Les dirigeants de l’Alliance de l’Espoir, qui se retrouveront dans l’hémicycle à partir de ce mardi – jour prévu pour la rentrée parlementaire —, se feront un devoir de défendre les Mauriciens affectés par la flambée ahurissante des prix de consommation. Inquiet par l’appauvrissement de la population, le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, a déclaré lors de la conférence de presse de la plateforme samedi matin : « Je ne vois pas comment un chef de famille peut nourrir les siens en travaillant tout un mois pour un salaire de Rs 10 700 ! »
Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, appréhende la rentrée parlementaire, mardi prochain. Elle se fera, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse de l’Alliance de l’Espoir, dans un contexte très difficile, sans doute le plus difficile de son histoire, selon lui. Il a expliqué que ce contexte a pour toile de fond l’appauvrissement considérable de la population et plus spécialement de la classe moyenne, des pensionnés et des plus vulnérables. Parallèlement, a-t-il déploré, « nous sommes actuellement témoins de fraude et de corruption sans égale à Maurice. Et d’un système où un gouvernement favorise le gaspillage et tolère l’incompétence. »
Tandis que la population passe par des moments difficiles, le gouvernement « pe manze, bwar, kokin, gaspiye… »
Il reviendra aux parlementaires de l’opposition, a dit Xavier-Luc Duval, de faire ressortir l’état dans lequel se trouve le pays, ainsi que « les familles économiquement et socialement précaires. » Ce dernier, qui a réitéré la demande pour une révision à la hausse du montant de la pension des personnes âgées, handicapées, a concédé par la même occasion : « Je ne vois pas comment un chef de famille peut nourrir les siens en travaillant tout un mois pour un salaire de Rs 10700 ! » Se disant conscient du coût qu’implique le rétablissement du pouvoir d’achat des plus nécessiteux sur l’économie, le leader de l’opposition souhaite qu’il y ait des concertations y compris avec la Mauritius Investment Company, afin de dégager des solutions.
XLD : non au port du masque en extérieur
Xavier-Luc Duval compte aussi attirer l’attention sur la situation de l’eau, malgré les fréquentes averses dans le pays. Il a dit souhaiter que le gouvernement prenne note du rapport du Public Accounts Committee. Cette rentrée parlementaire, a regretté ce dernier, se fera sans le leader du MMM, Paul Bérenger, du député mauve Rajesh Baghwan et de Shakeel Mohamed, député du Parti travailliste. Le leader de l’opposition a fait ressortir son approbation pour le nouveau système de tirage au sort, en présence des députés de la majorité et de l’opposition, régissant les questions parlementaires. Pour Xavier-Luc Duval, ce système est plus « transparent et juste. »
À quelques jours de l’échéance sur les mesures sanitaires contre le Covid-19, la plateforme de l’Espoir, a déclaré Xavier-Luc Duval, demande la levée du port du masque en extérieur. « Pour les rassemblements à l’intérieur, la distanciation sociale doit être maintenue. La limite de personnes, y compris pour les événements religieux, doit passer à 200. » S’appuyant sur l’organisation des récentes élections régionales à Rodrigues alors que le Covid-19 faisait des ravages dans l’île, Xavier-Luc Duval a, au nom de l’Alliance de l’Espoir, « exigé la tenue des municipales le plus rapidement possible. »
PB : « Tout faire pour le retour des Chagossiens chez eux »
De son côté, le leader du MMM, Paul Bérenger, a laissé transparaître son scepticisme quant à la soudaine ouverture de Londres envers tous les descendants des Chagossiens pour l’obtention de la nationalité britannique. « Jusqu’à présent la Grande-Bretagne ne permettait qu’aux natifs des Chagos et à la première génération après ces deniers de faire la demande pour un passe-port britannique. Mais là, Londres a amendé la loi pour que tous les descendants des Chagossiens de plus de 18 ans fassent la demande pour la nationalité, si c’est leur choix. La plateforme rappelle à tous les Chagossiens indistinctement qu’ils sont des citoyens de Maurice à part entière. Nous réitérons notre engagement de tout faire pour le retour des Chagossiens chez eux aussitôt que ce sera possible, avec l’aide de l’État mauricien », a promis Paul Bérenger, au nom de la plateforme de l’Espoir. Il a également attiré l’attention sur les contestations en Cour internationale par différentes parties pour la récupération du nom de domaine « .io » utilisé par une compagnie dont l’adresse d’opération est basée à Diego Garcia. C’est une organisation internationale Internet Assignment Numbers Authority qui a attribué le nom de domaine à cette compagnie en 1997.
Le Chagos Refugees Group Uk et le Crypto Currency Trust, basé aux Bahamas, ont fait des représentations en ce sens devant l’OCDE en Irlande. L’État mauricien s’est aussi saisi des instances internationales. « Pe servi sa domain name-la pou fer tou kalite trafik, pari ilegal, trafik imin, Ponzy Scheme », a souligné Paul Bérenger. Il estime qu’il sera très difficile pour Maurice de remporter cette bataille, ce dossier étant extrêmement compliqué, selon lui. « Bizin fer tou e tou dimounn bizin met latet ansam », a-t-il souhaité. De son côté, l’Alliance de l’Espoir consulte des experts en cette matière et attend le retour d’Olivier Bancoult du groupe Réfugies Chagos (Maurice) au pays pour une consultation avec celui-ci.
