Assemblée Nationale : Splash and Fun Leisure Park: Rs 380 millions jetées à l’eau…

XLD:  «  Le ministre Gobin cherche à se laver les mains alors que c’est l’argent de 55 000 petits planteurs qui est concerné » Kailesh Jagutpal se fait reprendre par Sooroojdev Phokeer pour avoir « lumped » huit PQs en une unique réponse Pravind Jugnauth ne répond qu’à une seule PQ lors de la tranche du Prime Minister’s Question Time

La première Private Notice Question (PNQ) de la session 202  du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a porté hier sur la gestion du Splash and Fun Leisure Park de Belle-Mare. Documents à l’appui, il a acculé le ministre de l’Agro-Industrie, Maneesh Gobin, sur le fait que plus de Rs 380 millions appartenant aux petits planteurs et artisans, actionnaires du Sugar Investment Trust ont été jetées à l’eau dans ces facilités de loisirs aquatiques. Il déplore que des contrats d’un montant de Rs 22,7 millions aient été alloués sans appel d’offres, tout en affirmant que ces éléments sont contenus dans un rapport d’audit interne réalisé. Il a réclamé à ce propos l’institution d’une commission d’enquête de cette compagnie d’État. À cette demande, le ministre a fait état que cette affaire fait actuellement l’objet d’une enquête de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) et qu’il est tenu par la confidentialité de ces enquêtes.

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D’autre part, comme pour ne pas déroger aux vieilles habitudes, le Leader of the House, Pravind Jugnauth, n’a pas fait dans les détails pour épuiser la demi-heure consacrée au Prime Minister’s Question en répondant qu’à la première PQ sur les Chagos, notamment la mission scientifique et politique du Bleu de Nîmes à Blenheim Reef dans l’archipel des Chagos. En début de séance, le Premier ministre a consacré 30 minutes pour des hommages à quatre anciens parlementaires décédés depuis la fin de l’année dernière, dont l’ancien président de la République, Karl Offmann, Raj Dayal, Dinesh Mundil et Ramnath Jeetah.

Pour ce qui est de l’ambiance au sein de l’hémicycle, le ton était mesuré de part et d’autre et dans les limites des annales parlementaires. Le clash verbal Phokeer/Boolell était de mise. Par contre, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, s’est ramassé de manière véhémente par le Speaker. Le ministre avait commis l’impair, probablement sans informer au préalable la Chair, de lump huit interpellations sur le rapport du Fact Finding Committee sur les 11 décès de patients de dialyse, décédés au Covid-19. De son côté, Shakeel Mohamed a préféré présenter ses excuses pour reprendre sa place à l’Assemblée nationale.

Répondant à la PNQ, Maneesh Gobin, s’est contenté de faire comprendre que le Splash and Fund Leisure Park est une compagnie privée gérée par un conseil d’administration composé de neuf membres, dont trois  nommés par son ministère. Il a ajouté que les rapports d’audit ainsi que d’autres documents n’ont pas encore été remis officiellement à son ministère. Le leader de l’opposition, tout en insistant sur le fait qu’il a visité le Splash and Fun Leisure Park vendredi dernier, demande au ministre Gobin si, au regard de plus Rs 380 millions dépensées pour la rénovation du parc, il peut affirmer quand les travaux de rénovation prendront fin et si une étude de marché a été effectuée avant d’entamer le projet. Il a également réclamé que le rapport d’audit interne effectué sur la compagnie soit déposé sur la table de l’Assemblée et a demandé si cette affaire avait été référée à la police.

Le ministre a rappelé que les travaux de rénovation avaient  commencé en 2018, et ce, pour un coût estimé à Rs 350 millions. Ces travaux ont été achevés en 2019, à l’exception d’un élément, précise le ministre, à savoir le « Boomerango », soit à 68%. La raison est que le parc a été fermé en raison de la pandémie du 19 mars au 15 octobre 2020, du 15 mars au 29 octobre 2021, et à nouveau du 12 novembre 2021 au 29 janvier 2022. Le board compte compléter cette attraction dépendant de la disponibilité de fonds.

Concernant l’étude de marché, le ministre soutient qu’un audit a été effectué par la firme PWC en 2016 pour la SIT et ses filiales. Il confirme aussi qu’un audit interne sur les dépenses de Rs 350 millions, réclamé en juin 2021, a été soumis le 23 mars dernier. « Ce rapport est en cours d’examen par le conseil. Il n’y a pas seulement un rapport de l’auditeur interne, car il y a aussi un autre rapport d’auditeur interne connexe sur la rénovation. Tous ces rapports sont également examinés par le conseil d’administration », dit-il, tout en répétant que « la SIT est une société privée », ajoute-t-il.

