Les vols de ferrailles et autres objets métalliques explosent partout dans l’île depuis que l’interdiction sur leur exportation a été levée, comme préconisé dans le budget 2019-20. Matériaux de construction, sépultures, plaques d’égout et câbles en cuivre sont les cibles des voleurs.
À cette longue liste s’ajoute désormais le pillage des plaques commémoratives, dont certaines datent de l’époque coloniale. En témoigne le vol perpétré dans la cour de la mairie de Curepipe, en février, des deux plaques commémoratives, faites de métal, dédiées au bicentenaire du passage de l’astronome français l’abbé Nicolas-Louis de la Caille à Maurice en 1753. Ce dernier était connu pour avoir dressé la première bonne carte du ciel austral.
Les voleurs, alléchés par l’envolée des cours des métaux, s’attaquent désormais aux monuments dédiés aux personnalités qui ont laissé des traces indélébiles dans l’histoire depuis le début de l’époque contemporaine. L’on se souvient de l’émoi qu’avait suscité, en juin 2020, le vol de la plaque commémorative en cuivre, fixée sur la statue de sir Satcam Boolell, qui se trouve à la Place d’Armes à Port-Louis.
Ce phénomène émerge à Curepipe depuis quelque temps. Inaugurées le 18 avril 1953 par Sir William Stevenson, gouverneur de Maurice, les plaques commémoratives dédiées à la mémoire de l’abbé de la Caille n’avaient jamais fait l’objet d’actes de vandalisme. Scellées sur un socle, elles ont défié le temps avant d’être subtilisées, hélas, par des pilleurs sans scrupule, le mois dernier.
C’est un mélange de colère et de tristesse qui anime le maire Hans Marguerite, qui promet, avec la collaboration de la police, de prendre des mesures fortes pour éradiquer ce phénomène.
« Il faut être bien bas pour faire ce genre de chose. Les mots me manquent pour qualifier cet acte qui efface un épisode marquant de l’histoire de notre ville. Si quelqu’un sait ce que sont devenues les plaques, s’il vous plaît, faites ce qui est juste et rapportez-les.
Curepipe n’est malheureusement pas épargnée par les voleurs de métaux et de ferrailles en tout genre. » Hans Marguerite en veut pour preuve la recrudescence des vols de métal et de cuivre au cimetière Bigarra : « Les objets en métal des sépultures sont devenus des objets de convoitise au cimetière Bigara. J’ai été stupéfait de voir ce triste spectacle lors d’une récente visite. »
Le maire souligne que « des réunions spéciales seront consacrées aux mesures à prendre pour éradiquer ce fléau, dont l’option de couvrir tous les monuments historiques. On peut considérer qu’installer des caméras de surveillance est une option, mais j’attends la rencontre qu’on aura avec les forces de l’ordre. »