Paul Bérenger, qui est revenu sur le rationnement de l’huile comestible, a fustigé le gouvernement pour les conséquences — panic buying — de sa décision la semaine dernière. « Enn gouvernman ki begn dan koripsion » et qui a fait preuve d’incompétence, a-t-il dit. Le rationnement de l’huile a été fait sans règlement, avec pour résultat la prise d’assaut des rayons des supermarchés, avant que le gouvernement ne revienne sur sa décision. Pour Paul Bérenger, « sa minis konserne-la », en référence au ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Soodesh Callichurn, « inn rezwenn minis Lasante e lezot pli inkonpetan. » Dans le registre de l’incompétence, il a pointé du doigt la mauvaise utilisation du radar Droppler de Trou-aux-Cerfs durant les averses et flash-floods, et déploré la présence pendant plus d’une dizaine d’années de bateaux de pêche abandonnés dans les eaux du Caudan.
NB : « Dialsa dan Dubai Expo »
« Qui font partie de la délégation mauricienne présente à la Dubai Expo 2020 (2021-2022) ? » C’est la question que le leader du Rassemblement Mauricien, Nando Bhoda, a adressée en direction du gouvernement. Alors que cette exposition d’envergure est une occasion pour Maurice de se faire valoir et de rebondir sur le marché international, des « jouisseurs », a affirmé Nando Bodha, se sont accaparé de l’événement pour « fer dialsa dan Dubai. »
« Apre de-z-an Covid, li paret ki boukou dimounn pa ti pe kapav res Moris, inn lokazion pou ki tou exe permet. Nou bizin transparans. Komie inn depanse ? Ki ti-kopin, ti-kopinn, ki fami finn ale ? Li pa posib alor ki pouvwar dasa finn bese, Morisien pe viv dan enn klima lour, dan sa kontex-la pe fer dialsa dan Dubai ! » a lancé Nano Bodha.
L’ancien ministre du Tourisme a fait remarquer que le pavillon mauricien est digne d’un stand pour des enfants du préscolaire. « Zot ankor pe montre zanana ek dodo. » Et comparé au pavillon hi-tech de Dubaï, celui de Maurice équivaut à un bond de 50 ans en arrière. « L’image de Maurice a besoin d’un revamping », a-t-il rappelé, et Dubaï a été une occasion ratée pour les tour opérateurs sur place de faire la promotion du pays.
Nando Bodha a aussi lancé un appel en direction du ministre de l’Agriculture, Maneesh Gobin, pour être à l’écoute des planteurs alors que le pays est en train de traverser l’inflation alimentaire. « Il faut qu’il regarde de près les problèmes auxquels les planteurs sont confrontés. Ont-ils des problèmes de terres, de semences, d’intrants ou de subsides… Le monde va vers une crise alimentaire et l’autosuffisance est une urgence. Il faut un action plan et un budget pour aller vers l’objectif de l’autosuffisance », a plaidé Nando Bodha.
RB : « Ou pe ogmant det pou fer proze »
La flambée des prix des produits alimentaires était prévisible, selon Roshi Badhain, leader du Reform Party. De retour aux côtés des autres dirigeants de la plateforme après s’être absenté du pays, il a également commenté l’augmentation ahurissante des prix des denrées de base. Ce dernier a expliqué que, déjà en février dernier, les étagères des supermarchés affichaient mauvaise mine. Pour cause, selon lui, les importateurs éprouvaient déjà des difficultés à acheter des produits sur le marché mondial après la dépréciation de la roupie et le prix élevé du fret.
« Nous sommes arrivés à une situation où la Banque centrale ne peut plus défendre la roupie à cause des décisions prises ces deux dernières années. Quand les consommateurs ne peuvent plus acheter les produits au prix élevé, les importateurs stoppent les importations. Comme à Hong-Kong, les étagères vont se vider complètement ! Pa kapav met tou lor ledo lager an Ikrenn. En février, la guerre n’avait pas encore éclaté. »
Roshi Bhadain a attiré l’attention sur le Systematic Country Diagnostic Report de la Banque mondiale sur Maurice. Précisément sur la dette publique. Celle-ci est actuellement à 101% du Produit intérieur brut (PIB), mais selon le rapport remontera à 106% en juin 2022 et pourrait atteindre 120% en 2035.
« Cette situation est devenue unsustainable parce que le gouvernement ne connaît pas ses priorités ! » a martelé Roshi Badhain. Et de prévenir qu’après l’épisode de l’huile de consommation, le scénario se répétera avec la farine, le lait et le riz.
« Ou pe ogmant det pou fer proze depi Ébène ziska Réduit. Ou pe al fer World Trade Center dan Côte d’Or. La priorité est ailleurs, soulager les consommateurs », a fait ressortir le leader du Reform Party.