Maneesh Gobin a par contre expliqué qu’il n’y a aucune enquête de police relative aux travaux de rénovation. « L’ICAC enquête sur cette affaire et toutes les informations qui l’entourent sont confidentielles » , met-il en avant.

« Étonnement »

Xavier-Luc Duval a ensuite voulu savoir comment le ministre s’assurera que les Rs 35 millions nécessaires pour compléter la rénovation du Boomerango ne seront pas jetées down the drain. Ce à quoi le ministre a trouvé qu’il reviendra au conseil d’administration du Leisure Park de décider comment trouver les fonds nécessaires.

Le leader de l’opposition a, à plusieurs reprises, affirmé que deux hauts cadres du ministère siègent sur le conseil d’administration, notamment le Permanent Secretary et le PAS, avant de faire état de son étonnement que le ministre ne soit pas au courant de ce qui se passe dans ce parc de loisirs. Le ministre a plaidé que les nominés du gouvernement « sont minoritaires » et que, de plus, il n’y a aucun fonds public engagé au sein de cette compagnie.

Poursuivant , Xavier-Luc Duval a rétorqué que Rs 22,7 millions ont été dépensées sans passer par les procédures d’appels d’offres, en sus de dépenses de Rs 3,5 millions pour entretenir des visiteurs étrangers et Rs 2,7 millions,  qui devaient être payées à une compagnie et ont finalement été versées à un individu ».

« Le ministre cherche à se laver les mains, alors que c’est l’argent de 55 000 petits planteurs qui est concerné », dénoncera  Xavier-Luc Duval. Avant d’affirmer que malgré cette mauvaise administration évidente, le président de la SIT a été promu pour devenir président de Landscope, qui gère des fonds beaucoup plus importants que le parc de loisirs  et la SIT.

« Ces planteurs devront pouvoir exprimer leur mécontentement à l’assemblée générale de la SIT », note le ministre. Ce à quoi Xavier-Luc Duval a rappelé qu’il y a un nouveau conseil d’administration au niveau de la SIT. Raison pour laquelle il dit réclamer une commission d’enquête sur la gestion financière de cette société. Proposition qui a aussitôt été balayée d’un revers de la main par le ministre, bien qu’admettant la nécessité de réformer la SIT.

« La question est à l’étude au niveau du gouvernement pour savoir si ce changement devra passer par un projet de loi ou par le Finance Bill », dit-il.

À noter que Arvin Boolell a pour sa part affirmé qu’un membre du conseil d’administration de la SIT fait l’objet d’une enquête de l’ICAC.

PMQT : Visite aux Chagos

Le PM : « Expédition historique malgré les critiques de l’opposition »

L’unique PQ répondue lors du Prime Minister’s Question Time au nom du député Ruchard Duval, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est revenu sur les principales intervenues dans le dossier des Chagos. Il maintien que la mission entreprise à bord du Bleu de Nîmes dans les eaux des Chagos constitue une première historique ne dépit des critiques de l’opposition. Cette mission aura coûté plus de Rs 57 millions, montant puisé des fonds publics même si la BBC et The Guardian, dont les journalistes étaient du voyage, ont consenti à contribuer en partie aux frais.

Cette mission s’inscrit dans le cadre de collecte de données aux Chagos en vue du litige opposant Maurice aux Maldives devant la Special Chamber de l’ITLOS avec Maurice devant soumettre un mémoire au plus tard le 14 avril. La location du yatch Bleu de Nîmes aura coûté  Rs 48 millions. Un avion spécial a également été affrété pour le transfert de la délégation aux Seychelles, au coût de Rs 1,3 million. Le billet retour pour 14 passagers a coûté Rs 366 665. L’assurance a été payée à Rs 46, 552.25. Les services de deux Surveyors ont coûté  Rs 7,2millions, excluant leurs billets pour les Seychelles.

Richard Duval : Lors d’une conférence de presse, vous avez parlé de conditions inacceptables par des compagnies pour le transport. Peut-on savoir quelles sont ces conditions ?

PM : Je ne sais pas de quelle conférence de presse vous parlez… Pouvez-vous être plus précis

(Brouhaha)

R.D : Le 27 février.

PM: Je n’ai jamais parlé de conditions inacceptables de compagnies… Pouvez-vous déposer les documents y relatifs ?

R.D : Bon, anyway. Cette expédition était préparée bien à l’avance. Il était d’une grande importance que le Premier ministre soit là-bas pour installer le drapeau mauricien. Toutefois, cela n’a pas été le cas.

PM : Je l’ai déjà expliqué. Je voulais bien évidemment faire partie de cette expédition aux Chagos. Mais il y a eu des contraintes. Dans un premier temps, il était question de partir des Maldives. Nous en avons parlé au président des Maldives lors d’une conférence sur la coopération.

