La caraye politique

Le MSM s’est trouvé une occupation : chaque semaine, il annonce une nouvelle défection du MMM à son profit. Le scénario est immuable : en début de semaine, on fait courir l’annonce d’une défection du MMM. Jeudi, le démissionnaire — que les ex-amis qualifient de transfuge, de traître ou de vendeur, au choix — tient une conférence pour annoncer les raisons de sa démission des mauves et son adhésion chez les orange. Cet exercice est devenu un item régulier du JT de la MBC qui, comme on le sait, ne fait jamais dans le sensationnalisme et la désinformation. Le problème c’est quand on creuse un peu le passé de ceux qui quittent le MMM, on découvre qu’ils n’ont jamais joué un rôle important au sein du parti. Tout au plus ont-ils été candidats — battus — ou membres d’une obscure branche. La majeure partie de ces démissionnaires sont d’illustres inconnus. Ce qui les caractérise, c’est qu’ils ont un panier rempli de dénonciations contre leur ex-parti et ses dirigeants et un chapelet de louanges pour leur nouveau parti et, surtout, son son leader. Le problème, c’est que ces nouveaux MSM risquent d’être autant déçus de leur nouveau parti qu’ils l’étaient du MMM. Le parti du Soleil a plein d’adhérents, qui sont là depuis des années, ont collé des affiches, fait du porte-à-porte et attendent, en piaffant, une récompense qu’ils estiment avoir méritée. Et ils n’ont aucune intention de céder la place —LEUR place — aux nouveaux venus. D’autant que, c’est connu : qui a trahi son ancien parti peut, tout aussi bien, trahir le nouveau. Alors, quand les déçus du MMM seront déçus par le MSM, où vont-ils pouvoir aller ?
Peut-être chez Linion Sitoyen, le nouveau parti qui vient de se faire son apparition dans la caraye politique mauricienne. De par les thèmes abordés lors de son lancement, Linion Sitoyen se range dans l’opposition, ce qui semble être confirmé par la composition de son frontbench, autour de Bruneau Laurette et de Rama Valayden. La première conférence de presse du nouveau parti a surpris. Alors qu’on attendait l’annonce d’un programme et d’une stratégie, il a été consacré à l’annonce d’un procès en diffamation que Bruneau Laurette va intenter à l’activiste Ivan Bibi. Il lui réclame Rs 25 millions pour avoir été « trop loin » dans ses commentaires sur le nouveau parti. À première vue, Linion Sitoyen va faire de la concurrence à l’Entente de l’Espoir, puisqu’il pêche dans le même réservoir électoral : ceux des mécontents du gouvernement. Cette entente est diminuée depuis que le PTr s’en est retiré. Du coup, la conférence hebdomadaire, où chaque leader/représentant venait lire son petit papier face à la presse, a été écourtée. Désormais, et malgré le fait que les koz-koze entre Ramgoolam-Bérenger ont recommencé, le PTr fait conférence de presse à part, avec Arvin Boolell comme animateur principal. Du coup, le Mauricien a, en fin de semaine, plusieurs conférences de presse des divers partis de l’opposition. Comme ils n’ont pas toute la même vision et la même interprétation des faits, comme ses représentants aiment bien s’écouter parler, le pauvre Mauricien parvient de plus en plus difficilement à suivre et à comprendre le discours de l’opposition. Il faut ajouter à tout cela le fait qu’il arrive au PMSD de faire des conférences de presse en solo et que Paul Bérenger continue de répéter que les élections sont derrière la porte et que le MMM est plus fort que jamais. Pour sa part, Navin Ramgoolam affirme, toujours par Zoom, que sans le PTr comme locomotive et lui comme Premier ministre désigné, l’opposition ne peut remporter les prochaines élections.
Savez-vous qui est le grand gagnant de ce concert dissonant de l’opposition qui expose ses contradictions, ses antagonismes et sa désorganisation à chaque conférence de presse ? Mais le MSM, vous autres. Il n’a même pas besoin de faire campagne et peut mettre fin à son opération de débauchage qui n’intéresse que ceux qui acceptent de se laisser débaucher. Plus que jamais, les oppositions font campagne pour le MSM. À ce train-là, et malgré les scandales qui l’éclaboussent lui, son gouvernement et ses nominés, on se demande qui va pouvoir empêcher Pravind Jugnauth de se faire réélire aux prochaines élections …

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