une enquête soit menée au cas par cas afin de déterminer s’il y a eu négligence médicale. C’est ce qu’a déclaré au Parlement, hier, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, à la suite des questions parlementaires sur le rapport du FFC quant à ceux décédés dans le contexte du Covid-19. Le député du MMM Franco Quirin l’a interpellé sur les raisons de la soumission de ce rapport si Tou Korek Lakaz Mama. De son côté, Reza Uteem a rappelé au ministre qu’il avait systématiquement objecté à l’institution de ce Fact-Finding Committee.
Le ministre de la Santé devait souligner que les professionnels de la santé médicale exercent sous la tutelle des autorités telles que le Nursing Council, le Pharmacy Council, le Health Allied Professional Council et le Medical Council. Ces organismes fonctionnent dans le cadre de législations spécifiques. En outre, de tels cas de négligence médicale alléguée peuvent également être déférés au Medical Tribunal, qui est présidé par un juge en exercice et qui a pour mandat de déterminer tout acte de négligence médicale.
Contrairement à une commission d’enquête, dit-il, un comité d’enquête n’a pas de base statutaire et les personnes ayant produit le rapport et les témoins devant la commission ne bénéficient d’aucune immunité juridique. « Vous comprendrez que la divulgation du rapport du comité d’enquête peut exposer ces personnes à des poursuites judiciaires », explique-t-il.
Un comité de suivi a alors été institué dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du FFC. Celles-ci ont trait aux unités de dialyse, à la lutte contre les infections, à l’éducation des patients et à la gestion des patients.
La première série de recommandations du comité d’enquête est axée sur les unités de dialyse. Le comité d’enquête a recommandé que toutes les unités de dialyse soient déclarées zones d’accès restreint permanent. Ces unités doivent prévenir l’entrée de visiteurs malades afin de minimiser les risques d’infection pour les patients et le personnel médical.
D’autre part, les membres du personnel, les patients et les visiteurs doivent des masques à tout moment. Les patients positifs au COVID-19 seront dialysés en isolement en zone séparée.
Quant au contrôle des infections, le FFC prône que tous les patients sous dialyse ainsi que tout le personnel des unités dédiées soient complètement vaccinés. Il est recommandé que les patients dialysés soient vaccinés dans les cliniques de dialyse au lieu de faire la queue aux centres de vaccination.
Qui plus est, les déplacements du personnel au sein de l’unité de dialyse doivent être minimisés. De plus, nourriture et boissons feront l’objet d’une interdiction dans la même unité. Des tests PCR réguliers doivent être effectués sur les patients et le personnel de manière régulière.
Les transports privés ou les ambulances hospitalières sont recommandés. Tous les espaces clos au sein des unités doivent favoriser une ventilation transversale et des extracteurs d’air.
Kailesh Jagutpal a aussi affirmé qu’en février 2021, le ministère a mis en place une équipe dédiée à la vaccination des patients dialysés lorsque ces derniers venaient pour leurs séances. En février 2021, 81 patients étaient sous dialyse à l’hôpital de Souillac et seulement 2 avaient accepté de se faire vacciner, devait-il faire ressortir hier.
« Aujourd’hui, les choses ont changé. Je suis informé que tous les patients actuellement sous dialyse à l’Hôpital de Souillac sont entièrement vaccinés avec leurs doses de rappel »,dit-il.
À ce jour, 600 patients sur 1500 dialysés à Maurice ont été contaminés par le COVID-19. Environ 98% des patients dialysés sont vaccinés à ce jour. Les 2% restants sont principalement constitués de patients qui ne veulent pas se faire vacciner malgré les campagnes de sensibilisation et d’éducation.
D’autre part, au vu de la gestion même des patients, le ministre de la Santé a évoqué la nécessité d’un bureau des relations publiques dans chaque hôpital en vue de fournir toutes les informations pertinentes aux proches des patients. Les patients présentant des comorbidités graves ne doivent pas être laissés seuls dans les centres de quarantaine. Un parent devrait être autorisé à rester avec eux.
Des précautions sanitaires strictes doivent être prises à tout moment, y compris pendant le transport des patients, et un journal de bord approprié doit être conservé dans le véhicule.
Quant à la question de la télémédecine, « je tiens à informer l’Assemblée que cette recommandation nécessitera d’autres consultations et modifications législatives avant son application ». Il a aussi affirmé que plus de 90 % des recommandations formulées ont déjà été mises en œuvre. Les 10% restants des recommandations à implémenter se rapportent principalement aux options de télémédecine, grâce auxquelles les patients peuvent obtenir des rendez-vous et des conseils médicaux en ligne.
Les conclusions de la commission d’enquête sont principalement de nature personnelle et individuelle. Kailesh Jagutpal ajoute : « je souhaite en outre informer la Chambre que les recommandations du rapport du comité d’enquête sont axées sur les améliorations à apporter au service de dialyse de mon ministère. Il n’y a pas eu de conclusions pointant vers des actes de négligence au niveau de l’Hôpital de Souillac et de l’Hôtel Tamassa (Centre de Quarantaine) dans le rapport. »