Malheureusement, lorsque nous avons fait notre requête pour embarquer à leur port de Gan – ce qui aurait été le moyen le moins coûteux et le plus rapide – les Maldives ont imposé des conditions peu coopératives. Ils ont demandé entre autres, que seules les personnes directement concernées par l’étude scientifique fassent partie du voyage. Ce qui exclut nos représentants légaux au tribunal.

Nous avons par la suite envisagé de partir de Rodrigues, mais les conditions météorologiques ne le permettaient pas. Il y avait deux cyclones dans les parages. Mais même là, l’expédition aurait pris 15 jours contre sept si on partait des Maldives. Finalement, nous nous sommes tournés vers les Seychelles. Nous avons parlé au président, Wavel Ramkalawan qui a tout de suite accepté et dit qu’il ferait tout pour faciliter cette expédition.

Cela nous a pris quand même 15 jours et ce n’était pas possible pour moi de quitter le pays pour autant de jours. J’espère que la prochaine fois cela prendra moins de temps et que je pourrai y participer.

Assirvaden : Vous parlez de la tentative des Maldives d’exclure les avocats, mais comment se fait-il que les journalistes de la presse indépendante mauricienne n’aient pas participé à cette expédition ?

PM: J’ai déjà répondu à cette question en dehors de la Chambre. Je suis content de pouvoir répondre ici. Le nombre de places sur le bateau était de 28 personnes. Seuls quelques journalistes pouvaient être accueillis…

(Protestations et commentaires d’Arvin Boolell)

PM : Que se passe-t-il ? Vous voulez répondre à ma place ?

Speaker : Silence, laissez le Premier ministre répondre.

PM: J’ai écouté aux questions attentivement sans répondre et j’aimerais qu’on ne m’interrompe pas non plus. Nous avons privilégié des journalistes étrangers, afin de donner une portée internationale à cette expédition. Nous voulions montrer comment le Royaume-Uni a illégalement démembré notre territoire avant de nous accorder l’indépendance. Je suis satisfait à ce sujet. Notre objectif a été atteint. Ce que nous n’aurions pas pu faire s’il n’y avait que des journalistes mauriciens. J’espère que nous pourrons les emmener une prochaine fois.

Luchmun-Roy : Est-ce que le gouvernement britannique a été notifié de cette expédition scientifique ? Certains parlementaires britanniques ont dit qu’il s’agissait d’un Political Issue…

PM : Le 1er décembre, nous avons communiqué une note verbale au Foreign Office britannique, sur une question de principe, pour l’avertir de la tenue de cette mission scientifique, dans le cadre de notre plainte contre les Maldives, pour la délimitation maritime. Le Foreign Office a donné son Consent que les autorités britanniques n’allaient pas contraindre cette expédition. Nous avons clarifié cette situation avec le Foreign Office, précisant que Maurice ne recherchait pas le Consent  de la Grande-Bretagne, car l’Archipel des Chagos fait partie intégrante de notre territoire.

Toutefois, aussitôt que le bateau est entré dans notre zone économique exclusive, il n’y avait plus d’internet, la communication était difficile… Il y avait également deux navires britanniques qui surveillaient les activités du Bleu de Nîmes. Nous avons dit à la Grande-Bretagne que la présence de ses bateaux dans les eaux territoriales était illégale car sans notre consentement.

Navarre-Marie : Le gouvernement a-t-il un Settlement Plan pour ceux qui souhaitent retourner vivre aux Chagos et quand sera-t-il mis en œuvre ?

PM : Cette visite était historique. Malheureusement, certains dans l’opposition l’ont qualifiée de visite hystérique. C’est désolant venant du MMM. Surtout lorsque le leader a dit que ce voyage n’était que du bluff. C’est une très bonne question.

Cette visite était historique car pour la première fois depuis l’indépendance, nous avons pris un bateau sans contrainte, sans directive, sans surveillance… enfin, surveillance il y a eu… pour partir sur notre territoire des  Chagos.

Ce dont je suis encore plus fier c’est que même si moi je n’y étais pas, des Chagossiens y étaient. Leurs ancêtres y sont enterrés. C’est très émotionnel pour moi. Les Chagossiens ont pu voir à quel point l’église, le cimetière, sont abandonnés. S’il y a des Chagossiens qui veulent retourner s’installer là-bas, nous élaborerons un settlement plan. Provision avait été faite pour ce voyage dans le budget, nous en ferons d’autres dans d’autres budgets. Mais nous ne pouvons nous installer sans récupérer les îles. La Grande-Bretagne est du mauvais côté de l’histoire. C’est leur choix, mais nous allons nous battre jusqu’à ce que nous reprenions possession de nos îles.

Le député Osman Mahomed a ensuite voulu chercher des précisions sur les conclusions de la mission de Blenheim Reef.

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