Rex, un chien âgé d’environ 5 ans, a été empoisonné par sa maîtresse, lundi dernier, après qu’il ait été victime d’attaques et de graves morsures par ses congénères lors d’un « mariage de chiens ». Cette dernière ne voulant pas le soigner – les morsures ayant entraîné de graves infections avec les asticots envahissant les plaies – lui a administré des pesticides à l’aide d’une seringue.
C’est après avoir eu vent de cet acte de cruauté horrible qu’une habitante de Plein Bois, petit village de l’Escalier, a alerté l’Ong Indie’s World. « Le chien, maintenu en laisse en attendant la mort, était mal en point. Il luttait pour vivre. De plus, sa maîtresse le privait d’eau et de nourriture afin qu’il meure le plus vite possible. Celle-ci, une femme âgée d’une soixantaine d’années, habitant Royal Road, Plein Bois, avait emmené son chien chez le vétérinaire afin de le faire euthanasier car l’animal portait de graves lésions au cou suite aux morsures. Mais comme cela coûtait trop cher, elle a décidé de l’empoisonner », se justifie-t-elle.
Contacté au téléphone, Le Dr Mohan Persad, vétérinaire de la clinique Woof and Whiskers de Beau Vallon, nous affirme qu’il a reçu au téléphone une demande de Kétamine, un produit létal, de la part d’une dame de Plein Bois. « Nous avons effectivement reçu l’appel d’une dame qui voulait de la kétamine pour euthanasier son chien. Or, chez nous, l’euthanasie se pratique selon le protocole et l’animal est traité avec le plus grand respect. Avant d’administrer la kétamine, le chien doit d’abord être placé sous anesthésie générale. Nous lui avons, bien sûr, fait comprendre que l’enthanasie se pratiquait seulement par un vétérinaire expérimenté et avons à la place proposé un service de transport pour cette dame, afin de récupérer son chien, mais nous n’avons pas eu de retour », affirme-t-il.
Étant témoin quotidiennement de crimes atroces et d’actes de cruauté de toutes sortes infligés aux animaux à Maurice, Cindy Gavin, de l’association Indie’s World, regrette que les auteurs de ces sévices graves, pourtant répréhensibles par la loi, de plus en plus signalés et rapportés à la police, ne soient pas sanctionnés. D’autant plus si l’un des proches de l’auteur est membre de la force policière. « Nous allons porter plainte, même si sa fille est agent de police. En espérant qu’une sanction sera prononcée contre elle », dit la jeune femme. En attendant, le chien recueilli par l’association a reçu des soins vétérinaires ainsi que du charbon actif. Il n’est pas encore sorti d’affaire mais à vendredi, il se portait mieux. L’Ong l’a prénommé Moon, comme pour lui faire oublier son douloureux passé et calvaire.
Bienfaits absorbants du charbon actif
Pour la vétérinaire Naika Dewulf, le charbon actif ou charbon végétal, connu pour ses qualités absorbantes, est un excellent produit à avoir sous la main, avant de trouver le vétérinaire le plus proche.
Pour provoquer le vomissement chez l’animal, en attendant de le conduire chez le vétérinaire, certains conseillent toutes sortes d’antidotes, allant du lait aux œufs. Malheureusement, certaines substances considérées à tort comme des antipoisons peuvent être fatales, comme le peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), si administré à forte dose. Ou encore du lait qui peut être néfaste. « En grandissant, les chiens ne développent plus l’enzyme permettant de bien assimiler le lactose, ce qui rend la digestion très difficile. Le lait de vache n’est pas adapté pour eux. Cela provoque même la diarrhée. Je ne recommande pas, non plus, l’ingestion de l’eau salée, car elle peut entraîner une intoxication par le sel », dit Naika Dewulf.
« L’empoisonnement nécessite une prise en charge rapide. Il faut emmener l’animal le plus rapidement possible chez le vétérinaire afin de le faire vomir. À noter que passé le délai de quatre heures après l’ingestion du produit, il sera trop tard pour le faire vomir. Par ailleurs, en attendant d’emmener votre animal de compagnie chez un vétérinaire, il est indispensable d’avoir le bon réflexe pour le sauver. L’un des traitements efficaces à avoir sous la main est pour moi le charbon actif ou charbon végétal. Il permet d’endiguer la progression du poison dans l’estomac et d’absorber un maximum de toxines, avant qu’elles ne se répandent dans l’organisme. Mais tout comme l’induction du vomissement, il faut le lui administrer dans moins de quatre heures suivant l’ingestion du poison. Passé ce délai, le charbon végétal ne sert à rien », poursuit la vétérinaire Naika Dewulf.
Laquelle insiste sur le fait d’agir rapidement, malgré l’absence de symptômes inquiétants chez l’animal. « L’animal peut paraître en pleine forme et ne pas présenter des symptômes inquiétants après avoir ingurgité du poison, tels les raticides. Les premiers symptômes peuvent même n’apparaître qu’après trois jours », explique-t-elle. D’autres symptômes peuvent attirer l’attention, et là, chaque minute compte. « Parfois, on observe des atteintes nerveuses: les signes de convulsions peuvent se manifester en quelques heures et la mort en moins de 24 heures. Tremblements, difficultés respiratoires, crises d’épilepsie, troubles gastro-intestinaux, comme une diarrhée violente, sont les signes d’un empoisonnement finissant souvent par un arrêt cardiaque », dit-elle. En plus des petits gestes et réflexes à adopter, la visite chez un praticien est indispensable. Il sera le seul à mieux traiter l’animal afin de maintenir les fonctions vitales de l’organisme et d’administrer les traitements appropriés comme des anticonvulsivants.
Ce que dit la loi
Il est interdit d’exercer de mauvais traitements sur les animaux. Plusieurs sanctions pénales sont prévues en cas de mauvais traitements, de sévices graves et d’atteintes à la vie de l’animal. Selon l’Animal Welfare Act, « Any person who tortures or otherwise treats an animal in such a manner as to subject it to distress, pain or suffering, or causes or permits an animal to be so treated; Any person not being a veterinary surgeon, mutilates or kills an animal in any manner, or performs ear cropping, tail docking, defanging, declawing, branding, piercing, dehorning, nose roping, or castration on an animal; shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to a fine not exceeding 15,000 rupees and to imprisonment for a term not exceeding 6 months. »