La Mauritius Oil Refineries Ltd (MOROIL) a, dans un communiqué émis hier, « fait appel au patriotisme mauricien pour acheter de manière raisonnable afin d’éviter un Panic Buying qui privait d’autres familles de la possibilité de s’approvisionner normalement », Cela n’a pas suffi pour calmer la frénésie. Ainsi, ils étaient nombreux à faire la queue chez MOROIL à Mer-Rouge, hier, pour se procurer de l’huile en gallon de cinq litres.
Raison évoquée : les étagères d’un certain nombre de supermarchés consacrés à la vente de l’huile de table sont déjà vides et on ne trouve que de l’huile d’olive entre autres, qui ne sont guère à la portée des consommateurs. Ceux ayant fait le déplacement étaient munis de gallons vides pour s’en procurer ce comme s’il ne devait plus avoir de cette commodité.
En vue de freiner la démarche qui a pris une certaine ampleur, MOROIL a placardé à l’entrée un autre communiqué qui se lisait comme suit : « Afin de pouvoir servir un maximum de familles, chaque client n’a droit qu’à un gallon de cinq litres d’huile. Nous nous excusons pour les inconvénients et nous vous remercions de votre compréhension ».
Interrogé quant à la raison pour laquelle il a fait le déplacement à Mer-Rouge, hier, un habitant de Terre-Rouge déclare : « parski pena delwil. Mo ti rod 2 galon zot pa le done. Mo finn gagn zis enn galon. Taler ava avoy mo garson pou aste enn lot galon ».
Il devait affirmer avoir attendu dans la queue pendant longtemps pour se procurer de l’huile comestible. Et ce, avant d’ajouter : « je ne sais pas pourquoi on n’est pas en train d’accorder de l’importance aux personnes âgées dans ce pays. Après le retard dans le paiement de la pension universelle, voilà maintenant que les personnes âgées doivent faire la queue pour acheter de l’huile. »
D’autres clients ont expliqué au Mauricien qu’ils ont pour habitude d’acheter de l’huile à MOROIL en gallon car le prix est plus abordable vu que les consommateurs apportent leurs logements. « J’ai acheté mon gallon d’huile à Rs 240. Je vois à l’arrière un consommateur qui est venu avec un gros gallon pour acheter de l’huile en grande quantité. Je ne crois pas qu’on va lui fournir plus de cinq litres à moins qu’il dispose d’une pièce justificative indiquant que c’est pour un mariage ! » explique-t-on.
Un autre consommateur indique que si on fait le déplacement ici sans un gallon vide, on ne va pas vous servir. « Oui, j’ai acheté un gallon vide pour acheter de l’huile. J’ai le sentiment qu’il y aura une pénurie sur le marché parce que l’huile est désormais rationnée. »
Face à cette crainte, MOROIL tient à informer qu’il dispose d’un stock nécessaire pour approvisionner le pays pour les prochains mois. « Des dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’approvisionnement » souligne MOROIL, qui ajoute : « la compagnie surveille de près l’évolution de la disponibilité de l’huile végétale sur le plan international. »
« Nos équipes travaillent sans relâche pour assurer la production de la livraison d’huile de manière régulière. Cependant, c’est la Panic Buying de ces dernières semaines qui complique la situation », explique la compagnie qui produit les marques Moroil Rani, Moroil Tournesol et Moroil Soja.
La direction de MOROIL réitère son appel au « patriotisme mauricien pour acheter de manière raisonnable afin d’éviter ce Panic Buying qui prive d’autres familles de la possibilité de s’approvisionner normalement ».
Le Commerce fait machine arrière pour le rationnement de l’huile
C’est ce que prévoit le ministre Callichurn au sujet de la limitation à deux litres par client dans le commerce au détail; « Ce sont les forces du marché, qui dictent les prix actuellement»
La limitation de deux litres maximum d’huile par personne devrait bientôt être retirée. C’est en tout cas ce qu’a affirmé hier au Mauricien le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, après avoir rencontré les principaux fournisseurs d’huile de table du marché local pour passer en revue la situation sur le marché et les stocks disponibles dans le circuit.
Les fournisseurs ont en effet assuré que le stock d’huile à Maurice était suffisant pour assurer la consommation jusqu’à mai prochain. « Dès que nous aurons confirmation des prochaines cargaisons d’huile, nous reverrons la limitation d’achat », indique le ministre.
Le ministre rappelle que le gouvernement avait décidé de limiter l’achat d’huile de table par mesure de précaution, car certains pays fournissant les importateurs mauriciens avaient décidé de ne plus exporter pendant trois mois. L’Égypte tombe dans cette catégorie.
Cependant, ajoute-t-il, les importateurs ayant donné l’assurance que l’huile comestible serait distribuée sur une base régulière, la limitation actuelle, à deux litres d’huile par personne, pourrait donc être enlevée. « Pour l’heure, nous ne sommes pas en rupture de stock et les importateurs ont trouvé d’autres pays pouvant pourvoir le pays en huile de table »,ajoute le ministre.
Il dit toutefois regretter que « certains ont mal interprété » la décision de limiter l’achat à deux litres par personne. « Certains ont même acheté des caddies de bouteilles d’huile comestible, croyant qu’il y aurait une pénurie sur le marché », a déclaré le ministre.
Interrogé sur une éventuelle hausse du prix de l’huile de table, ce dernier dira juste que cette question est en dehors de son contrôle en faisant ressortir que: « ce sont les forces du marché qui dictent le prix en ce moment. »
Pour conclure, il prévoit d’autres rencontres avec les importateurs d’autres commodités « afin de faire un état des lieux » de la situation.